« Madame, je crois que vous n’avez pas conscience que votre fille est handicapée… ».
Cet avis péremptoire, sans appel et non dénué de jugement vient de m’être asséné par la Directrice de la très catholique école primaire de ma fille.
Moi d’habitude si maître de mes émotions et peu encline à m’en laisser compter par qui que ce soit, j’ai l’impression d’être revenu 30 ou 35 ans en arrière et d’être une toute petite fille qui vient d’être grondée par son institutrice parce qu’elle n’a pas bien fait ses devoirs.
Parlons-en de l’institutrice, elle est assise en retrait, regardant avec commisération la chose bredouillante et désemparée en laquelle je me suis métamorphosée. C’est pourtant bien elle, qui lors d’une sortie scolaire à laquelle j’avais participée (malgré un emploi du temps surchargé), m’avait assuré que « ma fille était adorable et qu’il était dommage que tous ses élèves ne soient pas comme elle ».
La directrice m’assène le coup de grâce : « Par ailleurs, vous devez comprendre que vous travaillez trop et que ce genre d’enfants demande malheureusement plus d’attention et de présence que les autres. Puisque vous ne pouvez apparemment pas être plus présente, nous ne pouvons continuer à scolariser votre fille chez nous. Cela pourrait s’avérer préjudiciable pour elle et pour les autres élèves. Un établissement spécialisé s’impose. D’ailleurs, nous en avons déjà contacté un. »
Vous est-il déjà arrivé de vivre un événement, en ayant une réelle impression d’irréalisme ? A ce moment précis, c’est ce que je ressens : c’est X-Files !
Nous sommes à la veille des vacances de Pâques et on me convoque manu-militari, malgré l’absence, pour raison professionnelle, de mon époux, pour m’annoncer que ma fille est virée de son école sous prétexte qu’elle peut être dangereuse pour les autres (!!!), ce après quatre ans de scolarité sans aucun incident.
Je ne vois pas en quoi ma fille peut être préjudiciable aux autres élèves mais on m’apprend que son comportement pourrait devenir dans les années à venir, inadéquat.
Elevée selon des préceptes rigoureux, parmi lesquels, les vertus du christianisme sont la tolérance, l’amour et l’assistance de son prochain, je tombe (c’est le cas de le dire !) des nues. Cette bien pensante école catholique, dont l’humanité doit être la qualité première, me laisse choir et me propose d’envoyer ma fille de 8 ans dans un établissement scolaire se situant à une heure et demi de transport de chez moi.
« Mais vous n’avez qu’à déménager, Madame. Ou payer quelqu’un pour accompagner votre fille et la rechercher tous les jours, puisque vous devez travailler. »
Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant tant de bêtise.
Un constat s’impose :
Vous êtes la « mauvaise mère » d’une « enfant handicapée ».
Pour la petite histoire, rien n’a pu faire fléchir la décision de cet établissement : ni les appels de psychologues et psychiatres reconnus mondialement, demandant de temporiser et de faire un essai pour l’année suivante, ni les pleurs d’une enfant de 8 ans qui ne comprend pas pourquoi on veut la séparer de ses amis et camarades, qui ne comprend pas non plus quel est son crime puisqu’elle travaille bien et qu’elle est toujours la plus sage.
Complètement déboussolée, minée par les pleurs de ma fille, je me lance dans la recherche d’un établissement adapté et surtout de conseils pour assurer l’avenir de ma fille malgré son handicap.
Là, je vis le chemin de croix de tout parent d’enfant différent. Peu ou pas de structures sont présentes en France et toutes celles existantes sont loin de notre domicile.
Les associations de parents sont elles aussi obligées de faire le même constat, alors elles bidouillent, essaient de faire bouger les choses, le Gouvernement, mais tout est lourd en France. On manque de crédit et puis la société française est très ambivalente par rapport à ces enfants.
J’ai alors fait quelque chose d’impensable aux yeux de tous. J’ai appelé l’école publique à laquelle mon domicile est rattaché (ma fille avait été inscrite dans une école catholique par tradition familiale, plus que par conviction religieuse). Et là, j’ai été très gentiment reçue et écoutée. Ils ont accepté de prendre ma fille, en m’expliquant que c’était un essai et que si cela se passait mal, une solution serait trouvée en concertation avec les enseignants, nous-mêmes et bien sûr notre fille, mais avec le bien de l’enfant pour premier objectif.
Contrairement à beaucoup d’idées reçues, c’est au sein de l’école publique que je trouvais une solution.
Ce billet est donc un hommage vibrant au proviseur et à son adjointe ainsi qu’à tous les enseignants qui ont pris sur eux d’accepter ma fille, de l’encadrer et de l’aider à s’épanouir, sans se sentir différente, en prenant sur leur temps personnel pour certains.
Elle s’est parfaitement adaptée, est devenu la coqueluche de tout le collège et le lycée, presque la mascotte. C’est la « petite ». Parfois ça l’énerve, mais elle consciente de sa chance par rapport à d’autres enfants qui sont dans son cas et elle vient d’entamer sa deuxième année dans cet établissement, sous les meilleurs auspices.
De quel handicap ma fille est-elle atteinte ? Ah oui ! J’ai oublié de vous le dire : elle est diagnostiquée comme enfant « extrêmement précoce ». Elle a trois ans d’avance et c’est ce qui la rendait potentiellement dangereuse pour la direction de son ancienne école, qui ne pouvait l’admettre au sein de son collège.
Je souhaitais aussi vous faire part de mon expérience, car ces enfants sont rarement repérés et vivent un enfer toute leur vie.
Paradoxalement, s’ils sont repérés, certains veulent en faire des « singes savants ».
Je sais que tôt ou tard, il faudra que ma fille intègre un établissement regroupant plusieurs de ces enfants, afin qu’elle puisse continuer à s’épanouir et qu’elle se sente normale. Mais en attendant c’est une petite fille bien dans sa peau, accompagnée d’une ribambelle de copains et copines qui l’entourent, la protègent et se sentent responsables d’elle. Bien entendu, elle en joue un peu et profite de ce statut privilégié, mais elle leur donne beaucoup et est toujours prête à aider ceux qui n’ont pas compris quelque chose.
Alors encore merci à tous ces enseignants qui croient en leur métier et en la mission de l’école publique et républicaine : « instruire et éduquer sans distinction tous les citoyens ».
Signé : Hécube »
127 commentaires
Bonjour Hécube.
Privée ou publique, dans chaque école il y a des bons et des mauvais enseignants, des gens qui croient en leur métier et ceux qui s’en fichent. J’ai testé les deux pour mes enfants, j’ai pas vu de différence flagrante… Hormis peut-être (au collège) une plus forte densité de “têtes à claques” dans le privé, que ce soit parmi les élèves ou même plus encore parmi leurs parents !!!
Le principal c’est que ta fille aille bien, se sente bien et suive sa scolarité à son rythme à elle ! Bises à toutes les deux !
C’est un très joli témoignage, merci Hécube.
Ma soeur et mon mari sont instituteurs, et je suis frappée de voir, à travers leur exemple, les progrès qui ont été faits dans l’accueil des enfants handicapés. De plus en plus de classes comprennent un enfant différent, avec souvent une assistance pour faciliter son intégration… ce n’est pas parfait, pas toujours facile, mais je trouve cela formidable… et excellent pour tout le monde!
J’ai moi-même accueilli une élève en fauteuil roulant dans un de mes cours, et j’ai été frappée de la facilité avec laquelle tout le monde (classe d’adultes) l’a intégrée tout de suite… et nous sommes tous maintenant beaucoup plus à l’aise avec le handicap, moins gênés face à elle etc… donc tout bénef pour tout le monde!
Bonjour à toutes!
La Sosso do Domingo, je suis d’accord avec toi, il y a des gens biens partout.
Je souhaitais surtout apporter un témoignage pour démontrer que ces enfants peuvent être parfaitement intégrés dans des classes “normales”. Je suis certaine que plusieurs lectrices sont concernées et il est difficile d’imaginer quel chemin de croix est l’accompagnement de ces enfants très précoces, surtout quand les enseignants n’y mettent pas de la bonne volonté. Ce qui reste une “chance” peut devenir réellement un handicap.
Yanjiao : intégrer des enfants différents est en effet une chance pour tout le monde. Espérons que cela se développe en france!
@ La Sosso do Domingo, P.S. : je confirme ton diagnostic des “têtes à claques”. D’ailleurs, je crois que l’école nous a un peu aussi viré en tant que parents car nous ne rentrions pas dans le moule. Disons que nous sommes un peu trop rock n’roll !
Qu’est-ce que ça fait du bien en tant qu’enseignante du public d’entendre ce genre de témoignage! Pour une fois qu l’on met un petit peu en avant le public par rapport au privé! Merci Hécube de nous avoir montré que les choses ne sont pas aussi simples et tranchées que la plupart des gens auraient tendance à le croire!
Très beau témoignage!
Ma petite soeur avait de l’avance a l’école et s’est fait “lyncher” par l’institutrice de l’école de notre village car en plus elle avait de meilleures notes que sa fille…Enfin bref,après des propos plutôt “petits”(ça fait presque vingt ans maintenant),mes parents l’ont inscrite dans une école privée et catholique de la ville d’à côté,pas trop loin heureusement.
Elle a vécu le reste de sa colarité en avance comme un poisson dans l ‘eau mais n’a jamais pu récupérer ses cahiers de la première école primaire…Et quand l’école a fermé,ils ont tout brûlé ou bazardé…Bref,publique ou privé je crois surtout que l’ignorance et la bêtise (pour ne pas dire la connerie) se trouve en l’être humain et non pas dans le système même si en France comme tu le dis si bien tout est lourd,long,fastidieux et j’en passe…
Très beau témoignage Hécube
En revanche, je ne suis pas forcément d’accord sur un point : si ta fille se sent bien dans le cursus “normal”, pourquoi décider un jour de lui faire intégrer un institut spécialisé ? Il se peut qu’elle trouve sa place dans un collège, un lycée public, et s’y sente tout à fait bien, après tout. J’avais ainsi une amie qui n’a jamais quitté l’enseignement public, a passé son bac à 14 ans à peine, sans que ça ne soit jamais un problème ni pour elle, ni pour d’autres, et elle en a été très heureuse !
C’est vrai qu’il faut se préparer à toute éventualité, mais attends plutôt de voir, si ça lui plaît, comment elle se sent, et le mieux sera d’en parler avec elle, le jour où elle ne se sentira pas à sa place, où elle rencontrera des difficultés, ou bien émettra le souhait d’aller dans un établissement plus adapté à son rythme d’apprentissage. Mais il n’est pas impossible qu’elle préfère passer son bac dans le même lycée que tout le monde, après tout !
@ AD : je suis ravie de te mettre du baume au coeur. En effet, rien n’est tranché, surtout lorsque l’on parle de différences.
@Olivia chanteuse : en effet, c’est la bêtise et la jalousie de certains que j’ai voulu mettre en avant. Le fait que cela se soit passé dans une école catholique me paraît encore plus détestable dans le sens où l’ouverture vers les autres et l’humanité dans les relations se doivent d’y être d’autant plus à l’honneur. ce témoignane n’est pas un procés de l’école catholique. J’y ai moi-même passé une scolarité heureuse.
Je veux surtout montrer que des solutions simples existent si les enseignants veulent bien faire un effort d’ouverture d’esprit et considèrent ces enfants comme un petit plus pour leur classe et leur établissement.
@ Julie : il est clair que c’est ma fille qui décidera. Et je ne te cache pas que cela m’arrangerait d’un point de vue strictement pratique si elle reste dans son établissement actuel. Par ailleurs, merci de m’apporter le témoignage de ton amie. Il est souvent difficile de parler de la précocité de son enfant, car beaucoup voit cela comme de la vantardise. Donc j’ai peu de conseils.
Moi j’ai trouvé, enfin presque, dans le privé ce qui me manquait dans le public. Je ne suis pas “extremement” précoce, enfin je sais pas a partir de combien on l’est ;), mais j’ai vécu une scolarité horrible ( et je le vis encore) a cause de cette chance (?) qui pour moi n’a été que source de problemes, d’angoisses.
C’est bizarre de te voir dire que c’est un handicap, car c’est toujours comme ça que je l’ai vécu, même si tous mes proches m’ont dit “mais regarde la chance que tu as, tu peux tout faire”, oui, je peux tout faire, mais j’ai du changer de collège pour être dans une classe ou les élèves me comprendraient, car ils étaient “comme moi” mais au final, au bout de qq années, ça c’est retourné contre moi, qui n’avait pas été éduquée dans l’optique d’être la meilleure, et ces élèves ” comme moi ” m’ont mené la vie dure je ne pouvais plus aller au lycée a cause de crises de paniques.
Et maintenant, ça fait 3 fois que je me réoriente, car je peux “tout faire” et qu’hélas je n’arrive pas a me détacher de l’idée qu’il faut profiter de ma “chance”, et faire des grandes études, avoir un métier prestigieux. J’ai enfin ouvert les yeux, et j’ai arrêté mes études entamées pour réfléchir a quelque chose qui me plait vraiment. Et la encore, mon entourage ne comprend pas, pourquoi arrêter mes études qui m’auraient mené a un métier qui rapporte, qui est sur, ou il y a des débouchés ?
Moi je veux juste être heureuse, avoir une vie normale, et encore maintenant alors que ça fait 8 ans que je le sais, je donnerais tout pour n’avoir jamais passé ces tests.
Hécube, c’est vraiment révoltant cette histoire!!
Même si ça n’a rien à voir, je me souviens de mon instit de CP en train d’engueuler (c’est pas joli mais c’est le mot) ma mère dans le couloir de l’école parce que celle-ci, instit elle-même, m’avait déjà appris à lire 2 ans plus tôt. Je n’étais plus dans le moule des autres élèves et ça lui semblait ingérable, et une ingérance dans ses affaires.
C’est dingue comme la moindre différence peut être difficile à faire accepter même quand elle peut être jugée au départ comme “positive”, et que de toute façon toute différence est une source d’enrichissement!!
Heureusement que tu as pu trouver des gens ouverts et une solution.
@ Molly : tes propos et ta douleur me touchent énormément.
Ce n’est pas moi qui ai parlé la première d’handicap mais la directrice de cette école primaire. Je dois t’avouer que j’en ai été très choquée. Mais il est clair, du moins en France, que la précocité devient un handicap, faute d’adaptation du système scolaire. Un petit peu de souplesse suffirait à combler ces élèves en souffrance. J’ai eu la chance de pouvoir offrir à ma fille une scolarité dans une école Montessori lors de sa maternelle. Elle pouvait suivre son rythme et y était très heureuse. Dès qu’elle est entrée dans le système traditionnel, elle a commencé à souffrir d’insomnies, de crise de larmes et même d’énurésie. Elle s’ennuyait à mourir et à commencer à croire qu’elle était idiote car rien ne la passionnait.
de plus, elle est totalement ambidextre, d’où un souci de latéralisation qui n’arrangeait rien. Dans les pays anglo-saxons, ces enfants sont, à l’inverse considérés comme une bénédiction et la plupart des structures ont adopté la methode Montessori.
En tout cas, ne perd pas courage, des psychologues se sont d’ailleurs spécialisés dans l’orientation de personnes comme toi. car en effet, que choisir quand on peut tout faire!
je ne vais pas revenir sur l’éternel problème du handicap et des problèmes d’insertion des enfants à l’école, mais je peux te dire que je suis quasi certaine que ta fille serait acceptée dans d’autres écoles.
Ma soeur, au collège, avait dans sa classe un enfant handicapé. Je trouve que c’est vraiment positif et bien pour eux.
Quant à moi, j’étais en nourrice avec deux trisomiques. J’en ai tiré que du positif…je les encadrait et toute petite déjà je me réjouissait de leurs progrès.
Les enfants “normaux” ont tout à gagner à vivre à proximité des enfants “différents”.
Bonne journée
@ Lullaby 77, Tu as dit le mot : il ne faut pas sortir du moule! c’est malheureusement une récurrence dans le système français.
Ahlala la précocité, bienvenue dans la famille ou tout le monde est un génie et quand tu es juste très douée tu es le mouton noir (j’exagère un poil mais en tout cas on me regarde comme le coucou venu dans le nid :-)).
D’après mon expérience, on peut le vivre super mal, sans que l’école y soit pour quelque chose (tention ici je trouve que l’école y EST clairement pour quelque chose) moi il a fallu attendre mes 18 ans pour que ça me rattrape et que ça me flanque une grosse dépression, jusque là je pensais avoir bien vécu ma précocité. Si je peux me permettre, de l’exemple que j’ai vu de ma soeur, éminemment douée, il s’agit d’occuper ces enfants là, et je ne parle pas que d’école, elle s’est permis de lever le pied en cours puisque de toute façon ça roulait tout seul pour faire énormément d’autres choses. Au contraire d’une amie de mes parents qui a décidé qu’après tout son fils était assez doué que pour s’occuper seul, il a fait un refus scolaire par ennui, ce qui est malgré tout toujours difficile à gérer pour tout le monde.
Je pense qu’il faut voir ce qu’elle a envie de faire d’autres, et puis essayer de la protéger des jaloux, il y en aura toujours.
Alors moi je vais faire tomber un gros pavé dans la mare mais je dois dire que certes, si ce texte est très chouette car il montre que des enfants surdoués peuvent s’intégrer, je retiens quand même ces trois phrases :
“Cette bien pensante école catholique, dont l’humanité doit être la qualité première”
“J’ai alors fait quelque chose d’impensable aux yeux de tous. J’ai appelé l’école publique à laquelle mon domicile est rattaché”
“Contrairement à beaucoup d’idées reçues, c’est au sein de l’école publique que je trouvais une solution.”
… et je me dis qu’il y a encore du chemin à faire pour que tout le monde comprenne bien que l’école publique est l’école de la République, laïque et tolérante, et que tout le monde est sensé y avoir accès, avec les mêmes chances. Les préjugès ont une belle vie devant eux.
Le privé est le règne bien souvent de l’élitisme et de l’arbitraire. Si ta fille avait été “virée” d’une école publique, les démarches qui sont évoquée pour “faire appel” auraient marché. Le privé (et le privé religieux encore moins) n’a jamais eu vocation à la mixité et à l’intégration. Ce sont des écoles pour “les meilleurs” ou pour “les pires” (qui dans ce cas doivent opérer un changement de cap radical, sinon c’est la porte direct). Certes, il y a plus de moyens, mais le dessous des cartes, c’est que derrière tout ça, les valeurs ne sont pas les mêmes. Et perso, les valeurs de la République, ben elles me plaisent encore pas mal.
Bon, après il y a la question de l’école catholique, “dont l’humanité doit être la qualité première”. Là, sauf votre respect, j’hésite moi-même entre le rire et les larmes… mais je ne rentrerai pas dans ce débat, car il n’a probablement pas lieu d’être ici.
Signé une fille d’instit qui a toujours vu sa mère se battre pour l’intégration des enfants “différents”, et qui a toujours été atterée par le privé :P
@ Stéphanie (mais une autre) : ma fille a , en effet, de nombreuses activités sportives et culturelles à côté. Malheureusement, ce n’est pas le cas de tous ces enfants, car la culture n’est pas vraiment démocratisée dans notre pays. Il faut du temps, de l’argent…
Merci… Tu ne peux pas savoir ce que cela peut faire comme bien d’entendre ces mots, je crois en l’école publique, j’y croirais certainement toujours… Et le discours à la mode qui consiste lui vomir dessus me fait souvent mal, moi qui sait à quel point la plupart de ses acteurs y sont engagés…
Quand au discours de la directrice… mon dieu il fait froid dans le dos, elle ne t’a pas accroché un panneau dans le dos au moins ? Du genre “cette mère travaille c’est une mauvaise mère, bouhhhhh”
Pour ta file bravo, j’étais moi même légèrement précoce (QI normal +, mais juste en avance, du genre je parlais à 9 mois, les phrase à 13 mois et en 6ème ce qui m’intéressait c’était de comprendre les problèmes du monde etc…) , non diagnostiquée et mon collège a littéralement été un enfer !!
Molly c’est pas parce que tu PEUX “tout faire” que tu DOIS “tout faire”… Disons que ça peut être en quelque sorte une chance d’avoir accès à trop de possibilités par rapport par exemple aux élèves qui n’ont pas assez de facilités dans le système scolaire, mais tu dois avant tout choisir quelque chose qui te plaise, et qui passe pas forcément par des études dites “prestigieuses”…
Hécube je vois pas en quoi la directrice pouvait te reprocher d’être une mauvaise mère, de bosser trop (de quoi je me mèle ???) alors que d’après ce que tu dis tu as une gamine adorable, intelligente, obéissante et qui n’a jamais provoqué d’incidents ! Non mais qu’est-ce que c’est que ce dragon ? C’est dans ces moments-là qu’on regrette d’être bien élevées !
@ Diripouf : tu n’imagines pas à quel point je suis tombée de haut. J’ai perdu beaucoup de ma naïveté et de mes illusions. Dans le même temps, au vu de mon expérience, je n’avais pas ressenti mon établissement scolaire comme élitiste d’où mon choix d’y faire entrer ma fille. Mais ton analyse est malheureusment exacte pour beaucoup de ces établissements.
@ Diripouf j’ai pas osé lancer le pavé dans la mare et sans aller aussi loin dans les mots, sous avons sans doute exactement la même optique sur le système…
@ Diripouf, ben finalement vu que ça ne froisse personne (j’ai toujours hyper peur de ça sur le net…) je plussoie total
JE SUIS SCANDALISEE !!!
Non mais pour qui se prend cette Directrice… ! Non seulement elle vous dit que vous ne vous occupez pas assez de votre enfant, et en plus elle a le culot de contacter un établissement spécialiser en votre nom, ou plutôt à votre place, et ce sans demander votre accord ?
Corrigez moi si je me trompe, mais je croyais bêtement, après avoir lui plusieurs articles à ce sujet dans le Figaro, que la scolarisation des enfants handicapés allait être facilitée ? Mais bon, je suis blonde, alors j’ai peut être interprétée (???)
Je crois que j’aurais levé la tête, bombé le torse et que j’aurais dit ses 4 vérités à cette personne ! Tout en mêlant l’institutrice à ce débat (de sourd ? puisque vraisemblablement la décision était déjà prise). C’est facile de juger les gens !
J’irai même juste qu’à écrire au Président et au Ministre concerné.
Je suis de tout coeur avec vous !
@ Sophie202 : les mères qui travaillent, c’est un long débat, surtout au sein de ce genre d’école.
@ La Sosso do Domingo. Si tu savais à quel point je me fais souvent cette réflexion : “je suis trop bien élévée, trop respectueuse” et parfois certains voient cela comme une faiblesse et en profitent.
quelle honte, quand même, la réaction de la directrice! quel manque de respect! quelles réponses honteuses!
et puis, il était où le problème, pour elle, tout allé bien. quelle douleur pour cette petite qui a dû se sentir rejettée, à qui on supprimait ses copines…
heureusement que l’issue est heureuse. mais vraiment quelle histoire! pfuuu…
j’ignorais qu’être extrêmement précose était un handicap. et quand bien même si cela pose un éventuel problème pour les années à venir, dans le présent où est le problème!!
ça y est, je suis furax!
oups, la faute! il fallait lire “tout allait bien” !
je savais bein qu’un truc clochait!
@ Ysa : j’ai remué ciel et terre, mais les fonctionnaires de l’éducation nationale (dont dépend, on l’oublie souvent, les écoles catholiques sous contrat), ne veulent pas faire de vague. Je ne parle pas du diocèse, qui est au courant de ce genre de discrimination mais, là encore, ne fait pas de vagues. Ceci étant dit, ce mal s’est transformé en bien pour ma fille et c’est l’essentiel!
Quant à la directrice, je t’avoue que j’étais assomée, d’où mon manque de réactivité sur le coup. Et puis, toujours cette bonne éducation… mais j’y travaille.
Oui, le sens de la répartie, ça se travaille ! C’est vrai que c’est dans mon tempérament de foncer tête baissée dans les conflits pour lutter contre ce genre de discrimination !
L’essentiel c’est que ta fille soit épanouie !
@ teatree : ne me parle pas de ce que ma fille a ressenti. Elle s’est sentie dévalorisée et rejetée. De plus, ces enfants ont un sens de l’équité extêmement exacerbé, elle était donc obnibulée par ce sentiment du “c’est pas juste!”
Perso je pense comme Diripouf (coucou), les mêmes phrases je releve mais en plus elles me font froid dans le dos, dans le sens où on dirait que c’est une tare d’avoir été dans le public….
je ne débaterais pas plus j’en ai pas envie mais après je ne m’etonnerais plus de certaines pensées venant de ce genre d’ecole et des gens qui la frequentent…. et je dis ca sans animosités bien sur!
Diripouf as-tu “pratiqué” l’école privée et l’école publique, je veux dire as-tu une expérience des deux ? Je dis ça parce que malheureusement on a vite tendance à coller des étiquettes, genre “privé = intolérance et élitisme facho” et public = repère de gauchistes” (je plaisante) alors que ça peut être très différent selon les établissements, la région où on vit, la qualité du chef d’établissement etc etc…
Je n’ai pas été déçue par les écoles privées que mes enfants ont fréquentées, je n’ai pas été déçue par le lycée public où elles sont allées. Les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients, et j’ai retrouvé de la mixité sociale partout. Je précise aussi que je n’avais pas choisi d’établissement prestigieux tant privé que public. Les établissements privés étaient catholiques mais les cours de catéchèse étaient non obligatoires, et il y avait notamment des élèves musulmans. Je n’ai pas eu l’impression de prosélytisme envers les enfants, exactement comme au Lycée pas de “pub” pour l’école publique et laïque…
Ce qui m’a gêné dans le privé, eh bien ce sont CERTAINS parents, ce sont eux qui poussent à l’élitisme, ce sont eux qui ont la mentalité “je paye donc j’ai le droit de…” et qui donc influent sur les décisions du chef d’établissement. Mais je dois dire que les bons profs, y’en a partout.
Bonjour à toutes (ou tous!)
C’est un très joli témoignage avec un très joli titre Hécube.
Mais je ne suis pas pour opposer systématiquement le privé au public comme tu le fais Diripouf, je pense qu’on a tous des histoires montrant que le privé est mieux ou que le public est mieux. J’ai fait mon primaire dans une école française en Chine, j’ai sauté une classe là-bas et quand je suis rentrée en France en 6e, le collège public m’a jeté, ils voulaient me faire redoubler, et le collège privé m’a accueilli.
Aujourd’hui, je suis prof dans le public et je crois plus que tout à l’école républicaine même si elle est loin d’être parfaite, et j’ai un ami prof dans le privé, et je crois pas qu’il soit moins bon prof ou moins tolérant, humain, etc, que moi. Donc je suis d’accord avec les commentaires (La Sosso de Domingo notamment) qui disent que privé ou public, y’a des cons partout et y’a des gens bien partout, et heureusement!
Concernant l’accueil des enfants handicapés ou différents, je connais trop mal le privé pour pouvoir en parler mais dans le public il ne faut pas se leurrer, même si de jolies histoires comme la tienne Hécube existent, et heureusement, clairement il y a d’énormes efforts à faire, on le voit dans tous les établissements… mais j’ai l’impression que les choses changent, (très) petit à petit, pourvu que ça continue!
J’aimerais que le débat ne tourne pas au pugilat “école privée contre école publique”, ça n’est pas le sujet du billet d’Hécube qui souhaite avant tout partager son expérience de mère d’enfant précoce.
Merci de vous contrôler et de ne pas déraper, sinon ça va m’énerver (pas au point de fermer les comm’, j’espère, mais c’est toujours envisageable…).
Je suis choquée que l’on puisse penser qu’une enfant “trop” intelligente est handicapée et dangereuse…
L’encadrement des enfants différents est un gros souci en France, c’est assez scandaleux. Mon cousin souffrait d’une maladie neurologique rare, réduisant dramatiquement ses capacités physiques mais lui laissant toutes ses facultés intellectuelles. Tout ce qu’il souhaitait, c’était assister aux cours dans un coin de la classe (avec un auxiliaire qui ne coutait rien à l’établissement) pour continuer à apprendre et rester en contact avec les gens.
La famille a dû faire face à des situations ubuesques, du genre “votre enfant est trop handicapé (physiquement) pour l’école mais pas assez (mentalement) pour un centre spécialisé donc on ne peut rien faire”. Ils ont même envisagé de déménager en Belgique, où les structures sont de bien meilleure qualité, avant de finalement trouver un centre loin et cher mais prêt à l’accueillir.
C’est génial que ta fille ait trouvée sa place, en espérant qu’elle ne souffre pas plus de la bêtise (pour rester polie) de certains!
@ Esme : je crains que mes propos aient été mal interprétés. Je ne vois pas en quoi une scolarité dans le public est une tare. Je voulais justement mettre le doigt sur ce que le discours de ces écoles catholiques (enfin pas toutes! heureusement) a parfois d’hypocrite.
Par ailleurs, mon témoignage ne cherchait pas à confronter les deux systèmes mais à apporter une note d’optimisme. Si tu as lu les commentaires, tu verras que la plupart de ces enfants sont encore en souffrance, même une fois adultes.
@ Maylis : mon témoignage est aussi une volonté, à sa petite échelle, de faire bouger les choses. Apparemment beaucoup d’enseignantes ou enfants d’enseignants sont des lectrices, j’espère donc que ce billet fera un peu avancer les choses et provoquera une réflexion saine sur le problème de la prise en charge de la différence.
Je n’arrive même pas à être choquée que ta fille ait été refusée pour un handicap. Pas que je trouve ça normal qu’on la refuse, mais parce que pour des professeurs c’est une responsabilité de plus et pour peu qu’ils n’aient pas la petite flamme de la vocation, ça ne le fait pas.
Quand j’étais au collège il y avait une jeune fille sourde dans notre classe, qui lisait sur les lèvres et arrivait ainsi à suivre les cours, enfin la majorité des cours. Il y avait des profs qui l’aidaient à retranscrire tout ça et faisaient l’effort d’écrire davantage au tableau,quitte à ralentir son cours et à nous ennuyer nous qui pouvions entendre et prendre plus rapidement des notes. Et d’autres qui la négligeaient et elle était totalement paumée… Ce n’est pas pareil que ce que ta fille a vécu, bien sûr, mais sur l’intégration des “différents” (parce que sinon tout le monde est pareil, hein, évidemment !!!) il y a très souvent des difficultés.
Par contre ce qui m’a vraiment perturbée c’est le “puisque vous voulez travailler”… 1/ de quoi elle se mêle ? et 2/ comment as-tu réussi à rester calme devant de telles assertions ?
Bon courage pour votre combat en tout cas…
@ Diripouf, je reconnais un peu ce que tu dis, mes parents sont profs, et mon père ne jurait que par le public, jusqu’a ce qu’on comprenne pourquoi je vivais si mal mon entrée au collège (J’ai été malade de stress a l’entrée au collège, une amie de mes parents leur a conseillé de me faire passer les test de QI ), on en a alors parlé a mes professeurs, a la directrice etc.. Mes professeurs voulaient me donner du travail en plus, alors que je vivais deja tres mal le fait d’etre rejeté par les autres éleves, parce que selon eux, si j’avais de super notes c’était parce que je passais mon temps a travailler. Alors comment s’intégrer si les professeurs nous donnent du travail en plus devant les autres élèves… La directrice a mon entrée en quatrième a eu la bonne idée de séparer mon groupe d’amies, parce qu’il ne fallait pas qu’il y ait un groupe d’élite dans une classe. Résultat, en novembre de quatrième, j’ai atterri dans le privé, parce qu’ils avaient une classe spéciale “enfant précoces”.
Et quand j’ai enfin retrouvé mon calme au collège, je peux te dire que mon père a radicalement changé d’avis ;) Ça existe aussi dans le public ce genre de classe, il y avait également un collège public qui faisait ça, mais mes parents avaient eu peur que s’il y avait un changement de proviseur, la classe soit arrêtée.
Enfin, pour moi public ou privé c’est le même combat, dans les 2 j’ai eu des problèmes avec les profs, et avec les élèves, pas les memes évidemment, mais j’en ai eu quand meme.
@ Sosso do domingo : Moi ce que j’ai longtemps ressenti, et que j’essaie de ne plus ressentir, c’est que j’avais un don, et que je me devais de l’utiliser, un peu comme si un super chanteur ne faisait pas carrière dans la musique. Je crois que si j’arrive enfin a faire cet effort c’est grace a mon copain qui m’a dit ” tu sais, si ce qui te rends heureuse c’est de vendre des chaussures, ou autre chose, fais le, et soit heureuse plutot que de vivre avec cette pression”
@ Hécube, si c’est pas indiscret, pourquoi avoir fait sauter des classes a ta fille? Tu n’as jamais eu peur que ca puisse etre genant le fait qu’elle soit plus jeune?
Normal que ça t’aies mis un coup quant on te dit j’ai fait ça ça ça pour vous, sous-entendu, vous êtes incapables de le faire vous-mêmes. L’ingérence des gens dans la vie des autres devient de plus en plus normalisée, et c’est quand même pas toujours une bonne chose…
Je n’ai pas su si je devais rire ou pleurer à la révélation du handicap de ta fille. :-) Si être intelligent est une tare, (je comprends que c’est la façon dont on te l’a présenté, et pas ainsi que tu le vois) où va-t-on?
J’ai dans mon entourage une enfant précoce, qui est passé entre public et privé, au gré des “meilleures solutions”, notamment dans une classe pour ado précoces. Et ça ne s’est pas bien passé, du tout. Apparemment, il peut y régner un esprit de compétition assez marqué et quand tu n’es pas dans le moule (…) c’est dur pour toi. Pour elle, la solution a été la déscolarisation; ce qui n’a pas été sans conséquence sur capacités à se sociabiliser, même aujourd’hui. Pour les parents je pense que ça a été très dur de ne pas trouver LA solution qui arrange tout, qui convienne à leur enfant. Et pour elle encore plus de n’être pas comme les autres et de se sentir nulle part à sa place malgré toutes les solutions essayées…
@Melle Crapaud : j’ai gardé mon calme car j’étais littéralement assomée.
@ Molly : nous n’avons jamais été à l’origine des sauts de classe. Ils toujours été préconisé par les enseigants et les psychologues. Ma fille a fait une rentrée anticipée en CP, puis a fait le CM1 et le CM2 en une année sous l’impulsion des institurices, d’où notre ébahissement, lorsque ce même établissement nous annonce qu’il la vire!!!!
Enfin, elle vient de rentrer en 4ème en sautant la 5ème, toujours sur les conseils de ses professeurs. La décision nous a d’ailleurs été annoncée qu’à la mi-juin pour ne pas perturber notre fille. Incontestablement, c’est une bonne décision car elle est encore mieux dans sa peau et parfaitement intégrée. Elle s’est déjà fait de nombreuses copines. heureusement pour elle, elle est assez grande de taille, et fait déjà très jeune fille, donc la différence n’est pas flagrante.
Je quitte mon pseudo habituel aujourd’hui pour évoquer ce sujet…
Ca me parle…
Elève précoce à qui on a fait mesurer le Q.I sur demande du corps enseignant, résultat au-delà de toutes espérances.
Mes parents ont du se battre contre les instituteurs de l’école où j’étais parce qu’ils voulaient absolument me faire sauter une classe, mes parents ne voulaient pas, ne me sentaient pas mûre pour ça, je ne voulais pas moi non plus, on m’a fait passer deux jours par semaine en classe de CE1 pendant mon année de CP, puis fait intégrer un cours double-niveau et fait suivre les deux programmes CE1 et CE2 en un an (oui, oui, le programme de deux années en un an “elle en a les capacités”).
Rentrée au collège à 9 ans avec ce boulet au pied, délicatement appelée par la prof d’anglais “The baby of the class” et vilain petit canard maltraitée par ses camarades parce que “chouchoute”, pensez donc, si jeune, trop choupinou et si douée avec de si bonnes notes, qui sait pas se défendre, elle est trop petite, elle y connaît rien et dit n’importe quoi, ça fait marrer tout le monde…
Ce qui a sauvé en partie mon collège a été mon niveau scolaire, je laissais les “caïds” tricher sur moi pendant les contrôles, ils me protégeaient contre les autres qui me cherchaient (enfin bon, avec des ratés, quand j’avais tenté de me rebeller contre ça en m’isolant pendant un devoir, je l’ai payé à coup de règles en fer sur les bras de la part de certains élèves, je n’osais pas me plaindre et cachait mes bras à mes parents…).
Quand tu es trop bien vu par les profs qui t’adorent et la vie scolaire qui explique à qui veut que tu es très très douée pour ton âge, tu attires pas les bons sentiments des autres élèves… Je passe sur les autres joyeusetés, insultes, racket,…
Entrée au lycée à 13 ans, loin, à l’autre bout de la ville, 2h de transports en commun par jour pour ne pas recroiser les élèves de mon collège, convocation en bonne et due forme par la CPE pour m’annoncer officiellement que… Mais oui, tu es la plus jeune du lycée, félicitations !
Ma chance : j’avais poussé d’un coup et découvert le maquillage, j’avais l’air plus vieille et n’ai rien dit à personne, mais on m’a “forcée” à faire scientifique alors que je ne le voulais pas parce que “tu en as les capacités”, du coup j’ai planté mon année et ai redoublé en littéraire, ai péniblement tenu jusqu’au bac et ai planté mes études après. J’avais mon bac, j’avais rempli ma part du contrat, c’était en gros le service minimum que je m’étais imposé.
C’est pas le cas de tout le monde, c’est vrai, je souhaite à ta fille que ça se passe mieux, mais dans certains cas, je pense que les établissements adaptés sont une bonne solution pour éviter le côté “extraterrestre”, et en même temps je suis contre l’élitisme qu’on y rencontre.
Mais ma grand-mère regrette à voix haute que je n’ai pas fait médecine ou droit, mes parents, enseignants, me fichent la paix à ce sujet, ils ne sont pas élitistes et se foutent de mon niveau d’études, voient que ma vie d’aujourd’hui me plaît et ne considèrent pas l’arrêt de mes études comme un échec.
Ils regrettent d’avoir fait ce test, d’en avoir donné les résultats, ne pensant pas que ça dégénérerait et que ce serait non pas eux, mais l’école qui chercherait à faire de moi un singe savant. Ils ont fait le maximum pour me protéger de ça mais ne savent pas le quart de ce qu’il s’est passé au collège…
Dans ma vie d’aujourd’hui personne n’est au courant de ce parcours, mon copain en a connaissance par bribes, je n’ai aucun contact avec les anciens de mon école/collège, j’en suis restée très renfermée avec les autres avec la peur de trop m’exprimer en public de peur de dire quelque chose qui ferait ressurgir le doute chez les autres “tiens, elle est différente” et que ça recommence, le rejet,… Alors je m’auto-exclue pour ne pas que les autres le fassent…
Toutes les histoires ne sons pas aussi dure, bien sûr, mais même avec la meilleure volonté du monde et la vigilance de parents enseignants qui connaissent le monde de la cour de récréation, ça a été pénible, et j’ai été la plus heureuse du monde quand j’ai signé mon premier CDI, pour un boulot peu qualifié, c’était la fin de l’école et de l’élitisme imposé.
Je n’ai pas de conclusion ou de morale à donner à mon histoire, je n’ai pas de solution, c’est juste un témoignage, pas joyeux sur le sujet.
Hécube, j’espère aussi!
Il faut juste pas oublier, et ton billet le montre bien, que ce n’est pas seulement le problème des profs: l’administration joue un rôle hyper important. C’est elle qui doit prévenir les profs si des enfants handicapés se trouvent dans leur classe, et d’après ce que j’ai vu elle ne le fait pas toujours, ou trop tard dans l’année.
L’autre problème est le manque de moyens. Mon copain était prof dans un petit collège l’an dernier, il avait un gamin en fauteuil dans sa classe, et il devait le porter sur son dos dans les escaliers car pas d’ascenseur. C’est un travail de longue haleine…
Ceci étant dit, le rôle des profs reste hyper important, y’en a qui s’en foutent. L’an dernier j’avais une élève avec des TOC, elle avait droit à un tiers-temps en contrôle mais on était pas nombreux à prendre le temps de lui accorder.
Le cas des enfants précoces comme ta fille est un cas un peu à part, peut-être plus impressionnant pour les profs et les autres élèves… en licence j’ai rencontré une fille de 16 ans, qui venait de réussir le concours d’une des écoles les plus dures de France. Et encore, elle avait été obligée de redoubler sa terminale, alors qu’elle avait eu le bac, pour pouvoir être acceptée en prépa! Là où on voit encore les étroites limites du système…
Quand je l’ai rencontré je ne savais pas qu’elle était si jeune et je n’ai rien remarqué jusqu’à ce qu’on me le dise, elle était cool et bien intégrée. Je ne la connais pas assez bien pour savoir comme elle se sentait par rapport à tout ça, mais en apparence tout se passait bien pour elle. Je ne doute pas que ça puisse être pareil pour beaucoup d’enfants précoces, et ça prouve que rester dans le même système que les autres et être bien dans sa peau est possible!
^^où là je suis désolée, j’ai rien compris…du problème de lire les blog avec un seul oeil ouvert…
J’avais donc pas compris de quel handicap ta fille souffrait.
Là du coup, je vois les choses différemment. Parce que j’étais moi aussi précoce.
Et ca a pas été drôle tous les jours.
Quand j’ai sauté une classe, une fois, le directeur de l’école, qui voulait absolument me faire intégrer une structure spécialisée, m’a fait faire un problème de math trop difficile (genre avec des équations a deux inconnues…au CM2) et m’a dit :
“et toi qui te crois intelligente”….
Voilà qui casse.
Malgré tout, j’ai poursuivi un cursus public. Ta fille doit être bien plus précoce que je ne l’étais, mais pour moi ça n’étais pas simple non plus.
J’avais du mal à comprendre les autres, à me faire comprendre, je n’avais pas un humour comme eux, ni les même centre d’intérêt. Et même si l’adolescence a été pour moi affreuse, et très longue, aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir trouvé ma place.
J’espère de tout coeur qu’elle trouvera la sienne, et je te renouvelle mes excuses quant à mon précédent comm complètement mal a propos ;-)
@ Caragoule : nous essayons pour l’instant d’éviter la déscolarisation, pour les raisons que tu évoqies. pourvu que ça puisse tenir jusqu’au bac!
@ Pixelle : ton vécu me conforte dans le bien fondé de mon témoignage. D’ailleurs, je manque à tous mes devoirs, j’ai oublié de remercier Hélène pour sa publication.
Il est bien que les gens voient qu’elle est la douleur psychologique des enfants puis des adultes précoces. Bien sûr, je relativise et ne me plains pas au regard des parents d’enfants handicapés physiques ou mentaux. Pour autant, cette souffrance existe et peut même mener à des drames. Comme je l’ai dit, ma fille mesure pleinement sa chance d’être entourés de professeurs et d’adolescents qui la protègent et veillent même sur elle.
En tout cas ton témoignage m’émeut au plus au point, ta souffrance est tellement palpable.
@ Hécube : Ok ;) Moi on m’a proposé de sauter le CP et la quatrième, mais j’ai refusé a chaque fois, en CP il parait que c’était parce que j’aimais trop ma maitresse ( Je m’en souviens plus a vrai dire ^^ ) et en quatrieme, parce que je voulais rester avec mes amis, et ne pas me sentir “encore plus différente”.
C’est bien que ta fille se sente de mieux en mieux. Dans mon collège, j’ai pu rencontrer des élèves pour lesquels ça c’est très bien passé de sauter des classes, et pour d’autre c’était beaucoup plus dur.
@ Pixelle, je suis désolée que ça se soit si mal passé pour toi, quand je vois ce que j’ai vécu, j’ai déjà trouvé ça très difficile, alors ce que tu as vécu…
Pixelle…je me reconnait dans ton comm : “on m’a forcé à faire scientifique”…
Je reprends des études cette année, à 25 ans, car on a toujours décidé pour moi, et je ne savais pas quoi faire!!
Je me souviens aux dîners de famille les discussion sur mon avenir : que ma grand mère voulait me faire faire polytechinque, mon oncle science po, ma tante véto “mais pas de médecine pour caroline, elle est pas faites pour ça”…
Jamais on ne me demandais mon avis ;-)
tu parles lol, je viens d’entrer en pcem1…et pour une fois…je suis pas vraiment la plus jeunel!!
@ Maylis : merci de ce témoignage réconfortant.
@ fran avec une minuscule : tu es bien sûr totalement pardonnée. Je vois que toi aussi tu as eu droit à un bel échantillon de la bêtise humaine. Quant à ce décalage avec les autres, ma fille le ressent de moins en moins au fil des sauts de classe. Elle a aussi la chance d’être une très bonne sportive. Elle n’est pas du tout larguée et est même une des meilleure de sa classe en natation et a réussi à être la dixième fille du cross inter-classes, malgré sa différence d’âge. Au ski, c’est pareil, elle fait parti d’un groupe compétition avec des adolescents qui ont 3 à 4 ans de plus qu’elle. Cet amour du sport l’a énormément aidé dans son intégration : elle n’est pas vue comme l’intello, mais au contraire est même réclamée quand les équipes se forment pour le sport.
@ fran avec une minuscule : bravo pour ton entrée en P1!!!! J’ai énormément d’admiration pour les personnes comme toi qui ont le courage de reprendre des études, et quelles études! J’ai dans mon entourage une infirmière qui a intégré P1 à 30ans. Elle entre en D2 cette année et malgré les sacrifices, les doutes et la fatigue, elle est pleinement heureuse de son choix. Encore bravo!
^^ c’est vraiment génial pour elle qu’elle ai trouvé le sport pour s’intégrer.
Moi j’ai réussis à m’intégrer aussi, quand même, parce que je faisais plus vieille que mon âge et que (oh mon Dieu c’est affreux de dire ça, je sais) mon physique me permettait une certaine popularité.
Mais je ressentais quand même ce décalage!!
C’est merveilleux que ta petite puce soit aussi douée pour le sport!!
Tant mieux. Il n’y a pas de raison pour que la suite ne se passe pas bien. Je ne sais pas si c’est bien, mais mes parents ne m’ont jamais “traitée” comme douée. Ils n’ont jamais soulevé quand on leur disait ( voir même, pour ma mère, elle m’enfonçait histoire de rétablir l’équilibre…).
Je crois que plus encore que du regard des autres enfants, j’ai souffert du regard des adultes!!! Je les sentaient parfois malveillants à mon égard (surtout dans ma famille) et j’avais un mal fou à trouver ma place entre les enfants avec lesquels je n’avait pas beaucoup de points communs et les adultes, qui oubliaient de me traiter comme une petite fille de mon âge.
J’ai vu une fois une émission sur les enfants précoces, où témoignaient des petits chefs se prenant pour des cracks, qui m’a effarée. La chute sera difficile, pour eux, quand leurs parents ne seront plus à côté d’eux pour les encenser…
De toute façon, je disais toujours que ma tête avait grandi plus vite que les autres, mais pas plus, et qu’on avait fini par me rattraper!!!
L’intelligence c’est aussi savoir s’adapter aux autres et à toutes le situations : ta fille prouve bien qu’en plus d’être précoce, elle est très intelligente!!!
^^ oh merci Hécube, c’est adorable de ta part!!
Comme je dis toujours : Je souffre mais je suis heureuse de souffrir!!!
J’avoue que je suis scotchée par ce témoignage!!
Handicapée? Honnêtement, dès le départ, je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus grave!
Depuis quand l’intelligence est un handicap?
Le plus gand handicap sur cette planète, c’est la connerie alliée au manque d’ouverture d’esprit!
On m’a souvent regardé bizarrement parce que j’étais un peu plus en avance que les autres mais là, franchement ça dépasse les bornes!
Je suis énervée pour la journée là je crois! ;-)
Je suis contente que ta fille se sente bien dans sa nouvelle école et qu’elle se soit trouvée une place, je vous souhaite que ça continue et la plus belle vie possible!
@fran avec une minuscule : nous prenons aussi soin à ne pas encenser notre fille. Ma plus grande fierté est d’ailleurs son humilité face à ses facilités. Elle ne connaît pas le résultat de ses tests de QI car nous ne voulons pas qu’elle attrape le melon. C’est aussi dans cet esprit que j’ai demandé à Hélène de témoigner sous un autre pseudo que celui que j’ai habituellement sur ce blog. Comme tous les parents, nous sommes fières de notre fille mais nous n’en tirons pas une quelconque “gloriole”.
@Lul’oups : merci pour tes voeux!
Pixelle je trouve ton histoire vachement dure, quel calvaire d’être plus intelligente que les autres, finalement !
(et je regrette que tu aies changé de pseudo… même si je peux comprendre que la peur du rejet te suive encore aujourd’hui. Mais si tu veux laisser juste ton vrai mail, pour que moi seule sache qui tu es, tu peux ;-).
D’abord, je pense que c’est cette directrice qui est handicapée en termes de relationnel, pour être capable de te jeter de telles stupidités à la figure !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! (j’exprime ma colère)
En tant que prof du secondaire (public), j’ai eu régulièrement des enfants “différents” en face de moi : une petite malvoyante, un élève presque sourd, un autre souffrant de graves troubles neurologiques, … mais aussi des enfants très précoces (2 à 3 ans d’avance) dont la sensibilité était exacerbée et renforcée par leur jeune âge : maturité intellectuelle et émotionnelle sont distinctes, un enfant précoce de 8 ans est un enfant de 8 ans, pas un jeune adulte, et il faut donc ne pas oublier son âge…
Quant aux problèmes d’intégration et d’influence évoquées par cette “”””””””professionnelle”””””””” de l’éducation, je peux dire par expérience que c’est faux : TOUS les enfants vraiment en “décalé”, pour une raison ou une autre, sont bien accueillis par les autres élèves et les adultes, même si j’ai parfois regretté d’avoir été une des rares profs de mon collège à accepter ces enfants et à faire les quelques aménagements nécessaires (qui étaient vraiment minimes…)
Et la récompense ? Quand ils se sentent bien, c’est le bonheur total, et ça, ça n’a pas de prix !
Voilà, là tu sais qui je suis…
Je ne peux pas garder le même pseudo, j’aurais l’impression de me vanter d’être plus intelligente que les autres et en même temps d’oser m’en plaindre genre “jamais contente celle-là, elle veut juste faire son intéressante”, j’y ai pas mal eu droit à ce genre de remarques, je l’ai payé assez cher, je sais qu’ici on ne se moquerait pas de moi, mais je ne veux pas que cette histoire me soit associée, ça me complexe encore d’oser me plaindre de cette situation, c’est pour ça que je n’en parle pas à mon entourage.
Hécube : tu as raison de ne pas l’encenser, je pense, en famille, j’ai toujours été traitée à l’égal de mes frères et soeurs sur tous les plans… Même si moi, la punition, c’était “tu ne feras pas de carrés magiques !”, tu sais, les carrés à plusieurs cases où quand on additionne les nombre d’une ligne, d’une colonne ou d’une diagonale on trouve le même chiffre (voir ici http://fr.wikipedia.org/wiki/Carr%C3%A9_magique_(math%C3%A9matiques) ) …
C’était ma passion !
Quelle pouffe cette directrice!
ah ben moi j’étais dans le semi-privé, et je n’ai pas eu affaire qu’à des semi-nulles. Elles préféraient être à 100% ;-)
En sixième je préparais ma profession de foi et la bonne-soeur qui se chargeait de nous envoyer en “retraite” dans l’arrière-pays TOUS les week-ends dans une communauté d’autres bonne soeurs, pour préparer la cérémonie religieuse (le rythme était encore plus chaud qu’avec Kamel Ouali quand j’y repense) a engueulé ma mère quand cette dernière est venue lui dire que je serai obligée de manquer un week-end pour cause de mariage dans ma famille (religieux, le mariage, je précise). Motif de la bonne-soeur: Pour une mère, la profession de foi de sa fille devait passer avant tout.
Sur ce, ma mère lui a répondu qu’elle ferait mieux d’apprécier d’être prévenue à l’avance, car si cela avait été un enterrement elle n’aurait pas pris la peine de venir la voir pour la prévenir deux mois avant.
Cette petite anecdote… sans idéologie aucune car dans le public j’en ai rencontré aussi, des pointures :-)
Il y a des grands frustrés partout!
@winnietigrou : merci au nom des parents et des enfants que tu aides par ton ouverture d’esprit!
Bon, vcomme l’a dit hélène, on n’est pas là pour polémiquer sur le public/privé… seulement je trouve la réaction de Diripouf profondément injuste. En effet, pour ma part, j’ai été “virée” de mon école publique car… honte à moi, je savais lire en CP ! Dans le privé catholique où j’ai fait tout mon secondaire, j’ai eu d’autres problèmes, certes, mais pas celui d’être rejetée parce que j’avais de bonnes notes ou que j’étais plus en avance que la moyenne.
le privé, repaire d’élitistes hypocrites (mauvais catholiques) ? quand on sait le nombre de gens qui y inscrivent leurs enfants juste parce que “c’est bien” et qu’ils se contrefichent de l’aspect religieux….
J’aurais tendance à penser que, comme toujours, les profs ne sont et ne restent que des hommes. c’est à dire facilement déstabilisés, à force d’en voir des vertes et des pas mûres. J’imagine volontiers ces instits de l’école de la fille d’hécube, dépassés par une gamine brillante, trop brillante. C’est bête mais c’est comme ça. L’instit qui me flanquait des journées entières au coin parce que je savais lire, elle avait beau être perpétrée de son devoir (l’école laïque, tolérante, accueillante, formatrice de citoyens et tout ce que vous voudrez), elle était dépassée. ça arrive. pas de quoi leur en vouloir, même si sur le coup on morfle énormément.
Mon frère aîné avait de très bons résultats en CE2 et donc les enseignants ont décidé de l’envoyer directement en CM2. A l’époque pas de tests de QI donc je ne peux vous dire s’il était surdoué ou pas. Toujours est-il que c’était un élève brillant au possible (pour son niveau).
Et là, catastrophe, il a perdu pied. Ses copains qu’il retrouvait à la récré ne le “reconnaissait” plus des leurs, les nouveaux camarades de classe le toisaient “pour qui il se prend celui-là”. Il ne faisait plus rien en classe, était devenu le cancre (et donc la honte) de la famille … A un point que son objectif était de partir élever du bétail ou bosser dans la mécanique. Il a ramené son certificat d’études, la jeté à la tête de mes parents en leur disant : voilà j’ai eu mon certificat, maintenant je veux bosser. Je ne remettrais plus jamais les pieds dans une école !
A la décharge de mes parents, ouvriers agricoles montés à Paris dans la fin des années 50, ils ont été “menés en bateau” par les enseignants de l’époque qui tiraient une gloire certaine à avoir des petits génies dans leur établissement et qui ont laissé tombé l’enfant et la famille dès lors que les résultats escomptés (de petit singe savant) ne suivaient pas. Car autant mon frère avait été porté aux nues, autant il fut montré du doigt lorsqu’il n’était plus le 1er de sa classe. Et dans un système éducatif d’après-guerre, cela fut une “claque” pour mes parents.
Lorsque ce fut mon tour d’aller sur les bancs de l’école, ils se sont montrés beaucoup plus circonspects et ont toujours minimisés mes capacités (bon ça c’est un autre problème mdrr)
Mon frère le plus jeune a eu un fils qui, à 2 ans et demi, fut opéré d’une tumeur au cerveau, avec pose de valve régulatrice de liquide rachidien. Ce qui a engendré d’énormes contraintes (pas de mouvements brusques, pas de sports violents, nombreuses périodes d’ypo-tension, hospitalisations régulières sur des périodes assez longues etc …). Mon frère et ma belle-soeur n’ont jamais voulu lui donner une vie différente de son frère (et des autres enfants nés ensuite) et se sont battus pour qu’il soit accepté à l’école de leur quartier. Elle a été jusqu’au rectorat plaider sa cause, car vu la lourdeur de surveillance et des contraintes importantes que cela impliquait les établissements hésitaient à sauter le pas. Ils comprenaient parfaitement leur position quand à la responsabilité d’avoir un enfant à surveiller continuellement, surtout si jeune, mais ils ont explosé quand on leur a proposé un placement dans un établissement pour enfants handicapés.
Elle a obtenu la création d’un poste d’assistante pour gérer son fils à l’école. Ce fut une première dans son département à l’époque me semble-t-il, mais il faut dire qu’elle avait remué ciel et terre et avait fait intervenir tout ce que le monde médical, social et politique de sa région pouvait contenir à l’époque !
Mon neveu a pu suivre une scolarité “normale” avec des cours uniquement le matin sur certaines périodes (l’après-midi il était dans l’obligation de dormir vu l’état de sa tension), absent la moitié de l’année pour cause d’opérations, de fatigue extrême … et finir toujours le 1er de sa classe ! Il a mis toute l’énergie qu’il pouvait à prouver que malade ou pas, il pouvait apprendre. Ce fut aussi pour lui un moyen de surmonter ses problèmes médicaux.
Aujourd’hui c’est un beau jeune homme qui a pratiqué la natation, le tennis, qui vient d’entrer en première et dont les problèmes médicaux sont stabilisés ayant passé le stade de la puberté.
Merci Pixelle ;-)
@Hécube : ces relations avec les ados différents me demandent certes un peu d’effort, mais sont infiniment enrichissantes et au final, ils m’apportent souvent plus que ce que je leur donne…
Ils sont aussi un formidable exemple de la diversité de la société pour les autres élèves, et c’est vraiment plus simple et efficace que des grands discours et des campagnes sur la tolérance et le respect…
Bon, je precise juste une petite chose… Je ne fais pas le “proces du prive”, et ma reaction n’est pas injuste. Oui, il y a des cretins partout, et oui, parfois les ecoles publiques manquent a leur devoir d’integration. C’est tres dommage, rien n’est parfait, et surtout, on ne peut pas reduire les choses a prive = fachos elitistes et public = gauchistes doux reveurs.
Ce n’etait pas mon propos, et je m’excuse si je me suis mal exprimee.
Reste que, derriere tout ca, l’ecole publique a des valeurs (des valeurs republicaines, d’integration, de mixite, de laicite etc etc) que le prive n’a pas (ils en ont d’autres, voila tout – et je ne suis pas la pour juger).
Me semble juste que on est “en droit” d’attendre de l’ecole publique qu’elle accueille tous les enfants de la Republique (oui je suis mega republicaine aujourd’hui, huhuhu), et si ce n’est pas le cas, il y a des recours possibles. Alors que le prive, ce n’est pas le cas donc quelque part, “faut pas s’etonner”.
Attention, je ne cherche pas a dire que “tu l’as cherche”, Hecube, je ne me permettrai pas, et ce qui est arrive a ta petite fille et a toi ne me fait pas rire du tout, ca me remplit de tristesse.
Je souleve juste un point de taille, sur les valeurs des deux ecoles, parce qu’il me semble qu’il s’agit ici d’integration, et que c’est une “valeur”, justement (qui devrait se retrouver dans la realite, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas…)
Bon, c’est un peu complexe tout ca, et j’espere que j’ai froisse personne :)
Bonjour Hécube,
Votre billet si intime m’a émue parce qu’il m’a fait revivre des souvenirs de mon enfance si particulière. Je me permets de vous livrer en quelques lignes ce que j’ai vécu et ce que j’en ai retiré.
En ce qui me concerne, j’ai habité une région où mes parents non informés, n’ont pas eu la possibilité de me déplacer dans une structure scolaire qui comprend les enfants différents. J’ai donc fréquenté entre 6 et 11 ans, une école primaire avec des instits qui sous la houlette de la directrice d’école, tous aussi dévoués les uns que les autres, étaient des personnes censées nous apporter un savoir.
Mais, là où le bât blesse, il ne fallait pas faire de l’ombre, contrarier l’instruction donnée, ne pas poser de questions. Et quiconque était différente devenait non pas la coqueluche mais était mis en quarantaine par le corps enseignant.
Ma primaire a donc été différente de ce à quoi j’aspirais, car pour ne pas attirer l’attention, je me suis fondue dans la masse, jusqu’à devenir invisible et muette.
Cette première expérience dans le monde scolaire a phagocyté mes espoirs.Cependant au lieu de rester sur un échec, pour avancer sur de nouvelles bases, j’ai fait un travail sur moi.
Aujourd’hui je vais bien, j’ai repris mes études dernièrement avec succès et compte bien en reprendre d’autres, d’ici 2 ou 3 ans.
PS : j’ai livré un témoignage qui a été un moment difficile de ma vie. Quant à la suite de mon histoire, il ne s’agit nullement de recettes sur ce que vous devez entreprendre pour vous, vos enfants ou vos proches.
Chacune, comme je l’ai déjà précisé dans un de mes commentaires, fait ce qu’elle peut, comme elle peut, avec ce qu’elle a et, au moment où elle le peut.
J’ai vécu la même chose avec mon fils. Ecole catho qui prône l’humanité mais qui vire, public, ….
On a toujours été balancés entre vouloir considérer notre fils comme les autres , mais c’est un peu revenu à nier ses particularités, et essayer de traiter des besoins spécifiques, sans en faire un singe savant (ce dont on soupçonne toujours les parents).
Ce n’est pas facile : certains côtés immatures co-existent avec ces neurones qui galoppent. Alors sauter une classe ou pas ?
Mon marri avait souffert d’avoir 2 ans d’avance, on a choisi de ne pas faire sauter de classe à notre fils. Il s’est ennuyé, il a fait les 400 coups….
Il est maintenant en études supérieures, toujours sur le fil du rasoir. Il n’a pas appris le goût de l’effort, il ne supporte pas les règles….
Je suis bien d’accord, c’est un handicap !
Ton texte m’a beaucoup touchée Hécube, ainsi que les commentaires précédents, pour tout un tas de raisons.
D’abord, le coup de t’annoncer que ta fille est “handicapée”, je n’ai même pas de mots pour exprimer toute ma révolte face à tant de bêtise !!!!!!
Quant au danger pour les autres enfants, je n’en suis toujours pas revenue non plus!
Après ça, je pense, comme d’autres lectrices, que ce n’est pas l’apanage du privé, ou du public, de compter des imbéciles dans leurs rangs !
L’institutrice du public qui colle une de ses élèves au coin parce qu’elle sait lire en CP en est un exemple. La mienne (du public aussi, et avec une classe à double niveau), me laissait lire “Pomme d’Api” et “Toboggan” pendant les séances de lecture, tant que je me tenais tranquille… elle ne se sentait absolument pas dévalorisée par le fait que ce n’est pas elle qui m’avait appris à lire.
Elle a d’ailleurs conseillé à mes parents de ne pas me faire sauter le CP, pour des raisons de maturité entre autres.
Je la remercie encore !
Par la suite, en revanche, avoir “des facilités”, comme on dit, (et archi nulle en sport par dessus le marché) n’a pas toujours été simple.
Que ce soit au primaire, au collège ou au lycée, on est tout de suite catalogué comme “l’intello”, qui passe sa vie dans les bouquins et qui est donc forcément ininteressante… Ca ne favorise pas les relations humaines, ça non !
Ta fille a beaucoup de chance d’être tombée sur des camarades intelligents (d’un point de vue humain), qui l’acceptent telle qu’elle est, je pense que c’est “énorme” pour son épanouissement personnel.
Vis à vis des profs, ça n’a pas toujours été facile non plus… “Comment ça, tu ne vas pas faire une première S ?!!!!! ” (ah non, il n’en est pas question, j’ai horreur des matières scientifiques).
“Comment ça tu vas aller à la fac ????!!!!!! ” (et ne pas entrer dans vos stats de X admis en prépa, X admis en école de commerce… non, merci, très peu pour moi!)
Le perpétuel reproche à peine couvert de “tu gâches tes possibilités”, merci bien !
Aujourd’hui, je fais le métier qui me plait, je suis hyper heureuse et épanouie… mais je ne retournerai pour rien au monde au collège ou au lycée… trop de mauvais souvenirs des années que j’y ai passées.
Ratabouinouf STP est-ce que tu veux bien laisser tomber cette histoire public / privé ? Je dois sortir et je n’ai aucune envie que parte en vrille pendant mon absence, ni que ça dérive du thème de base, qui est l’adaptation au système scolaire des enfants différents.
J’insiste, je tiens beaucoup à ce qu’on reste dans le sujet. Sois gentille, fais un effort, vraiment ;-)
Bonjour, ce texte est très intéressant, et tous les témoignages qui suivent également.
Au-delà de l’accueil des enfants handicapées à l’école, ce texte montre aussi la perception du handicap qu’on beaucoup de personnes.
On voit bien à travers le discours de la directrice qu’il est clairement à la fille – et à fortiori ses parents – à s’adapter, voire changer de vie etc… bref faire des efforts qui ne pourraient être fait par l’établissement.
Justement, hier, je lisais sur un forum d’un autre sujet complètement, le témoignage d’une personne invalide, qui se déplace en fauteuil roulant. En résumé, elle n’a pu monter dans un avion à la dernière minute sous le prétexte que toutes les places destinées aux handicapées étaient déjà prises, alors que dès sa réservation, elle avait bien signifiée son handicap qui, lui avait-on confirmé, était pris en compte.
Je ne porterai pas de jugement hatif ni conclusion sur cette affaire, n’en connaissant pas tous les détails mais j’ai été choquée par certaines réponses, qui rejoignent les réflexions qui ont pu être faites à Hécube par exemple.
Pour certains en gros, après tout, étant invalide, elle ne pouvait prétendre à pouvoir prendre l’avion à sa guise comme n’importe qui d’autre, puisque nécessitant des dispositions spéciales (accompagnement, places spéciales etc…), qu’en plus, elle mettait en danger la vie des autres passagers en cas de problème, et que elle devait être finalement réaliste, reconnaître que son état ne lui permettait presque pas de prendre l’avion.
Notament une personne a fini sa réponse par une stupéfiante phrase : “d’ailleurs, si moi un jour devient invalide, je resterai chez moi”.
En plus là c’est l’avion mais bon, si on va par là, la voiture/bus/train, c’est pareil et même imaginons une école ou tout aurtre lieu… lors d’une évacuation d’urgences, c’est pareil.
Alors quoi ? si on est invalide, on ne doit aller nulle part, ne plus sortir de chez soi ou de son centre pour ne pas gêner les valides dans les occupations usuelles de la vie de tous les jours ?
Je suis un peu un peu hors sujet peut-être mais néanmoins je trouve ces témoignages liés, et voulais vous faire part.
Notament le fait que nombreux sont celles et ceux à l’école ou ailleurs, qui ont encore du mal à intégrer (dans tous les sens du termes) la présence de personnes différentes dans la vie de tous les jours et la société et qui n’imagine pas que cela nécessite un effort collectif ; et qui pensent encore que seuls les personnes concernées doivent s’adapter et non l’ensemble de la population/société.
Dans mon service, une de mes collègue présente un handicap. Bien évidemment au début, c’est parfois difficile car on ne sait pas forcément instinctivement comment faire, mais bon, comme tout cela s’apprend. Et avec de la volonté, de l’humanité, de l’entraide, cela s’apprend très vite !
Winnietigrou, La Cuillère en Bois, dans mon lycée il y avait pas mal de handicapés physiques et sensoriels, c’était à l’époque un des rares lycées adaptés aux élèves handicapés (avec un internat médicalisé, certains faisaient 4h de route lundi matin et vendredi soir…), ascenseurs, rampes d’accès à proximité des marches, zones protégées de la pluie pour que les élèves en fauteuils électriques puissent traverser la cour les jours humides (avec des ratés, une copine a fait les frais d’une bourrasque un jour de grosse pluie, sa télécommande a cramé, le temps que quelqu’un la voie elle est restée quasiment une heure dehors immobile… Elle en rit aujourd’hui…).
Les élèves étaient répartis en un minimum de classes pour faciliter la logistique, en 2nde générale, quand j’y étais, il y avait 15 élèves handicapés répartis sur deux classes à nombre d’élèves réduits : 20 élèves dont 7 ou 8 handicapés, mais en comptant les tierces personnes (assistants, quoi) on arrivait à une classe normale au niveau du nombre…
J’avais regretté un point : quelques jours avant la rentrée, mes parents ont reçu un courrier les avertissant que leur fille aurait des élèves handicapés physiques/sensoriels uniquement (sous entendus : pas mentaux) dans sa classe !! Pourquoi ce courrier ??
Bref, ça s’est toujours bien passé, une fois passé la première appréhension de la personne différente (“ha, tiens, ils sont exactement comme nous en fait”, c’est bête, mais à 14 ans c’est pas une évidence), je m’étais liée de façon très proche avec un jeune homme en fauteuil qui mettait un point d’honneur à jouer les vaillants destriers et à me mener partout où je voulais aller sur ses genoux…
Et tous les ans, une journée “tout le monde en fauteuil” était organisée, une asso prêtait les fauteuils et les valides étaient invités à passer une journée en fauteuil roulant, ben je vous jure que c’est beaucoup moins facile à piloter qu’il n’y paraît !
Et c’est là que j’ai appris la langue des signes, pour certains cours on avait un interprète pour les élèves sourds, langue que j’ai oubliée quasi totalement depuis, faute de pratique…
Les élèves handicapés ont tout à y gagner à être intégrés à un établissement classique, quand on en parlait avec eux, ils préféraient se lever à 4h le lundi et rentrer chez eux à 22h le vendredi, mais être dans un lycée normal plutôt qu’adapté.
Je suis encore en contact avec le fameux chevalier servant dont je parle plus haut qui est devenu un ami, il garde d’excellents souvenirs de son séjour en lycée classique, alors que pour le collège personne n’avait souhaité le recevoir (des marches partout, des portes étroites, rien n’était adapté).
Tout comme Diripouf, c’est une institutrice qui m’a élevée, j’ai été bercée par les valeurs républicaines… alors, je ne crois pas pouvoir un avis objectif sur l’aspect public/privé.
Je suis en revanche profondément choquée par la réaction de la directrice que je trouve hyper culpabilisante !!
Des amis qui mettent leur enfant dans la privé et travaillent tous les 2 ont été souvent fait les frais de la culpabilisation de la mère et parfois plus par les autres parents que les enseignants.
J’ai remarqué que les enfants sont souvent très conformistes au sens où ils souvent très envie de ressembler à leurs petits copains , de ne pas faire de vague et qu’il ne veulent surtout pas être différents d’une façon ou d’une autre. (c’est quelque chose que j’ai ressenti aussi quoique dans un registre très différent).
La différence quelle qu’elle soit construit la personnalité, elle peut rendre plus fort ou au contraire fragiliser.
Et en tant que parents on veut le bien de notre enfant et parfois les institutions veulent leur tranquillité…c’est malheureux à dire , le pire je crois c’est quand c’est motivé par une forme de jalousie ou de mesquinerie.
Les filles, je suis désolée, mais je ne peux pas vous répondre pour l’instant, je suis prise par le boulot et je veux pouvoir vous lire et vous répondre tranquillement. Je vous prie d’accepter toutes mes excuses et vous répondrais au plus tard ce soir sans faute.
J’en profite pour vous remercier pour tous vos commentaires très humains entichis par vos expériences.
Encore merci à Hélène.
J’ai été une enfant un peu précoce, et après avoir hésité à me faire rentrer plus tôt en CP (ce qui ne s’est pas fait parce que, paraît-il, j’avais trop besoin de jouer :-) !), j’ai finalement sauté le CE1, après avoir suivi un programme accéléré en CP avec mon institutrice (en école publique).
Je suis du début d’année, mais je n’ai pas eu de problèmes d’intégration, et ai été directement propulsée première de la classe. Au-delà, j’ai conscience que cet acte m’a “sauvée” de l’échec scolaire, de ce dont je me souviens des premiers jours du CP, c’était l’ennui face à la lenteur des leçons. Comme j’avais une certaine tendance au bavardage, j’aurais pu mal tourner scolairement je pense !
Donc merci à mon instit, au psy scolaire, à mes parents… de m’avoir offert cette opportunité, sans me forcer !
Ma mère a souvent regretté de ne pas avoir pu me faire aller encore plus vite, mais je ne crois pas que c’était franchement nécessaire, surtout quand je vois les difficultés que ça déclenche ! Et ma scolarité s’est toujours bien portée :-)
Bonjour
Comme Pixelle, dont j’aurais pu écrire le témoignage presque mot pour mot, je préfère ne pas associer ce pan de mon histoire personnelle à la façon dont je suis perçue par mes camarades de jeu sur le oueurldeuhouaïdehouèbe, j’espère que tu excuseras, Hélène, ce petit écart.
J’ai parlé de plein de choses assez intimes dans les commentaires de ce blog, et pourtant je n’ai jamais éprouvé le besoin de changer de pseudo avant aujourd’hui, cela montre sans doute à quel point cette “particularité” est encore perçue de travers dans notre société.
Pour ma part, connaissant le problème dans ses deux aspects (du point de vue de l’enfant “diagnostiqué” et du point de vue de l’enseignant concerné) je ne suis pas du tout surprise par le témoignage d’Hecube, même si cela m’attriste d’imaginer le désarroi de sa fille (sans parler du sien, au moment de cette conversation irréelle!).
Quand j’étais enfant, ce sont toujours mes profs qui ont fait pression sur mes parents pour que je saute une classe, pour que je “parte dans le privé” (sans succès, mes parents étaient encore “purs” à l’époque), pour que j’intègre un lycée public “d’excellence”. Dans ma famille tout le monde pensait qu’avec “mes capacités”, il n’y avait de toutes façons pas de souci à se faire à mon sujet.
Je regrette qu’il existe si peu de structures spécialisées pour les enfants précoces. J’avais trouvé un réel soulagement et pour ainsi dire du “repos” dans mes mercredis et samedis de théâtre, informatique, biologie (etc.) au “centre jeunes vocations” à Paris, mais quand j’ai voulu le conseiller aux parents d’un élève il y a deux ans, j’ai constaté qu’il n’existait plus.
Les parents d’enfants précoces ont souvent “honte” de se plaindre des difficultés rencontrées, parce que c’est beaucoup plus politiquement correct de se dire que c’est une bénédiction. Pourtant, ces enfants souffrent comme les autres de leur différence quand elle ne leur a pas été expliquée, ou qu’elle n’est pas acceptée.
Merci à Hécube pour ce témoignage précieux, et à Hélène, comme d’hab, pour lui avoir donné la parole.
bonjour Hécube et merci pour ton témoignage qui montre à quel point la société (dans son ensemble, ya pas que dans l’éducation nationale malheureusement) est frileuse à la différence…d’ailleurs à ce sujet, le mot handicap devrait être banni de la langue française car il stigmatise énormément…bref…
Cela a peut-être déjà été dit, mais en ce qui concerne ton histoire et celle de ta fille, je crois que le plus important est qu’elle soit heureuse et qu’elle arrive à construire sa vie de façon à ce qu’elle soit la plus jolie possible, qu’elle soit précoce ou non…
Cela dit, concernant les propos qui ont été tenus par la directrice de l’école je ne peux que te conseiller d’envoyer un courrier au recteur, ce genre d’argument est intolérable d’autant plus venant de la part de quelqu’un qui a pour mission principale d’éduquer !!
> Diripouf / Ratabouinouf, pardon, je me suis mal exprimée, je n’aurais pas dû te citer comme je l’ai fait. On est d’accord en fait, on se comprend. Secouons-nous les mains, comme dit Jolitorax.
Pour le reste, je crois que le problème, c’est que les “éducateurs” ont du mal avec les enfants “différents”. Quand j’étais cheftaine dans le scoutisme, j’ai été plusieurs fois (enfin deux) confrontée à des enfants non pas “handicapés”, mais ‘retardés’, et une fois à un enfant autiste. Je comprends donc par un certain côté la réaction de la directrice d’école qui a peur de devoir se coltiner un ‘enfant différent’. Car c’est vrai que c’est très difficile à gérer, un enfant qui a ‘un problème’. Le plus dur, souvent, c’est de le dire aux parents. Effectivement, je n’ai jamais balancé un “votre enfant est handicapé”. Mais les parents voulaient absolument, dans les trois cas, que l’enfant soit éduqué avec les autres. Et c’est tout à leur honneur. Seulement, l’éducateur n’est pas un surhomme. à moins d’avoir reçu une formation spéciale, il est très difficile de gérer le ‘handicap’, et je me suis à chaque fois trouvée face aux parents qui, comme un mur, me répétaient qu’ils ne voyaient pas le problème. Or problème il y avait.
Je ne sais pas si je suis claire mais je crois qu’il faut aussi bien voir que les éducateurs ont parfois peur d’un potentiel problème. Certains ont un peu peur de tout (une enfant précoce, c’est pas bien grave, me direz vous, et en plus la réaction de la directrice est débile et maladroite, et vous aurez raison de le souligner). Et dans le cas d’un enfant différent, on ne peut pas nier la différence. Bien sûr qu’il y a une distinction à faire entre les enfants. Ce n’est pas les juger.
@ Floraison Précoce, Vendanges Tardives, tu dis que tu aurais pu écrire mon témoignage quasi mot pour mot, je te rends la pareille sur ce point :
“J’ai parlé de plein de choses assez intimes dans les commentaires de ce blog, et pourtant je n’ai jamais éprouvé le besoin de changer de pseudo avant aujourd’hui, cela montre sans doute à quel point cette “particularité” est encore perçue de travers dans notre société.”
Je trouve dingue d’avoir honte de ça.
Chère Hélène, je suis une grande fan de ton merveilleux blog humain, animé, coloré, léger et sérieux à la fois.
Mais osé-je te faire une petite remarque. Je trouve moi très positif que la discussion s’écarte parfois du sujet initial, comme ici pour aborder les différences école publique/privée. Et je trouve intéressant que les gens ne soient pas toujours d’accord sur les mêmes thèmes et se battent pour défendre leurs idées…
Pour ma part, sans avoir sauté de classes ou autre, j’ai aussi toujours été très bonne à l’école, en avance d’un point de vue maturité sur mon age, ajoutez à cela un surpoids… Je suis vite devenue en primaire le bouc émissaire de l’école du coin. Ecole qui se trouvait en plein milieu du 93, avec des enfants violents, ayant de grosses difficultés scolaires (à l’époque il n’y avait pas de classe spéciale pour les non francophones).
Bref, mon primaire a été un calvaire, je m’ennuyais en classe, me faisais agresser dans la cour de récré…
J’ai vécu comme une véritable libération mon entrée en collède privé, collège certes élitiste mais plus dans ses valeurs que dans ses résultats scolaires : on ne tape pas son petit camarade, on organise des quêtes pour aider à payer le kiné d’un camarade handicapé physiquement….
Je garde aujourd’hui de ces premières années une fragilité et un gros manque de confiance en moi (les autres me trouvaient nulle ? Il avaient probablement raison, je l’ai cru longtemps…). Mais je remercie encore chaque jour cette école privée de m’avoir protéger contre les plus forts, le collège public m’aurait broyée…
Ce que j’en retire c’est qu’il ne faut pas à tout prix essayer de faire de son enfant quelqu’un de “normal”. Pour certains, choisir une structure adaptée où ils seront avec d’autres enfants comme eux peut être la meilleure solution…
Pixelle, Floraison Précoce n’a pas dit qu’elle avait honte.
Sans la connaitre et sans préjugé de ce qu’elle pense ou vit, je crois que c’est quelque chose d’encore douloureux pour elle, qu’elle a du, et doit encore, souffrir du changement de regard poser sur elle et qu’elle ne veut pas prendre le “risque” de vivre cela ici ou elle a montré une partie de sa personnalité.
Libre à elle de ne pas tout nous dévoiler, du moins sous la même entité.
Libre à elle de se préserver.
Nous ne livrons pas “tout” ici, même si nous sommes toutes libres de le faire. Et chaque parcelle préservée l’est pour des raisons différentes de l’une à l’autre.
Bonjour tout le monde, je ne sais pas trop à quoi va servir mon intervention mais bon…
Je voulais juste dire que je suis prof d’anglais depuis à peine dix jours – je suis en stage dans un lycée (public), j’ai une seconde et une première. Dans ma première, il y a une élève handicapée moteur; je ne sais pas comment s’appelle ce handicap, en fait elle marche et parle très lentement, (attention je vais dire un truc méga politiquement incorrect), un peu comme un… zombie.
Et bien je la traite comme tout le monde: elle est interrogée régulièrement, je lui demande de parler plus fort si elle parle trop doucement, je corrige sa prononciation, je la remets à sa place si elle bavarde, elle va au tableau, etc.
De toute manière je ne savais même pas que j’avais une élève handicapée! Je l’ai découvert en la voyant dans ma classe le jour de la rentrée. Elle n’était pas stigmatisée, il n’y a rien d’écrit sur les listes d’élèves. Quand après mon premier cours je suis allé voir le proviseur pour lui en parler, il m’a dit: “Ah oui, et bien c’est une élève comme les autres, point.”, pas étonné ou inquiet pour un sou.
Et bien je pense que cette “indifférence” au handicap, c’est justement la meilleure chose.
Quand je l’ai envoyé au tableau, je ne savais plus si je l’avais vu lever la main ou pas, je lui ai demandé: “Tu as levé la main? Tu veux y aller?”. Elle a mis un peu plus de temps que les autres à arriver au tableau et à écrire et voilà.
Bonjour Hécube, je suis absolument scandalisée par ton témoignage . Que des gens – des enseignants, qui plus est – osent qualifier de “handicap” le fait d’avoir une intelligence plus vive que la normale me consterne !
Ta fille a l’air d’avoir une forte personnalité, et je suis sûre qu’avec ses qualités intellectuelles, et entourée comme elle l’est, elle réussira dans la vie – “réussir”, pour moi, signifiant ” trouver sa voie quelle qu’elle soit et s’y épanouir ” …
Bonjour à toutes ! Quel échange intéressant ! Ou du moins, ça m’intéresse beaucoup moi même puisque je suis également passé par ce type d’expérience…
J’ai été considérée comme précoce dès la dernière année de maternelle car je savais lire (personne n’a su comment j’avais pu apprendre à lire toute seule, c’était trop drôle ! Avec le recul, je pense que c’est “l’initiation à la lecture” qui a bien fonctionné pour moi…).
Mais les instits m’ont fichu la paix car justement, si “intellectuellement” j’étais précoce, émotionnellement j’étais encore trop fragile (ça n’a jamais décollé de ce côté là malheureusement…). Donc en CP je suivais les cours de loin et… je lisais ou je dessinais le reste du temps ! Ceci dit, j’avais un excellent instit qui faisait toujours attention à “récupérer” mon attention quand on abordait un nouveau point important.
En CE1 je pensais qu’il en serait de même donc une fois que la leçon était copiée et que j’avais fait mes exercices, je sortais mon bouquin.
L’instit était plus âgé et ne comprenait pas ce que je faisais là, il a donc insisté auprès de la direction et de mes parents pour qu’on me fasse passer en CE2.
Mes parents étaient très fiers : au bout d’un mois de CE1, je suis donc passé en CE2.
Si la scolarité se passait bien, en revanche émotionnellement je n’ai pas tenu le choc : les élèves de ma nouvelle classe ne voyaient pas ce que je faisais là et pourquoi je débarquais de CE1 en plein mois d’octobre… et mes amis de CE1 ne voulaient plus jouer avec moi à la récré parce qu’ils ne comprenaient pas non plus pourquoi j’étais partie comme ça et qu’eux restaient avec le vieux !
Bref : plus de copains ni de copines à la récré : toute seule avec mes bouquins…
Puis j’ai trouvé la solution ultime : j’ai moi-même foiré mon année de CE2 en ne foutant plus rien et je me suis attirée la sympathie de mes camarades en faisant le clown.
Mes parents étaient catastrophés, ma moyenne a baissé de 5 points (de 10… à 5 !) en un trimestre !
En fin de compte, tout le monde a plus ou moins compris : j’ai redoublé mon CE2, j’ai retrouvé mes anciens camarades, ma moyenne est redevenue haute et j’ai recommencé à tuer le temps en rêvassant, en dessinant ou en bouquinant. Ceci dit, ça me convenait très bien : j’avais des amis de mon âge et mes résultats étaient excellents !
L’ironie du sort a voulu que 5 ans plus tard, la direction de l’école de ma soeur convoque mes parents pour lui faire sauter une classe. La réponse a été “niet” direct. Et elle aussi a eu des facilités et une vie très équilibrée en étant dans la classe de son âge.
Le “sautage” de classe n’est pas forcément une solution : surtout quand les enfants concernés sont très sensibles (comme moi et ma soeur étions).
En revanche, si je peux me permettre, je trouve le terme “handicap” vraiment très inapproprié.
Un de mes meilleurs amis est non-voyant et je n’oserai jamais confronté nos petits problèmes d’enfants “talentueux” (car il s’agit d’un talent ! Mal maîtrisé ou mal apprécié dans certains cas mais un don tout de même !) aux siens.
Juste une petite aparté pour donner tous mes souhaits d’encouragement à Perlettte pour son nouveau job de prof d’anglais, je te souhaite une passionnante carrière !
Tout d’abord désolée, mais je n’ai pas eu la patience de lire tous les coms avant de réagir…
Hécube, je suis solidaire, j’ai un fils dans une situation un peu similaire, et non, il n’est pas handicapé !
La précocité n’est pas un handicap, ce que t’a dit cette directrice est extrêmement choquant, autant pour les enfants souffrant d’un réel handicap que pour ta fille…
Effectivement les enfants “précoces” sont plus compliqués à élever que les enfants “dans la norme”… Mais avec un peu de soutien de l’entourage et beaucoup d’écoute, je pense (j’espère en tout cas…), que l’on peut arriver à leur faire suivre une scolarité à peu près normale.
Mon fils a “sauté” le CP, ensuite, on nous a proposé un passage anticipé en 6ème à la fin du CM1, nous avons refusé… Il vient donc de rentrer en 6ème (il a 10 ans) avec un léger décalage d’âge par rapport aux autres, mais pas encore trop.
Depuis l’an dernier, il voit un psy tous les 15 jours, et je dois avouer que c’est très positif, il est moins anxieux et a appris à utiliser toutes ses aptitudes en dehors de l’école, il fait du piano et du judo, sans que cela soit trop lourd à gérer pour lui, c’est le côté positif de la précocité !
Son plus gros problème a toujours été de faire avec le regard des autres, pas toujours bienveillant, loin de là…
Évidemment, il a toujours réponse à tout, il lit énormément et bien au-dessus de son âge, par exemple, à 9 ans, il s’est pris de passion pour la philo après avoir lu le Monde de Sophie et à dévoré les Contes Philosophiques de Voltaire, il arrive souvent qu’il nous pose des questions auxquelles nous ne savons pas répondre, c’est déroutant…
Nous avons eu la chance d’avoir toujours des équipes enseignantes très à l’écoute…
– désolée, Diripouf, mais mes enfants sont tous dans le privé ;-) – prêtes à donner du travail supplémentaire à Clément pour qu’il ne s’ennuie pas et à prendre du temps pour répondre à ses questions, trop “pointues” quelquefois pour intéresser toute la classe…
Voilà, nous en sommes là pour l’instant, la route est encore longue, mais j’ai bon espoir !
La Cuiller en Bois : oui, j’ai été maladroite, ce n’est pas forcément de honte que je voulais parler, mais je n’arrive pas à trouver le mot juste.
Même là, en écrivant ceci, je tourne en rond, supprime, réécris, enfin, ce que je veux dire, c’est que ça devrait être quelque chose de plutôt valorisant, en fait, d’avoir de bonnes capacités intellectuelles, et que la force des choses fait que ça devient quelque chose qu’il est difficile de s’approprier, parce que cette “qualité” est devenue source de souffrance.
Comme ces femmes qui sont très jolies et en souffrent parce qu’elles sont du coup présumées sottes, filles faciles,… Mais c’est quasiment impossible de dire “je suis trop jolie et j’en souffre”, tu passes pour une pimbêche, une fille qui voudrait “faire son intéressante” comme on dit à l’école…
On est capables ici de se confier des parts très intimes de nos histoires, mais pour ce qui devrait n’être qu’un détail, un petit plus, on n’arrive pas à “avouer” sous notre identité connue ici, en fait, c’est ça que je trouve dingue.
Enfin je sens bien que je m’emmêle un peu les pinceaux, désolée si je suis confuse…
Ce temoignage est tres interessant Hecube, merci !
Pfff… j’aurais plein de choses a dire, mais j’ai peu de temps. J’espere que ca ne sera pas trop decousu :-)
Je plussoie Mh : j’etais une enfant precoce et pour moi ca n’est pas forcement une benediction – d’ailleurs statistiquement les precoces sont tres representes parmi les eleves en echec scolaire total. Je suis d’ailleurs comme ton fils, Mh, mon parcours a fait que j’ai un peu tendance a considerer que les regles c’est bon pour les autres (bon je ne suis non plus pas une braqueuse de banques, hein ! ), et ma resistance a l’ennui est tres faible… je me suis trop ennuyee a l’ecole !
Je ne suis quasiment pas allee a la maternelle (je m’emmerdais a faire des gribouillis et j’aimais pas les autres gamins qui ne faisaient que brailler, dormir et faire des trucs de gosses ;-)). Puis j’ai saute le CP. Mais je m’ennuyais toujours et les instits ne voulaient pas que je saute plus de classes… je faisais en 10 minutes les exercices pour lesquels une heure etait allouee et je revassais le reste du temps. Puis les instits ont trouve une parade : je faisais ce que je voulais tant que je ne derangeais pas. J’ai ainsi eleve des souris blanches dans un coin de la classe, fait tout un expose sur la proprete expliquee aux enfants pour la Ville de Paris, puis fait plein de boutures de plantes une autre annee !
Plus tard, au college, quand le programme de francais me deplaisait (entre autres Jules Vernes et Zola), j’avais negocie aprement le droit de faire des commentaires de texte sur les auteurs de mon choix (Pagnol, Colette…). Le prof avait cede, vu que j’avais toujours la meilleure note de toutes facons. Pas facile d’apprendre que les regles s’appliquent a tous dans ces conditions !
J’etais dans le public (ma mere etant fille d’instit “de la laique”…), avec son lot de bons profs et d’incompetents complets, comme partout. Mais je suis persuadee que ma place etait dans une ecole specialisee, dans un endroit avec d’autres enfants comme moi. A l’epoque malheureusement il n’y en avait pas ou tres peu et mes parents n’ont pas souhaite me mettre en internat dans une de ces ecoles aux methode alternatives qui faisaient figure d’apprentis-sorciers…
J’ai eu un prof d’histoire-geo au college qui etait tres… special. Il ne faisait cours que pour “deux ou trois eleves, les autres c’est la fange” disait-il (ca parait incroyable maintenant, non ?). Qu’est ce que je l’aimais, lui ! Pas pour le cote elitiste, ca ne m’a jamais interessee de me comparer aux autres. Mais parce que ses cours etaient riches, denses, compliques… il liait l’Histoire, la litterature, l’actualite, ca foisonnait d’idees. Je me dis que si je n’avais eu que des profs comme lui j’aurais adore l’ecole. Mais chaque enfant est different, et ce qui peut en stimuler un va en bousiller un autre…
Ce que j’essaye de dire c’est qu’a mon avis il ne faut pas dire “tu es comme les autres, tu vas suivre une scolarite normale comme les autres, avec les autres et a leur rythme etc”. On ressent fort bien, meme tout petit, qu’on n’est pas comme les autres. Autant je pense qu’il ne faut pas cultiver forcement cette difference (attention au syndrome du petit singe savant), autant la nier peut etre source de souffrances…
je suis comme beaucoup révoltée par l’attitude de cette directrice et je ne suis pas sûre qu’il faille en l’occurrence opposer le public au privé.
Simplement, en tant qu’enseignante dans le public, je remarque que la doctrine, les valeurs et la théorie attachée à l’école gratuite de la république sont en effet l’accueil de tout le monde….je me souviens d’une réunion interminable il y a quelques années dans le collège où je travaillais, prélude à l’accueil l’année d’après d’une petite élève handicapée. Profs, instituteurs, psychologues, parents d’élèves ont tous discuté pendant deux heures sur les conditions de cette petite fille, alors qu’en fin de compte, elle ne souffrait “que” de dyslexie….c’est dire que l’école fait de gros efforts d’intégration. et met à la disposition des parents un numéro vert pour renseigner sur les parcours spécialisés ou adaptés des enfants souffrant de divers handicaps.
Malheureusement, on se heurte parfois à des incapacités matérielles, géographiques etc.
Et puis, toujours malheureusement, on se heurte parfois à l’inhumanité de certaines personnes, dans le public ou le privé et on tombe de bien haut parce qu’en tant que parent, on pense avoir fait le meilleur choix pour ses enfants et on est sans doute plus ouvert à la discussion.
Encore moi !
Je suis tout à fait d’accord avec Clémentine, merci pour ton témoignage… c’est ce qui est arrivé avec Clément (tiens c’est rigolo, presque le même prénom), il a appris à lire tout seul, on n’a jamais su comment…
@ Molly : Ah oui, justement, personnellement je n’ai pas pu faire de longues études car j’ai tellement passé de temps dans ma scolarité à “attendre sur ma chaise” que sortie du lycée, j’ai eu besoin de me prende en main, de travailler, de “servir à quelque chose”.
Au grand désespoir des profs qui voulaient tous que je fasse une école ou une fac mais pour moi c’était hors de question, je ne voulais plus écouter un prof et prendre des notes pendant x années.
Ma chance a été que ma ma mère soit Conseillère en Insertion prof et m’oriente vers un BTS en alternance (2 jours à l’école / 3 jours en entreprise) et pour moi ça été génial ! J’aurais pu faire 10 ans d’étude comme ça (si l’Inspection du Travail avait été d’accord…). Le fait de n’avoir que 2 jours d’école : les profs demandent d’être très “proactif” pour rattraper le niveau par rapport aux autres élèves qui sont à l’école toute la semaine et le fait de travailler permettre d’apprendre plein de nouvelles choses en parallèle et de mettre tout de suite en pratique le théorique.
Après, c’est sur qu’un BTS pour une enfant précoce ça fait pas rêver… mais mes parents s’en foutaient, ils savaient que j’avais plus de chance de trouver un taf avec un BTS qu’avec une maîtrise et je m’en suis quand même très bien sortie.
Pour ma soeur : même histoire. Elle voulait pas de fac, pas d’école et pas de prépa. Elle a fait un IUT : peu de cours théoriques, beaucoup de techniques et de mises en pratique et vient d’entrer en école d’ingénieur dans la même veine et pour l’instant ça lui convient…
De tous les enfants précoces que j’ai rencontré, aucun n’a voulu faire de longues études !
Après je ne généralise pas à toute la population… Mais ceux que j’ai connu ont voulu bosser rapidement.
@ vous toutes : je suis vraiement touchée par vos témoignages et votre soutien. je suis ravie de la qualité des commentaires et j’en tire un réel réconfort. Merci aussi de nous ouvrir votre coeur.
je suis désolée que certaines d’entre vous aient vécu un enfer et j’essaierai de tirer les leçons de vos expériences.
Pfff… dès qu’on sort de la norme, c’est toujours la même histoire, faut qu’on tente à tout prix de t’y faire rentrer… et si ça marche pas, on tente de te briser.
Trop grand, trop petit, trop gros, trop maigre, trop intelligent, pas assez intelligent, trop “bronzé”, trop “pâle”, etc, etc… :-(
La Sosso de Domingo: oh ben merci je suis très touchée!
Merci merci :)
Ah oui, encore une chose (dis-donc, quand je m’y mets, on ne m’arrête plus…).
Sauter des classes peut se révéler aussi très embêtant quand il s’agit de … trouver un travail !
Moi je me suis retrouvée Chargée de Communication avec une belle expérience pro dans une multinationale, pas mal de compétences et une jolie lettre de référence du PDG à… 19 ans (cette boîte ne pouvait pas renouveler mon contrat, elle était en plein plan social…).
Autant vous dire que ça paraissait très suspect aux yeux des recruteurs qui me disaient “Votre CV et vos références sont super mais vous êtes trop jeune ! Essayez plutôt les postes d’Assistante !”.
Au bout du 15ème comme ça, j’en ai eu marre. Je rentrais des entretiens en pleurant ! C’est frustrant de se voir refuser un poste qui a l’air génial juste à cause de son âge !!!
Coup de bol, on m’a proposé un emploi jeune dans une radio où je suis restée à faire le zozo pendant 4 ans. ça n’avait rien à voir avec ma formation et mon métier mais ça m’a permis de découvrir un nouveau milieu et de bien m’amuser ! (je travaillais aussi hein…)
Donc voilà, à réfléchir aussi avant de se réjouir que son enfant saute des classes !
Après tout, qui aimerait se faire ausculter par un gynécologue de 17 ans et demi ?
Mon fils a eu une instit géniale en maternelle qui lui a appris à lire, je ne sais même pas comment.
Bien sûr, il s’emm..ait au CP alors l’instit, géniale, encore lui a donné aitre chose à faire et à lire. et il a foutu la paix à tous le monde.
L’instit encore génial de CE1 a proposé un sautage en CM2 si lui et nous etions d’accord.
Il y est allé et a été direct en tête de classe et ça n’a plus arrété jusqu’à la l’intégration en grande école (c’est un vrai scientifique, ça été un choix de sa part).
Bref, tout ça pour dire que gràce à des maitres attentifs (école publique toujours par choix impératif de laicité) ça a roulé pour un enfant brillant, je ne pense pas qu’on peut dire précoce.
Mais il nous a raconté récemment qu’au collège être le plus jeune et le 1er de la classe n’a poas toujours été facile
Bon je crois aussi que c’est un gamin sympa qui a toujours eu des copains et des interets extrasclaires. Ca aide.
@ Clémentine, j’ai justement décidé d’arrêter mes études de pharmacie, pour faire un BTS ou un DUT l’année prochaine (c’est trop tard pour s’inscrire maintenant), j’ai rencontré une très bonne conseillère d’orientation, qui a compris mon envie. J’ai surement trouvé un DUT qui me plairait vraiment bien, et qui me permettrait quand même de continuer mes études après, si jamais j’en ai envie.
Mais c’est dur a assumer. J’ai l’impression que tout le monde pense que j’ai arrêté après mon premier échec en première année, et que de redoubler ça m’a foutu la frousse. J’ai l’impression que tout le monde pense que je me dégonfle face au premier échec, alors que justement, je crois que cet échec m’a ouvert les yeux, et mon copain et sa famille qui sont si différents des gens que j’ai pu rencontrer avant, m’ont fait découvrir que je devais penser a mon bonheur avant de penser à l’effet que ferait tel métier sur ma famille ou sur mon entourage. Il me reste encore a le dire a certains amis, et j’avouerais que j’ai peur des réactions, de l’iconprehension…
J’espère un jour voir ça comme un don, et plus comme un poids a porter, qui m’empêche d’avancer.
Je suis moi meme en situation de handicap (et pas le petit machin que tu peux cacher) donc le probleme je connais !
Pourquoi l’institutrice plutot que de contacter un centre spécialisé n’a pas contacter la mairie pour obtenir une AVS, ou une assistante diplomée pour s’occupper de ton enfant pendant et après l’école si t’es pas dispo ???
bonjour, quelques fois on lit des choses absurdes, et aujourd’hui c’est le cas ! les bras m’en tombent !!! mais je pense que tu as du passer un sale moment quand la directrice a prononcé tous ces mots de la honte (il n’y a pas d’autre mot!). Je suis bien contente pr toi que l’issue ai été favorable et que ta fille se sente bien à présent ! ;-)
Bonjour,
Je ne laisse jamais de commentaires dans cette rubrique car je trouve les sujets trés difficiles et surtout dur pour moi de trouver les mots justes.
Je préfère changer de pseudo, car j’ai beaucoup de difficulté à exposer ce que je vais vous dire.
Voilà, Hécube , je tiens à te remercier pour ton témoignage. je sais pour avoir vécu cela il y a 18 ans maintenant que c’est trés dur à gérer.
J’ai un frère “différent”, il est dodu, il est parfait mais le problème est mental. Avec ma mère nous avons du faire face à sa déscolarisation en classe de primaire. Cela a été trés dur à gérer pour ma mère car elle a du se battre pour leur faire comprendre que ce n’était pas LA solution.
Ils n’ont rien voulu savoir et à partir de ce jour , plus aucune école n’a voulu de lui. On fait comment dans ce cas présent? la mère arrete de travailler pour s’occuper de son enfant “différent”? on cherche un centre pour enfant handicapé? Difficile à admettre pour une mère..Mais nous n’avons pas eu le choix, ma mère s’est résignée à se dire que cela serait la meilleure des solutions pour mon frère. Oui mais…. tu l’évoques très bien , en France , très peu de structures adaptées existent, et quand elles existent, il faut voir l’état des locaux. Parfois , il n’y a même pas d’eau courante. Honteux? non douloureux.
Aprés des mois et des mois de batailles, ma mère à fini par trouver un centre pour mon frère mais il a fallu que nous déménagions car evidemment il n’en existe pas dans toutes les villes!
Il a été scolarisé pendant des années dans un institut médico éducatif. Ma mère et moi étions “soulagés” car mon frère “grandissait”. Ah mais on nous avez caché quelque chose!! A partir de 18 ans ces enfants sont considérés comme des adultes et ne peuvent plus aller dans cet école “spéciale”, bah oui ça aurait été tellement plus simple!
Donc on recommence! Il faut désormais lui trouver un Centre d’aide par le travail. Centre qui bien sur existe aussi dans toutes les villes de France et qui ne sont pas du tout surbookés!
Je vous passe les démarches administratives, on aura compris. rien n’est simple.
Aujourd’hui mon frère travaille dans une mairie , il est reconnue comme adulte handicapé et perçoit un salaire ( oui enfin, une indemnité de salaire, 350 euros) pour 39 heure de travail hebdomadaire ( et sans les RTT! ;-)
Oui le combat est difficile pour scolariser des enfants “différents”. Dur pour les enfants et pour les parents qui se sentent indéniablement coupables.
Hécube, je sais que c’est difficile mais accroche toi. Tu n’es pas une mauvaise mère d’une enfant handicapée. C’est un combat permanent qui ne vous laisse aucun répits.
Les politiques actuelles mises en place sont inadaptées , il n’y a pas assez de soutien pour les familles. Pour avoir été en Belgique, les choses sont tellement différentes.
Mais j’y crois et je sais que les choses sont en train d”évoluer. Il le faut , c’est nécessaire.
Je t’embrasse trés fort.
Merci beaucoup Hécube pour ton témoignage.
Je suis instit dans le public et il est rare d’entendre un parent remercier l’école publique de la sorte. Les larmes me sont montées aux yeux en lisant ton article.
Je suis heureuse que ta fille puisse s’épanouir.
Bizzz
Je suis, comme tout le monde, choquée par la réaction de cette directrice! Mais je comprends l’utilisation du terme handicap. cela dit, moi, je dirais plutôt difficulté. En effet, je suis prof et j’ai accueilli dans ma classe une enfant précoce. Elle avait 3 ans d’avance. En soi, ça à l’air plutôt une situation de rêve! Mais il ne faut pas oublier qu’être précoce, ça n’est pas tout simplement avoir de l’avance et être “plus intellignent”. C’est bien plus complexe et chaque enfant est différent!! La petite que j’avais dans ma classe présentait (et présente toujours, d’ailleurs!) des difficultés pour se repérer (elle est toujours perdue dans les couloirs! Et pourtant, mon collège est tout petit!…). Elle a des difficultés motrices: elle a une drôle de façon de marcher, en sport, c’est une petite catastrophe à elle toute seule… Elle est aussi anorexique depuis l’âge de…. 6 mois!!! Je résume, mais c’est pour vous dire qu’être précoce, c’est pas simple! Et ça se “couple” souvent avec d’autres choses: dyslexie, dyspraxie, hyperactivité…..
Et enfant précoce ne veut pas dire enfant qui aura tout fini et compris avant les autres! C’est parfois l’inverse, selon les activités! Des lectures de consigne peuvent devenir un calvaire, parce que l’enfant précoce prend beaucoup de choses au pied de la lettre et ça peut donner de grosses erreurs d’interprétation!! Et quand l’activité ou le texte ne l’intéresse pas, il va avoir tendance à laisser courir. Pas par esprit de contradiction, mais parce qu’il fonctionne dans son fort intérieur comme ça. Le sens de la justice, comme ça a été dit plus haut (désolée, je crois par hécube, mais je ne suis plus sûre…) est hyper développé et il peut rapidement se retrouver en souffrance sans que les autres (adultes ou enfants ) l’aient fait volontairement! On peut même mettre du temps à comprendre parce que sa réaction pourra être tout simplement de rentrer dans sa bulle sans exprimer son mal être.
Bref, je comprends les difficultés rencontrées par les enfants précoces, je les ai observées et vécues avec eux. Je comprends (et je plussoie!) celles et ceux qui regrettent d’avoir été détectés, celles et ceux qui regrettent d’avoir sauté des classes. La petite dont je parle est aujourd’hui en 4eme contre l’avis de sa maman qui souhaitait qu’elle ait une quatrième année d’avance. Mais je pense que l’équipe pédagogique, qui a passé des heures à en discuter (je sais, j’y étais!! ;-) ) a été sage: cette petite atteignait une limite: on risquait surtout de la rendre dingue, encore plus mal dans sa peau. Je ne vais pour vous refaire le cheminement, mais c’était pas simple. Pour un autre enfant, la décision aurait peut-être été différente.
Pour finir, dans chaque classe, il y a des élèves en difficulté pour des milliards de raison différentes: problèmes de famille, dyslexie (en moyenne, 1 enfant sur 25….), dyspraxie, précocité, problèmes moteurs, hyperactivité, difficultés de compréhension, nécessité d’aller en alternance en hôpital de jour….. etc, etc, etc…. Le prof, lui, doit faire cours à sa classe en entier. Et c’est ça son challenge!!!! Alors pardonnez les maladresses qu’on (les profs) commet tous un jour ou l’autre, parce que nous, on essaie juste de faire au mieux pour 28 ou 29 individus très différents, 28 ou 29 individus qui ont chacun leurs problèmes, 28 ou 29 individus qui méritent un traitement particulier……… et c’est pas facile!!
Bon courage Hécube et j’espère que ta fille pourra désormais s’épanouir à son rythme dans un environnement où elle semble mieux comprise!… c’est somme toute ça, l’essentiel!
Poussi, Alex, Toupi, Ptitechoco, Roz et toutes les autres : merci de vos encouragements, de votre écoute et de vos précieux témoignage. A moi aussi, ils me font monter les larmes aux yeux, devant tant de souffrance, d’incompréhension et de vie malheureusement parfois ratée.
A l’aune de vos commentaires, je vois la chance que ma fille a eu dans son parcours en intégrant son collège.
Je pense que si la directrice du primaire avait su quel bien sa mesquinerie allait nous apporter, elle aurait révisé sa position!
Je suis consciente que le chemin est encore long et difficile mais j’engrange tous vos conseils et témoignages.
Un grand merci à vous toutes, car je sais que pour certaines elles ont révélé des blessures intimes.
Et bien sûr encore une fois toute ma gratitude à Hélène.
@ Roz tout particulièrement : merci pour ton analyse pertinente et la synthèse de toutes les difficultées rencontrées par ces enfants.
Les psychologues et autres psychiatres m’ont d’ailleurs toujours dit que ma fille était assez atypique tant elle a développé des facilités à la fois intellectuelles, motrices et relationnelles. A elle toute seule c’est une agence de communication! Elle est toujours très entourée, sa gentillesse et son humilité faisant toujours recette. c’est une vraie chance!.
Effectivement, c’est une chance!… Je vous souhaite plein de bonheur pour la suite!!!
Désolée: je constate que j’ai laissé plein de fautes dans mon commentaire… Toute mes confuses!!
Roz, en tant que collègue, je te fais une grosse bise ! tu as superbement exprimé le quotidien d’un prof de base , merci !
Roz, merci pour tes voeux!
Ravie de vous retrouver avec un tel texte… Je partage tout à fait l’avis de Roz, moi aussi.
Mon ordi est enfin réparé, mais c’est pas gagné quand même ;-(((
Je vous embrasse toutes !
ps : il faisait 36° tout à l’heure (il est 16 heues chez moi) et chez vous ??? :-))))
Ca me fait quand même peur quand je vois les difficultés d’intégration des enfants “un peu” différents. Comme l’a dit une des filles dans son commentaire, dès qu’on ne rentre pas dans la norme, il y en a beaucoup qui vous regardent de travers !
Heureusement les mentalités (et peut être les moyens ?) changent doucement : nous acceptons mieux que le handicap que nos parents et les enfants d’aujourd’hui l’acceptent encore mieux que nous (sans doute grâce aux intégrations d’enfants assez différents dans les classes).
Pour l’instant ma fille n’a qu’un an et cela ne pose pas problème mais elle présente un petit handicap (le terme petit étant bien approprié puisque c’est… une naine – ou personne de petite taille pour ceux que le terme nain choque). Même si cela ne devrait pas poser trop de problème, il y aura quand même besoin de quelques adaptations (le mobilier, certains sports…), je croise les doigts pour qu’elle ne rencontre pas de gens stupides comme certaines ont eu le malheur de croiser (mais les commentaires de pas mal de profs ici et d’amis profs me rassurent quand même).
Et c’est vrai que ça me choque qu’on utilise le terme handicapée pour de la précocité (j’ai déjà du mal à l’utiliser pour ma fille alors que sa petite taille est considérée comme handicap physique…).
Hecube, bon courage pour ta fille (mais elle semble déjà très bien se débrouiller :) )
Je trouve pas que les enfants l’acceptent mieux, enfin peut être les handicap, mais pour ce qui est de la précocité, j’ai pas encore 20 ans, donc pour moi ça remonte pas a loin le temps du lycée, et du collège, et la jalousie, le mépris je l’ai vécu. C’était bien le regard des élèves qui était le plus difficile, pas celui des profs qui ne savaient pas comment agir avec moi :s
On apprend a ne pas dire certaines choses, pour ne pas blesser les autres, j’ai menti toute ma scolarité sur mon temps de travail, car allez expliquer a des élèves qui n’y arrivent pas, que vous vous avez eu une super note en travaillant même pas 30 minutes le contrôle alors qu’eux ils ont raté. Meme avec les amis on n’arrive pas a être “normal”, il y a toujours quelque chose qui nous rappelle qu’il faut se tenir dans le rang, pour pas risquer de ne plus être intégré. Et ca hélas, je pense pas que ca changera de si tot. Il y aura toujours la jalousie et l’incomprehension.
La différence est une “notion” que je rencontre tous les jours depuis le 15 août…
Et j’avais peur que ma fille la ressente trop à l’école. Dan sa classe, ils ne sont que deux “petits blancs” (l’expression n’est pas très jolie mais c’est celle qui convient le mieux) mais tout se passe très bien.
Dans l’école, je dirais qu’ils sont 5 %…
Bien entendu, ce n’est pas un handicap mais il s’agit aussi d’une différence…
Après avoir relu ton texte, je suis effarée par l’attitude de l’équipe de direction de l’ancienne école de ta fille.
Comme quoi, la bêtise est partout. Mais c’est tellement difficile à accepter parfois…
Hécube, merci pour ce texte. Hélène, merci de l’avoir publié. Toutes, merci pour l’éclairage que vous avez apporté par vos contributions. Comme toujours cette rubrique est riche en émotion et en échanges.
Cécile de Brest : heureuse de te revoir par ici !!!
Ce matin en découvrant le sujet de ton billet, Hécube, j’étais branchée sur la radio où une émission de société parlait de l’intégration des enfants handicapés physiques en milieu scolaire.
Tous mes voeux à ta fille, qui a l’air d’évoluer à merveille.
@ mmarie : merci ! Tu ne peux pas savoir comme je suis contente de vous avoir retrouvées !!! Depuis tout à l’heure, je saute et tournicote autour de l’ordi comme une hystérique !
J’vais peut-être aller préparer à manger, moââ (ben oui, c’est pas parce qu’on est au soleil qu’on ne mange plus, hein??!!)
Bon app, Cécile ! je crois pouvoir dire que NOUS sommes vachement contentes de te savoir de retour sur MBDF ;-)
Pas le temps de lire en détail les 112 commentaires précédents mais je tiens à faire partager que, souffrant du même handicap (j’ai passé le bac à 14 ans), j’ai fait toute ma scolarité dans le public, avec l’approbation des proviseurs concernés et de la majorité de mes professeurs. Non, les autres élèves n’étaient pas toujours tendres avec moi (surtout en sixième, où les filles qui avaient l’habitude d’être les premières de la classent et ne supportaient pas qu’une même pas neuf ans ait de meilleures notes qu’elles m’ont pas mal emmerdée) mais j’ai bien peur que le collège, comme grandir, soit de toute façon une expérience partiellement douloureuse pour une majorité d’enfants.
Par contre, avec le bac à 14 ans et habitant dans une petite ville, je n’ai pas eu d’autre choix pour poursuivre dans les maths que la voie de la prépa (ni mes parents ni moi ne me voyaient en fac à Marseille ou à Paris — les deux choix les plus sensibles — et encore moins habitant seule). J’ai morflé, comme beaucoup d’autres étudiants de prépa. Je suis restée sur les bancs de l’école parce que ça me plait, je fais une thèse et je m’éclate, et c’est bien ça qui compte, que ma vie me plaise maintenant.
La seule chose qui m’énerve, ce sont les gens qui réalisent que je suis bien jeune pour en être là où j’en suis et me saoulent avec des « waaaa t’as eu ton bac à quatorze ans », parce que bon, c’était il y a neuf ans, on peut passer à autre chose maintenant. Et pour finir, si ça intéresse quelqu’un, j’en ai parlé plus longuement sur mon blog ici : http://snurl.com/3p63o et là : http://snurl.com/3p63w
Bon j’arrive sur le tard, mais je voulais remercier Hécube pour ce billet qui, à travers cette histoire, a apporté un éclairage nouveau sur les enfants précoces. C’est quelque que je n’avais pas soupçonné.
Je suis heureuse de voir que ta fille se trouve maintenant dans un établissement qui permet son épanouissement et attristée d’avoir vu au fil ds commentaires que ce n’a pas été le cas de toutes et surtout, que pour certaines, les blessures sont encore bel et bien là.
La différence dans notre société très conventionnelle, conformiste et cadrée est toujours difficile à assumer, hélas, mais ce sont des histoires comme celle de ta fille Hécube qui tendent à nous donner l’espoir que notre société évolue, lentement peut-être, mais sûrement (si si j’y crois!).
Personne n’en a parlé mais le sujet est assez lié.
Aux parents d’enfants précoces : attention.
Il y a plusieurs sectes qui font de la “récupération”. Ces sectes sont particulièrement actives sur le net, notamment sur les forums dédiés aux problèmes de précocité ou d’hyperactivité.
Elles organisent des groupes de paroles ou des ateliers dans le but de “réunir ces enfants entre eux”.
Soyez très vigilants !
Notamment si vous entendez parler “d’enfant indigo” ou “arc en ciel fuyez” ! Ils ont un discours assez rigolo à l base (suffit de regarder sur Wikipédia, “les enfants indigos viennent des étoiles, ils sont là pour sauver le monde”… Waouh ! elle a l’air terrible leur tisane !)
mais quelqu’un en souffrance ou de vraiment déboussolé avec son enfant pourrait vite de laisser séduire par un discours assez rassurant et optimiste (ton enfant fait plein de conneries et ne t’écoute jamais, c’est normal : c’est un être précoce et divin !).
Attention aux gens trop gentils qui voudraient trop vous aider…
Merci pour cette info Clémentine, c’est très important !
Vous n’etes pas seule dans ce cas Hécube, comme vous le faites remarquer d’ailleurs. Je suis moi-meme maman de 2 garçons atteints d’une maladie génétique, qui ne se voit pas, ne se devine meme pas, mais qui demande juste un peu de vigilance de la part du personnel enseignant (ils font des hémorragies internes). En l’occurence, ça a été un vrai chemin de croix pour trouver une école pour mon plus grand, qui s’est vu refoulé de 5 écoles privées (que je croyais aussi plus aptes à s’occuper d’enfants “différents”), alors que la 1ère école publique à laquelle je me sois adressée, qui est à moins de 100m de chez moi, l’a accueilli de suite. Raphael vient d’entamer sa 3ème année au sein de cette école, et il n’y a quasiment jamais eu aucun problème. Son frère vient d’ailleurs de le rejoindre, et tout se passe pour le mieux! Bien sur, il y a eu pour ma part quelques petits problèmes inhérents à leur maladie, bien sur, mais mes garçons sont épanouis, bref, sont comme les autres !
Les gens sont betes parfois, souvent aurais je tendance à dire, la différéence leur fait peur, qu’elle soit positive, invisible, peu leur importe, on doit rentrer dans le cadre, sinon, tant pis pour nous…
Merci en tous les cas pour votre témoignage, on se sent moins seule dans la différence… Bonne continuation à vous et à votre fille !
j’aimerais apporter mon témoignage, même un peu tard.
J’ai été diagnostiqué “précoce” (enfin, à l’époque, on disait pas comme ça), je savais lire et écrire en maternelle, j’ai sauté le CP, et j’ai fait toute ma scolarité dans le public, sans aucun problème. Je ne me suis jamais senti différente des autres.
J’ai su très très vite que ma fille était elle-même précoce. Comme elle savait lire et écrire à la maternelle, nous avons décidé, après moult discussions et concertations, de lui faire sauter le CP, compte tenu du fait qu’elle est très sociable, avec un fort caractère, et que nous pensions donc qu’elle s’intègrerait sans difficultés avec des enfants plus âgés.
Elle s’est effectivement intégrée, non sans quelques difficultés, notamment parce qu’on la traitait souvent de bébé, de minus (elle est petite…).
Dès lors que sa scolarité se déroulait sans problèmes, je n’ai jamais dit à ses instituteurs qu’elle était précoce, car je n’avais pas envie de la singulariser.
Elle vient de rentrer en 6ème, et nous avons finalement décidé de la mettre dans une classe spéciale enfants précoces.
Tout ça pour en venir à ces remarques :
– tout au long de ses 7 ans de scolarité (3 ans de maternelle + 4 ans de primaire) aucun de ses 10 instituteurs, au demeurant tous très bien, n’a jamais remarqué qu’elle était précoce… Alors que cela est une évidence pour tous les autres observateurs non avertis qui ont été en contact avec elle, même peu de temps…
Il y a une omerta totale du corps enseignant à ce propos. Personnellement, peu m’importe, mais je pense à tous les autres enfants (dont bon nombre en grande difficulté scolaire) et à leurs parents, pas forcément au fait de cette particularité.
Je pense à son institutrice de grande section de maternelle, à qui j’avais parlé du saut de CP qui m’avait répondu : oui, c’est vrai, elle sait lire et écrire, elle s’exprime très bien, mais elle n’est pas assez sage en classe…
Hélas, pour beaucoup d’enseignants, l’enfant précoce, c’est le 1er de la classe, forcément très sage…
– Je considère et je dis à ma fille que sa précocité est certes une particularité, mais sans plus, chacun d’entre nous étant particulier et unique, doué pour certaines choses et pas d’autres. Je lui est expliqué notamment qu’elle avait la chance de comprendre et d’apprendre certaines choses plus vite que les autres, mais que cette atout de départ ne suffisait pas à réussir sa scolarité, et de manière plus générale sa vie.
Je lui ai expliqué aussi que ça n’était pas forcément bien compris, et que certains pourraient en concevoir de la jalousie ou du ressentiment…
Je ne la considère pas comme différente, et je n’ai pas envie qu’elle même se sente différente des autres. Ca n’est d’ailleurs pas le cas.
Mais je pense que les mentalités et les connaissances – surtout du corps enseignant ! – doivent évoluer à ce sujet, car je truve regrettable d’avoir été amenée à taire sa précocité, pour ne pas faire de vagues…
PS : pour faire plaisir à Hélène, vous observerez que je n’ai pas parlé de public ou de privé…
PAL, sans ton PS ton commentaire aurait été parfait ;-)
désolée Hélène, mon PS est sans aucune ironie, d’autant plus que je suis persuadée que ce problème n’a rien à voir avec le caractère public ou privé des établissements scolaires !
@ Waffo : merci! Et bon courage à toi et ta fille!
@ Molly : je pense que ce décalage se fait moins sentir dans les études supérieures, puis dans le monde travail. Ne perd pas courage et reste toi-même, en vieillissant ta différence sera mieux appréciée.
@Mmarie : merci de tes voeux!
@Krazy Kitty : ma fille va se trouver dans le même cas que toi, mais elle envisage une carrière scientifique. Elle est passionnée depuis toute petite par la chirurgie et veut en faire son métier. En revanche je ne sais si elle pourra intégrer la P1 au vu de son âge, à voir à ce moment-là.
@Delphinoid : heureuse d’avoir pu donner un éclairage sur ce sujet, en effet souvent tabou en France.
@ Clémentine : tu dois bien te douter que nous avons été approché par ce genre de personnages. Mais nous n’avons jamais écouté ces théories fumeuses. En tout cas, merci de tes avertissments, il est vrai que je n’avais pas pensé à en parler.
@ Bottomline : je te souhaite bon courage. J’imagine ton parcours du combattant. Ma fille, en primaire, avait un camarade qui souffrait d’une malformation de la boîte cranienne (pas d’os à certains endroits) et qui était obligé de porter un casque de vélo en permanence, afin d’éviter un drame en cas de bousculade dans la cour ou les couloirs.
@PAL : ma fille a eu cette chance, en faisant sa maternelle dans une structure Montessori de pouvoir assumer sa différence et d’en faire une force. Je regrette vraiment du fond du coeur que la France ne dispense pas une formation Montessori à tous ses enseignants. Beaucoup de pays européens (et les USA bien sûr) ont développé cette méthode dans leurs écoles publiques avec un confort appréciable pour tous les élèves (précoces ou pas) et tous les enseignants.
Il est par ailleurs incroyable te inadmissible que ces enfants soient en effet obligés de se niveler vers le bas pour ne pas se faire remarquer. Demande-t-on à un prodige du dessin ou de la musique de se cacher? Comme tu en as fait le constat dans beaucoup de commentaires, c’est de la souffrance qui attend ces enfants complètement déboussolés par cette négation de leur personnalité.
Je suis trop concernée par le sujet pour ne pas réagir. Pardon d’avance pour la tartine mais c’est tellement “politiquement incorrect” de parler des enfants précoces…
Maman de trois enfants précoces, j’aimerais insister avant tout sur le fait que contrairement aux idées reçues, on peut considérer l’enfant précoce comme un enfant potentiellement “à risque sur le plan scolaire” au même titre que les dyslexiques par exemple.
Quelques affirmation contraires aux idées reçues :
-Un enfant précoce n’est pas forcément un enfant scolaire :
Ils peuvent être passionnés par l’astronomie et prendre 2 heures pour faire 5 soustractions par pur manque d’intérêt et/ou de motivation.
Un enfant peut-être précoce et présenter une dyslexie ou dyscalculie qui sera difficile à détecter car sa précocité lui permet souvent de compenser.
Un enfant précoce peut présenter une lenteur ou/et une dysgraphie (problème d’écriture) qui le handicape à l’école.
Deux tiers d’entre eux en fin de 3ème sont médiocres ou en échec scolaire total.
-Un enfant précoce est souvent en décalage avec ses pairs sur le plan relationnel :
Ce sont souvent des enfants qui ont un langage très précis qui parlent tôt et très bien (difficultés ++ surtout en maternelle). Ils ont également préoccupations et des centres d’intérêt radicalement différents de ceux des autres (parler avec angoisse de l’extinction du soleil dans x milliards d’années quand les autres sont en pleine “pokémon party” c’est un peu bizarre).
-Le saut de classe est souvent une question de survie :
L’important pour un précoce est d’entretenir son goût de l’effort, le maintenir dans une situation où il n’a que des facilités n’est pas forcément bénéfique car il ne sait plus réagir lorsqu’il est confronté à une situation qui lui demande un effort de réflexion particulier ou bien panique et refuse de produire car il n’a pas la certitude absolue de réussir.
Les précoces ont aussi un seuil d’activation de la réflexion plus élevé qui les rend capables de rater complètement un exercice simple ou répétitif et de réussir quelque chose de beaucoup plus compliqué.
On connait pas mal d’exemple de “cancres” à qui on fait passer une classe après test et qui s’en sortent très bien dans la nouvelle classe en dépit du niveau plus élevé.
Parlons un peu de mon expérience personnelle :
-Mon premier enfant a été testé en grande section même si nous nous doutions de quelque chose depuis toujours.
Pour lui, l’école a été une horreur dès le premier jour (Petite section : “la maîtresse m’a proposé de faire de la peinture mais je lui ai dit non merci car il y avait beaucoup trop d’enfants”). Je regrette de ne pas avoir suivi les conseils de la première psy qui l’a testé qui nous avait conseillé de lui faire faire CP/CE1 en une année et qui nous avait “pourri” car elle trouvait qu’on n’aurait jamais dû le laisser une année entière en petite section.
Il n’a sauté aucune classe, n’aime pas l’école, n’a pas de copains et a des résultats scolaires moyens.
– Pour mon deuxième enfant, une aptitude relationnelle a “sauvé les meubles” dans un premier temps puis il y a eu une dégradation rapide en grande section avec maux de ventre, refus d’aller à l’école, irritabilité ++ à la maison…Mais une fois à l’école tout se passait bien.
Tests en fin de grande section puis nous avons ramé pendant un an pour nous faire entendre à l’école (lecture fluide acquise en octobre, calcul OK…mais réticence des instits).
A ce propos, je suis d’accord avec un commentaire précédent qui parle de l’occultation totale de la précocité par les enseignants : ils ne supportent notamment pas le fait qu’un enfant précoce soit été détecté par des professionnels hors Education Nationale.
Bref, retour à la normale après un saut de CE1 arraché grâce à la psy sco qui, après, avoir discuté avec nous, s’est rendu compte que le saut de classe n’était pas un enjeu pour nous mais bien pour le bien être mental de notre fille.
– Pour le troisième enfant, qui vient de rentrer à la maternelle, nous surveillons…car il nous parait pour le coup bien plus précoce que les deux premiers.
Bref, la vie des parents de précoces est bien loin d’être une sinécure comme peuvent le fantasmer les autres.
Ce qui me parait grave dans ce que dit Hécube c’est que sa fille parait correspondre au tableau du précoce “idéal” (“facilités à la fois intellectuelles, motrices et relationnelles”) et que malgré ça elle a quand même des problèmes. J’imagine l’attention portée par cette école aux enfants qui présentent de réelles difficultés dans un ou plusieurs de ces domaines…
mamanchenille sois la bienvenue, et merci pour ton témoignage ;-)
@ mamanchenille : ton commentaire retrace parfaitement tout le parcours des enfants précoces et de leurs parents. Je confirme tout ce que tu dis à propos des apprentissages.
Ma fille règle des problèmes de maths sans réussir à s’expliquer. Cela paraît inné!
Pour le reste je suis d’accord avec toi : malgré toutes les facilités dont fait preuve ma fille, ça reste très difficile à gérer. C’est pour cette raison que j’ai voulu parler de ce sujet. Comme tu l”as fait remarquer, il ya de gros fantasmes autour de ces enfants et cela entraîne des réactions parfois ahurissantes.
Tres joli témoignage.
Il me touche d’autant plus qu’il m’évoque le quotidien d’un membre de ma famille qui a un enfant ” différent”. Il est particulierement difficile de trouver un lieu qui accepte d’apporter une scolarisation à cet enfant, l’école dite ” normale” l’ayant refusé. Le nouveau de scolarisation de ce petit se trouve à plus de 100km de la maison familiale. Sa mère a du cesser de travailler car elle ne pouvait assurer les trajets et cumuler un emplois. Finalement elle a déménager avec le petit et trouvé un travail ailleurs, laissant son mari ‘ qui ne peut être muté ailleurs pour des années ) et ses autres enfants à 100km de là , où ils poursuivent leurs études. La famille est éclatée…
S’ajoute à cela le fait de s’entendre dire que jamais son enfant ne sera accepté comme normal… qu’il dérange …
Hecube, pixelle et les autres… je suis de tout cœur avec vous.
Dame Sce ton témoignage me fait penser au billet de Broutilles :
http://www.monblogdefille.com/blog/20080319une-si-petite-difference-par-broutilles
@DameSce : Merci à toi, mais je n’oserais jamais me plaindre par rapport à la situation que tu décris et je compatis au calvaire de cette famille. A cela s’ajoute une culpabilité vis à vis de l’enfant, car on se sent responsable de sa différence même si ce n’est pas fondé. Mais encore une fois, mon cas n’est pas comparable.