« Le jour de mes 30 ans, j’ai perdu mon emploi et mon appartement. A 16h12 j’étais une jeune femme vivant et travaillant dans une petite ville de la côte d’azur, à 16h14 je n’étais plus qu’une SDF avec des cartons sur le trottoir. Le comment du pourquoi n’est au final ici qu’un détail.
Alors, cet après midi là, j’ai pris mon portable, et appelé la seule famille que j’ai. Ma mère. Cette mère si ambivalente qu’elle en est toxique. Et j’ai expliqué ma situation, et devant le silence, n’ai eu d’autre choix que de demander si je pouvais venir chez elle le temps de me retourner. Elle m’a tolérée, sans jamais rater une occasion de pointer ma médiocrité.
Un an plus tard je vivais toujours là-bas.
Le hasard a fait qu’au moment où passer sous un train me paraissait une option tout à fait acceptable, j’ai rencontré quelqu’un. 4 jours ont suffit pour qu’un amour intense nous enflamme. Je découvrais que je n’étais pas si morte que cela, pas si nulle. Mieux : j’étais aimable.
Au bout de quelques semaines, nous avons traversé quelques difficultés. Il avait souffert de son côté, avait un fils déjà adolescent et j’étais marquée par une relation mère-fille trop malsaine pour croire que quelqu’un pouvait m’aimer. Cela devait forcement s’arrêter. Il découvrirait bientôt le monstre que j’étais.
Peu avant Noël, cette année là, j’ai eu des doutes. De ceux que seuls une femme peut avoir, contre tout logique. J’avais eu mes règles tout à fait normalement. Je prenais la pilule et nous utilisions des préservatifs. Pourtant quand j’ai fait pipi sur la languette, ce fut sans appel. Enceinte.
J’ai tenté de me rassurer, ce pouvait être un faux positif, j’ai donc pris rendez-vous avez ma gynécologue et je me suis effondrée en larmes quand elle a confirmé après échographie.
J’avais 31 ans, pas d’emploi, je vivais difficilement chez ma mère, je ne connaissais le père que depuis 2 mois et la simple idée de mettre un enfant au monde me paraissait la fin du monde. Avec mon passif, ma famille et rien sur quoi m’appuyer…quelle mère épanouie et équilibrée j’allais être !
Qui plus est, cet homme avait un fils, né d’une relation qui n’était pas faite pour durer, fils qu’il n’a pas choisit d’avoir. Mais qu’il a aimé et porté malgré bien des difficultés.
Donc à toutes mes peurs personnelles s’ajoutait cela. Avais je le droit de lui imposer la même chose encore une fois ? Le faire père sans qu’il l’ait choisi, sans que notre relation ait eu une chance d’évoluer.Un enfant non désiré. Ce que j’ai été.
J’ai pleuré deux jours entiers, mon visage a gonflé comme sous une allergie. Et puis j’ai dû faire des choix.
· J’ai appelé l’hôpital pour demander une IVG.
· Je me suis jurée qu’il n’en saurait jamais rien, quoi que devienne notre relation.
· Je n’en ai parlé à personne.
Et le parcours de la honte a commencé.
Personne n’a voulu croire que j’avais pris mes précautions. Personne ne m’a souri, ni pris la main, ne s’est posé avec moi pour parler. Non, je n’ai eu que froideur et dureté. Les regards méprisants, et la violence psychologique.
Pour le premier rendez vous, obtenu après lutte acharnée, je suis arrivée dans une salle ou mêlées, femmes enceintes heureuses et se projetant dans un avenir de douceur, côtoyaient celles en détresse poussées à un choix atroce.
J’ai vu une psychologue, expliqué mon choix, fait un bilan cruellement lucide de ma situation, morale, physique et financière. Et j’ai confirmé mon choix. La psychologue n’a pas compris pourquoi je refusais d’en parler avec le père. En fait je pense que personne n’aurait compris.
S’il m’avait dit garde-le…que serions nous devenus ? Lui père à nouveau sans l’avoir choisi ni voulu, moi une femme reproduisant un schéma familial morbide. Faire un enfant pour avoir quelqu’un qui m’aime et le détruire. Lentement. Mais sûrement.
S’il m’avait demandé d’avorter, jamais je n’aurai pu lui pardonner et poursuivre une relation avec lui.
J’ignore si c’est compréhensible, je sais juste que cet enfant aurait souffert, que je n’étais pas prête. Que j’avais peur.
Je suis allée ce jour là seule à l’hôpital, comme je n’avais personne pour venir me chercher plus tard, ils ont refusé l’anesthésie générale. J’ai dû accepter de le faire sous anesthésie locale.
J’ai patienté 5 heures. En voyant partir puis revenir les 4 autres femmes présentes dans la chambre. J’ai entendu leurs larmes, leur récit, j’ai vu leurs yeux mourir un peu.
Pendant ce temps je tenais un gobelet avec un cachet bleu. Si je prenais ce cachet il déclencherait une réaction en chaîne, je commencerais à tuer mon enfant.
J’ai attendu le dernier moment, et puis j’ai avalé le cachet. Et j’ai pleuré, en dedans. En me mordant les joues pour ne pas laisser couler les larmes.
L’infirmière est arrivée, pour m’emmener. J’ai marché le long du couloir, parfaitement consciente de chaque pas qui me séparait du bloc, de cette table froide et sans âme ou je perdrais une part de moi. Que des femmes…Elles ne m’ont adressé aucun regard, juste un « montez ». Mettez les pieds là.
Et alors qu’elles parlaient de leurs vacances, du prix des billets d’avions, j’ai senti qu’on m’arrachait le coeur par le ventre. Je ne voulais pas, au fond de moi je ne voulais pas de çà. Et mon coeur s’est rebellé, emballé, il est devenu hystérique, hurlant en battements désordonnés son refus, le mien.
On m’a giflée. Sommée de rester tranquille sous menace de me laisser comme çà. Après tout j’avais qu’à pas…
45 minutes plus tard je suis revenue dans la chambre, dans un état second. Morte.
Le soir je suis rentrée à pied. Lentement. A reculons. Dans cet appartement froid et amer, j’ai dit bonsoir, non merci je n’ai pas faim je vais dormir. Et j’ai passé les deux jours suivants entre larmes et sang.
8 jours plus tard je saignais encore. Retour chez la gynécologue. Les choses n’avaient pas été faites correctement. Je devais recommencer.
Retourner à l’hôpital. Pour finir de tuer mon enfant.
Cette fois j’ai eu le droit à l’anesthésie générale. Je me souviens seulement des larmes instantanées qui ont surgit quand je me suis assise sur la table, encore. Mais cette fois, un homme, le chirurgien a prononcé quelques mots rassurants, je n’ai pas eu le temps de les entendre, mais j’ai senti la douceur.
Je suis rentrée le lendemain chez ma mère. Sans que nul ne s’étonne de mon teint terreux. Et les jours ont passé. Une semaine pendant laquelle j’avais mis de la distance entre cet homme et moi.
Aujourd’hui ? Aujourd’hui nous sommes ensembles, amants, amis, amoureux, heureux. Il ne sait rien, ne saura jamais.
Mais tous les ans, j’implore mon bébé de me pardonner. Moi qui n’ai jamais su.
Signé : la requine »
159 commentaires
Ton témoignage est poignant…
Il est par ailleurs tellement riche et tellement intéressant que je ne sais pas quoi dire. Il y aurait énormément de commentaires à faire sur l’attitude du personnel médical, et tout autant relativement à la culpabilité que tu ressens. Bien que j’ai envie de partir dans toutes les directions, je m’en tiendrais à ce sentiment de culpabilité qui transparaît dans ton texte. Je me demande ce que l’on peut faire pour lutter contre, pourtant il semble que ta décision, quelque difficile qu’elle ait été, a été faite dans en mesurant toute la difficulté dans laquelle risquait de se trouver le futur enfant. Il est vain et naïf de croire, comme on a trop souvent tendance à le faire, que tout est soluble dans le sentiment maternel, et que le seul fait de se retrouver enceinte transforme la mère et sa situation sociale, familiale, psychologique, etc, en une wonderwoman capable, dans toutes les circonstances, d’aplanir toutes les difficultés et de tout surmonter “pour son enfant” (et je dis cela parce qu’il me semble que cette opinion prévaut souvent : “tu sauras trouver la force, pour ton enfant ” : quelle connerie !! Mais quelle immense connerie !! ) . Elever un enfant est une tâche lourde, et si on peut éviter de le faire dans des circonstances acrobatiques, c’est indubitablement un choix compréhensible et bon (juste, approprié), même si ça reste personnel (je veux dire qu’on ne peut contraindre tout le monde à faire de même). Mais je pense que tu devrais faire en sorte (je ne sais pas comment) de régler ce problème pour les futurs enfants, pour toi, pour te sentir libre. D’après ce que tu dis, tu es visiblement toute seule pour affronter certaines choses…
J’ai du mal à exprimer ce que je veux dire, mais je me comprends (comme c’est intéressant, n’est-ce pas?) Bon là je dois partir mais je vais revenir.
Dire que certains osent encore prétendre que l’avortement est une solution de facilité… Personne ne peut comprendre ce déchirement intérieur à part celles qui l’ont vécus, ce qui n’est pas mon cas. Je n’ai donc pas le droit de te dire que je te comprends, toutefois, je peux au moins te dire que je suis révoltée par l’attitude du corps médical qui aurait dû t’accompagner et t’encadrer dans ce parcours. Tout cela me désole.
Pardonne-toi surtout, car tu as fait un geste d’amour pour cet enfant là.
Des bisous doux
J’en pleure. Avec toi.
Je suis sûre que tu trouveras ici la compassion que tu méritais à l’époque et à laquelle tu n’as pas eu droit. Prends-la, elle n’est pas virtuelle, elle est bonne. Je t’embrasse.
Je suis très touchée par tes mots… Ce que tu as vécu est bouleversant.
Comme il a été dit plus haut, je suis horrifiée par l’équipe médicale qui s’est ” occupée” de toi… par la culpabilité qu’elle n’a pu que renforcer.
Tu as fait un choix extrêmement difficile et qui créer beaucoup de souffrances. Pourtant, à la lecture de ta situation, il semble être le plus raisonnable, le plus ” justifié”. Tu as sacrifié bien des désirs et des espoirs dans l’idée de protéger ton compagnon et ce futur enfant. Hélas, la raison ne suffit pas toujours pour apaiser les douleurs.
Tu as évidement tout mon soutient…
As-tu quelqu’un à qui en parler ?
Courage Requine, je ne suis pas dans ta situation, j’espère ne jamais l’être mais je pense sincèrement que tu as fait le choix que tu devais faire dans la situation telle que tu nous l’as décrite.
Quelle honte ce personnel médical qui refuse d’admettre qu’on puisse tomber enceinte par accident et non par choix ou étourderie. Quelle honte ce soutient et cette douceur refusés. Quelle honte pour finir ce charcutage et ce chantage ! “On m’a giflée. Sommée de rester tranquille sous menace de me laisser comme çà. Après tout j’avais qu’à pas…”
Je veux bien croire que les soignants des services IVG doivent voir toutes sortes de femmes mais de là à oublier l’humanité qu’on attend d’eux, franchement…
Ne te laisse pas manger par la culpabilité (je sais, c’est facile à dire !).
Que te dire? Que je t’embrasse, que je te souhaite avec le temps d’arriver à te pardonner et de continuer d’être heureuse puisqu’ apparemment maintenant c’est le cas.
Bonjour à toutes,
Chère Requine, tu as fait le bon choix, malheureusement c’est souvent le plus difficile. Il est très courageux de ta part d’avoir pris tes responsabilité vis à vis de cet enfant, du père et de la société. Il est trop facile de se laisser porter par les événements et de se plaindre ensuite. Ce petit ange, tu lui a évité une vie bien difficile, et tu dois, avec le temps, te pardonner ton geste. Je ne dis pas oublier, c’est impossible mais ne plus t’infliger de culpabilité.
Quant à l’équipe médicale, malheureusement, beaucoup “se blindent” contre la douleur d’autrui. Toutefois, un sourire, un mot gentil, ne les empêcheraient pas de garder une certaine distance.
Comme l’a si bien dit Mélanie, tu trouveras ici le soutien et la compassion que tu n’as pas eu à l’époque.
Courage!!!
C’est un témoignage bouleversant, je suis de tout coeur avec toi et espère qu’un jour cette culpabilité qui est la tienne disparaitra…
La Requine, toi seule pouvait décider ce qu’il fallait faire. La façon dont on t’a traitée est inacceptable mais il faut que tu saches que tu es la seule qui ai le droit de décider de ta vie. Courage.
Chère requine, ton témoignage est très bouleversant. A différents niveaux à mes yeux. Ta solitude me touche beaucoup. J’y retrouve en partie des épisodes de ma vie qui m’amènent à ressentir de l’empathie et de la compassion à ton égard. Je te souhaite de tout coeur de retrouver la sérénité et le bonheur. Pour parvenir à être bienveillante vis-à-vis de toi-même. J’ai été frappée par le sentiment de culpabilité que tu ressens vis-à-vis de l’enfant que tu n’as pas eu, et je suis frappée également par ton pseudonyme. Tu te considères comme un requin? …pourquoi?
Tu es une femme qui a dû se confronter à des épisodes douloureux de l’existence, tu as avancé, pris des décisions seule et sans pouvoir te reposer sur qui que ce soit. Tu n’as rien d’un requin, à mes yeux. Je n’ai pas la possibilité ce matin d’approfondir d’avantage mon commentaire, et je le regrette. A plus tard peut-être…
Ne culpabilise pas Requinette, tu étais à un carrefour de ta vie, tu as choisi le chemin, tu ne pouvais pas faire autrement. Tu n’es pas une meurtrière, mais juste une femme cruellement seule qui a choisi entre plusieurs avenirs, et qui n’a trouvé que le froid et la brutalité quand elle aurait eu besoin de chaleur humaine.
Regarde devant toi. Tu as su préserver votre amour. Tu as construit, tu n’as pas détruit.
Gros bisous.
Emue aux larmes par ton récit et profondément choquée de ce que tu as dû subir …
J’espère que tu sauras trouvé l’aide psychologique pour faire ton deuil et surtout retrouver l’estime de toi que tu mérites.
Je te souhaite du bonheur …enfin …
Bonjour Requine,
Je suis désolée pour toi… Je ne peux (ne veux…) personnellement pas donner mon sentiment sur l’IVG…
Mais j’espère que cette douleur que tu ressens à l’intérieur de toi te permettra quand même de vivre des moments heureux et, pourquoi pas si tu le souhaites, aimer un autre enfant.
Des bises
Pour être passée par là.. et des années après, m’être rendue compte, que jamais on n’oublie cette épreuve et donc me faire soigner pour ça, je pense être relativement bien placée pour te donner ce conseil : Ce n’est pas à ce bébé de te pardonner… C’est à TOI de TE pardonner..
Ce bébé t’aime, tu es sa mère, quoi qu’il arrive. Il faut le laisser partir, le regarder dans les yeux, lui dire au revoir. Tu ne te détacheras jamais du souvenir, mais il faut absolument que tu te détaches de cette culpabilité qui te ronge et qui ne sert à rien.
J’ai eu les mêmes sensations que toi au niveau du corps médical… mais au final, avec le recul, ca ne m’a pas manqué. Sur le coup c’est très dur, très violent, révoltant, mais ca m’a permis de mettre les choses dans des cases : c’est une opération, pas un accouchement. Les gestes professionnels, froids, mécaniques ont leur place dans la salle d’op. Bien sûr, aucune parole psychologique de réconfort, mais je crois qu’ils/elles en voient tellement… pour moi comme pour toi, la salle d’attente était pleine.
A toi maintenant d’aller chercher de l’aide, car tu en as besoin. Renseigne-toi sur un bon psychologue dans ta région. Que cela te semble une épreuve, je peux le comprendre (j’ai au son numéro pendant un an avant d’oser appeller), mais franchement, tu ne pourras pas t’en passer, et tu te sentiras tellement mieux après…
J’ai fait une douzaine de séances l’année dernière. Je pensais que faire un enfant serait la chose la plus difficile à faire avant de me faire soigner.
Aujourd’hui je suis enceinte de 4 mois, en paix avec moi-même, j’ai donné un nom à cet enfant que j’ai choisi de laisser partir, comme j’en donnerai un à celui (à ceux!) qui viendra au monde…
Je suis vraiment de tout coeur avec toi. Si tu veux en parler plus longuement, je suis sûre qu’Hélène peut nous mettre en relation par mail.
Je t’embrasse.
PS pour Hélène : paaaaaardoooon, j’ai changé de pseudo Hélène, je le ferai plus, promis, promis, mais j’ai tellement parlé de ton blog autour de moi ces derniers temps… je n’ai pas vraiment envie d’aborder ce sujet à la machine à café :))). Ca passe pour cette fois, dis, tu me donnes une dérog? ;)
Quand j’étais plus jeune, l’infirmière du lycée nous avait dit qu’elle ne jurerait jamais une femme ayant avorté car on ne savait jamais dans quelle détresse (psychologique, financière…) elle se trouvait. C’est tellement vrai. Il y a presque 4 ans, j’ai pris “l’autre” décision et je reste persuadée que seule toi (ou moi) savait ce qui était le mieux pour toi, pour vous dans ta vie à cet instant-là.
Je te souhaite de trouver la paix et de te pardonner, même si dans l’absolu, tu n’as pas à te pardonner quoi que ce soit. Tu as pris la décision qui te semblait la meilleure pour toi à ce moment-là de ta vie. Et il est temps que tu recommences à vivre, tu t’es assez “punie”.
Tu sais, l’important pour un enfant, c’est de voir sa maman heureuse. C’est la condition sine qua none de son bonheur à lui. Ce que voudrait cet enfant (le lien reste ancré en toi vu le ton de ton message), c’est que tu sois heureuse et que cet évenement (aussi dramatique et douloureux qu’il soit) ne te gâche pas la vie, parce que si justement tu as choisi de le laisser partir, c’est pour faire le moins de dégâts possibles, pour lui et pour toi.
Allume une bougie, recueille-toi et laisse-le partir, pour pouvoir toi vivre cette belle histoire avec ton compagnon. Je crois sincérement (même si cela sonne un peu cucul de dire ça) que c’est ce que cet enfant aurait voulu.
Je te souhaite d’être infiniment heureuse et je me permets de t’embrasser.
Bonjour !
Requine, ce que tu as vécu est une épreuve que malheureusement je comprends, dans une moindre mesure, mais la décision n’est jamais facile à prendre et demander pardon est aussi quelque chose que je fais tous les ans. J’espère que tu vas réussir à trouver ici du réconfort et de l’écoute ! Parce qu’en parler même anonymement (comme je le fais) est le moyen que j’ai trouvé pour arriver à passer par dessus.
En revanche, je voulais quand même rendre hommage au service d’orthogénie où j’ai été reçu. Ce n’est peut-être pas le propos de post et je ne voudrais pas détourner le sujet, mais j’ai souvent entendu des femmes être maltraitées (parce que c’est de la maltraitance ce que tu as vécu) et je voudrais “rassurer” les femmes et remercier ceux qui m’ont suivis. J’ai eu la chance d’être suivie pas un personnel compréhensif et attentif.
Je m’embrouille un peu mais ce que je voulais dire c’est qu’il existe heureusement des médecins et infirmières compréhensibles et ce que tu as vécu ne devrait pas exister !
Alors, je reviens et je relis ton texte et je lis ce que tu écris sur l’appartement froid et amer. J’imagine parfaitement ce que peut être un appartement froid et amer. Comme j’ai eu des enfants, j’imagine parfaitement aussi le cauchemar qu’aurait pu être une grossesse et les premiers pas d’un enfant dans cet univers “froid et amer”. Or c’est toi qui peut évaluer ta vie, son cours, le poids des évènements qui la traversent : s’il t’a paru, à toi, impossible de mettre au monde un enfant dans cet univers-là, c’est que c’était réellement impossible ; comment dire? La maternité demande entre autre de l’humilité, celle de ne pas s’imaginer capable de faire plus qu’on est réellement capable de faire.
On idéalise la maternité, me semble-t-il. Le fait de devenir mère donne soi disant toutes les sagesses, toutes les capacités, la force de soulever des montagnes, etc. Mais ce n’est pas vrai, la maternité est faire de milliers de minutes qui se suivent et dont beaucoup sont laborieuses (même si les minutes merveilleuses enlèvent le poids des minutes lourdes). En fait, il faut de l’humilité, celle de reconnaître que l’on n’est pas forcément capable de tout résoudre, et que l’on peut faire des erreurs ; celle aussi de juger si le moment est opportun ou pas. Et de cela, chaque femme est juge, et non pas des personnes extérieures.
Qu’est-ce que je baratine !!!! Et finalement pour ne rien dire.
Mais ton témoignage est vraiment très beau, et il m’a beaucoup touché. Tu dois trouver en toi la personne qui te condamne et lui rabattre le caquet. Il y a tant d’enfants sur qui se déverse l’amertume de la vie des autres autour d’eux…Tu as juste voulu éviter qu’il y en ait un de plus. Tu dois te pardonner une faute qui n’en est pas une.
(Si jamais, dans ce que j’écris, il y a un truc qui te blesse, demande mon mail à Hélène et tu pourras me le reprocher, ou me demander d’être plus claire, car ce n’est pas ce que je veux, mais j’ai l’impression énervante de tourner autour du pot ; je vais donc me taire).
Tu as fait le choix qui te jugeait le meilleur – pas facile et pas de gaieté de coeur. Comme il est dit en haut, pardonne-toi. Courage et je t’embrasse bien fort.
Je suis très touchée par ton témoignage, et évidemment très très en colère de l’attitude du personnel médical !! Ca me rend dingue qu’on fasse payer aux femmes un acte qui ne regarde que leur corps, détresse ou pas. Tu as pris la bonne décision, elle était déjà en soi très difficile, j’ai mal pour toi que ces gens n’aient pas su être là pour te le montrer et t’aider à vivre ce moment.
Tu n’es coupable de rien, tu as au contraire le mérite d’avoir su t’éviter à toi, et à tes proches, de nouvelles difficultés. N’aie aucun scrupule à être heureuse et à vivre ta vie !
Poignant… Je suis bouleversée…
Aucun autre mot ne vient, je te souhaite d’être entourée de douceur, de réussir à te pardonner ce que tu te reproches, à tort ou à raison, je te souhaite plein de bonheur…
…demander pardon toute sa vie… les années passent mais la blessure reste en l’état. Rendre à césar ce qui est à césar( je crois que c’est comme ça que l’on dit, n’est ce pas?) est important aussi: parvenir à identifier les injustices et nos forces et qualités, ressentir de la culpabilité est un sentiment qui peut nous servir à avancer à mes yeux. Dire clairement à tout un chacun qu’il nous a blessé, rejeté ou abandonnée (je pense plutôt à ta mère, et non pas au corps médical,…quoi que…) implique aussi la possibilité éventuelle qu’ils te demandent pardon….à toi!!
Bonjour!
Je suis sidérée par l’enchaînement invraisemblable de négligences de la part des gens qui t’entourent et qui te conduisent à une telle culpabilité! L’accompagnement de l’IVG est un vrai problème car tout change dès lors que tu es bien entourée, accompagnée, suivie. J’ai vécu une situation similaire et j’étais dans un état pas possible, terrible, déchirée etc. Amis, parents m’ont aidée à bien voir les aspects positifs et négatifs dans le fait de garder ou non l’enfant, je me sentais accompagnée dans les deux sens et je parlais bcp et peu à peu ça s’est détendu en moi et j’ai sereinement (enfin, autant que possible) décidé de ne pas poursuivre la grossesse.
Si j’avais du garder en moi ces larmes, ces doutes et cette culpabilité, je crois que j’aurais étouffé. Ce qui m’a aidée à aller dans le sens de l’IVG, c’est le fait de comprendre que cela ne concernait que ma VIE DE FEMME, pas ma vie de mère. Pour paraphraser Simone de B, on choisit de devenir mère. C’est la liberté contemporaine et c’est une responsabilité immense et belle. Tu aurais pu “laisser aller”, laisser la vie décider pour toi, et risquer de perdre des choses auxquelles tu tiens. Tu aurais pu mettre au monde un enfant à qui tu en aurais voulu, malgré ton amour, car le ressentiment est une émotion difficilement contrôlable. Tu aurais pu devoir affronter sur le long terme une situation précaire, déprimante, anxiogène pour tout le monde, alors qu’avoir un enfant, cela peut être si beau! Pourquoi te priver de cette beauté-là? Tu ne t’es pas comportée en victime, tu as assumé seule un accident créé à deux (rappelons-le… ton compagnon a de la chance car il n’a pas été touché, tu as tout pris seule alors qu’il était aussi partie prenante).
Aujourd’hui tu réalises, dans la douleur, ton désir d’enfant (d’après ce que je comprends). Mais tu as maintenant tout l’espace devant toi pour choisir d’être enceinte, en préparant bien les choses, pas dans l’angoisse, en vivant chaque moment de ta grossesse comme une joie et pas comme un fardeau inquiétant.
Tu n’as pas tué ton enfant. Un embryon n’est pas un enfant, contrairement à ce qu’une frange détestable de la militance pro-life s’ingénie à faire entrer dans le coeur des femmes. Rappelle-toi Descartes, qui a sérieusement étudié la question : je pense donc je suis. Pas de pensée, pas d’être. Un embryon est un potentiel d’enfant, un amas réactif de cellules magnifiquement organisées certes, et cette promesse est émouvante, mais c’est TOI seule qui éprouve cette émotion.
Ne te laisse pas envahir par des images éprouvantes, repose-toi et profite de ta belle liberté avant d’envisager, calmement, de fonder une famille. C’est difficile d’aller contre la nature (sensation du corps qui “nidifie”, qui protège, instinct de préservation, envie de se replier autour de la gestation), mais c’est aussi ce qui fait que nous sommes des êtres humains, conscients et capables de choix.
Je voudrais dire aussi que ce que tu dis de ta relation à ta mère est inquiétant. Certainement serait-il bon pour toi de créer un éloignement sanitaire (vacances? Foyer? Studio indépendant? Chambrette sous-louée à une copine?…).
Enfin, il serait aussi très bon que tu trouves un interlocuteur (psy du planning familial? Centre médico-social?) pour vider ton sac et te déculpabiliser, et voir que l’avenir c’est DEVANT, pas derrière. Et aussi pour raconter ce que tu as vécu en termes d’accueil médical – c’est scandaleux, honteux. Tu pourrais très bien écrire une lettre pour dire ce que tu as vécu et les sentiments afférents, et envoyer ça à tous les praticiens concernés, y compris la direction. Jer me souviens de ma mère très mal accueillie lors d’un cancer du sein, elle a fait ça, eh bien je peux te dire que ça a ch… des bulles dans le service. Non mais!
Lorsqu’il sera temps, et que la confiance sera installée, l’avenir ouvert, tu pourras certainement envisager de raconter à ton amoureux ce qui s’est passé. Car même si tu l’as protégé, le non-dit est une base glissante. Quand tu feras ça (bien entendu, si votre relation grandit au point de l’exiger), la cicatrice sera totalement fermée, même s’il reste tjrs une trace, qui participe à faire ce que nous sommes. Des femmes libres, et fières de leur Histoire (une pensée pour Simone V.)
Haut les coeurs!
@bene-ch: …mais elle doit se pardonner de quoi? d’avoir été trop seule pour envisager une solution autre que l’avortement?
Chère requine,
je suis bouleversée par ton témoignage. Il donne envie de te serrer très fort. Ta décision de ne pas mettre ce bébé au monde était très courageuse et étant donné ta situation à ce moment, c’était certainement la seule qui soit raisonnable. Cela n’enlève rien au chagrin et à la douleur que tu ressens de ne pas avoir eu cet enfant. Mais tu n’as pas à te sentir coupable: ce que tu as fait est le contraire d’un choix égoïste. Tu as choisi de ne pas mettre au monde ce bébé pour ne pas faire le faire souffrir. Tu n’as pas fais ce choix dans ton intérêt, mais dans le sien. Il n’y a rien dans cette décision dont tu dois avoir honte ou te sentir coupable.
Je te souhaite beaucoup de bonheur et d’amour pour soigner enfin ta blessure.
J’ai vécu une histoire semblable… J’avais 23 ans, je venais juste d’arriver dans une ville à 1000 km de chez moi où je ne connaissais personne, j’étais en train de perdre mon boulot et le père n’était pas disponible. De toute façon, je n’ai jamais voulu d’enfant. Malgré cela, l’IVG n’a pas été un choix facile ni anodin. Et moi aussi, j’ai eu affaire à des comportements cruels. On m’a refusé le droit d’utiliser un walkman (ce n’était pas encore des lecteurs de MP3 à l’époque!) parce qu’il fallait que j’entende le bruit de l’aspiration “pour me rendre compte de ce que je faisais”. A un moment, je pleurais: une infirmière m’a giflée. Et quand ça a été terminé, elle m’a tendu la bassine qui contenait le foetus en me demandant si je voulais voir. C’est un souvenir affreux. Mais 14 ans plus tard, je sais que l’avortement restait le bon choix pour moi. Je n’ai toujours pas d’enfant et aucun désir d’en avoir.
Voici un témoignage bien bouleversant qui me touche profondément. Il est pourtant tellement évident que dans la quasi majorité des cas, le choix de l’avortement est tout sauf une question de facilité! Et personne n’a le droit de juger! l’histoire de chaque femme confrontée à ce choix est particulière, unique, souvent dramatique.
Tu t’en veux encore aujourd’hui mais en fait, je trouve que tu as été très courageuse et que c’est vraiment par amour que tu as fait ce choix. Je te souhaite très sincèrement et du fond du coeur de trouver à présent un certain équilibre, beacoup d’amour et de tendresse auprès de ton compagnon car tu es manifestement quelqu’un de très bien à qui il est arrivé des choses très moches.
Je t’envoie plein de tendres bisous
Glop, ce que tu dis est parfait !
Armalite, je suis horrifiée par ton récit… Tu as beaucoup de cran d’avoir surmonté cela !!
Témoignage boulversant.
Et je m’insurge vis à vis du comportement du personnel médical auquel tu as eu affaire. Comme si cette décision de l’IVG avait été prise à la légère, comme si ce n’était qu’une formalité, comme si ça n’entraînait pas chez toi une immense culpabilité.
Non au lieu de te soutenir, de t’entourer, ces infirmières t’ont enfoncée encore et encore, je trouve ça tout simplement ignoble.
Armalite, c’est horrible de voir à quel point tu es tombée sur des gens inhumains car il s’agit bien de cela !
Je souhaite bon courage à celles qui ont malheureusement vécu ce genre d’expérience, car les séquelles seront toujours là. Cependant vous aviez pris la meilleure décision à ce moment précis, votre décision, et c’est la seule chose qui importe.
Sarah B. pas de problème pour le changement de pseudo, dis-moi juste s’il est définitif ? ;-)
Je sus bouleversée par vos commentaires, les filles (et évidemment par le texte de la requine).
Vraiment.
chère requine , j’en ai les larmes aux yeux…
je ne trouve d’ailleurs pas les mots
tu es juste une femme, humaine ,qui à un moment de sa vie a du prendre une décision , aussi terrible soit elle mais il faut garder en tete que malgré toutes nos douleurs , et dieu sait combien j’en ai eu des peines moi, la vie est belle , oui elle l’est , car si aujourdhui on pleur , demain on sourira . chaque personne a droit au bonheur , à son bonheur
ce que l’on peut regretter c’est que aujourd’hui nous vivons dans une société ou l’avortement reste encore mal perçu , condamné par les religions et j’en passe
mais laissons les préjugés de coté et vivons notre vie à fond!
je te souhaite beaucoup de bonheur requine!
Tu es tombée sur des gens inhumains (et je ne parle même pas de ceux qui ont “soigné” Armalite…), c’est eux qui devraient se sentir coupable, en aucun cas toi : tu as fait ce qui était le mieux pour cet enfant, pas sur un coup de tête, mais en sachant que sa vie serait trop difficile. On ne peut que te comprendre et t’approuver. Mais es tu sûre que, aujourd’hui, tu ne pourrais pas en parler à ton compagnon, en lui expliquant les raisons qui t ont fait te taire à l époque ? Je pense que ça te ferait peut être du bien d en parler avec une personne si proche…
Dans tous les cas, tu as été et es toujours très courageuse d avoir surmonté cette épreuve. Je te souhaite beaucoup de bonheur.
Bouleversée… Je suis bouleversée, choquée, secouée par ton témoignage… De l’inhumanité de ton entourage, qui en oublie de te regarder, de cette équipe médicale qui a été abominable avec toi… Peut-être que faire part de ton témoignage à la direction de la clinique épargnera la même brutalité de comportement à d’autres femmes, parce que tu as été brutalisée, dans tous les sens du terme, à un moment de très grande vulnérabilité, alors que ta décision a été mûrement réfléchie et que tu es parfaitement dans ton droit, en tant que femme mais aussi en tant qu’individu……
Je sens aussi dans ton témoignage une très grande force (la résilience, chère à Boris Cyrulnik), mais te pardonner est indispensable, pour ne pas te devenir ta propre adversaire.
Je pense très fort à toi et je te serre dans mes bras…
C’est boulversant de te lire, et de voir comme cette mauvaiseté de culpabiliter peut s’enchainer à des personnes qui n’ont rien à se reprocher et fuir les vrais coupables (le personnel qui s’est occupé de toi). Il ne faut pas demander pardon, mais réaliser que ta décision était dictée par amour pour toi, les petites cellules qui s’assemblaient dans ton ventre, pour un homme… Quand je lis parfois que quelque soit les problèmes de la vie porter un enfant c’est magnifique, que c’est ce que la vie peut apporter de mieux, ça me rend folle…Je trouve ça d’un egoisme monstrueux : avoir un enfant pour être heureux…. Tu as au moins eu le cran et le courage de ne pas vouloir le pire pour un enfant, et moi je te tire mon chapeau.
Bonjour la requine, bonjour les filles,
Pour être passée par là, je ne peux que te comprendre, te soutenir et te dire de t’accrocher aux choses positives qui sont nées grâce à ce geste : aujourd’hui, parce que tu as fait ce choix-là, tu es avec un homme formidable et tu es heureuse… Et j’espère que tu pourras panser tes blessures dans cet amour-là.
Courage, on s’en sort. Et un jour, on ne pleure plus… Ni dedans, ni dehors.
Miss Lili
Que de souffrance dans ce texte.
Evidemment, rien ne justifie l’attitude du personnel médical (et encore moins celui qui s’est occupé d’Armalite – Il y a un conseil de l’ordre pour les Médecins, un signalement servirait-il à quelque chose dans ce genre de cas extrême ? Ceci dit amener un walk-man dans un bloc stérile, ça m’étonnerait que ce soit possible pour autant, bref.).
Ce qui m’attriste le plus dans ton texte, Requine, c’est toute cette culpabilité. Quel poids insupportable
Tu n’as rien à te pardonner toi même. Tu as pris la seule solution qui s’offrait à toi dans cette situation donnée.
Et personne n’a à te pardonner. Les cheveux se dressent sur ma tête quand je lis “Pour finir de tuer mon enfant”, et je rejoins entièrement Glop : un embryon n’est pas un enfant. Tu n’as pas tué ton enfant. Aucun enfant n’a à te pardonner. Tu ne peux pas vivre en pensant ça de toi. Fais toi aider pour aller au-delà de ce sentiment. C’est bien trop destructeur.
Bon courage.
Chère requine,
Ton texte et ton histoire sont bouleversants, d’humanité (de ta part évidemment, pas de celle de l’équipe médicale) et du courage que tu as eu, que tu as encore de faire ce que tu pensais être le mieux pour ton enfant et pour son père.
J’ai vu un reportage il y a quelque temps où un obstétricien assez connu (je ne me souviens plus de son nom) parlait à une classe d’adolescents en leur disant: “On ne fait pas un enfant pour avoir quelqu’un à aimer, on le fait quand on sait qu’on pourra lui apporter tout ce dont il a besoin jusqu’à ses 20 ans”.
Je te (vous) souhaite plein de bonheur.
Je suis bouleversée, je ne trouve pas mes mots…
Je vais essayer tout de même.
Je suis scandalisée par l’attitude du personnel médical. J’essaye de me mettre à leur place, un proche médecin urgentiste me dit qu’il a du se “blinder” pour pouvoir supporter de voir la détresse au quotidien, je me dis qu’il y a un peu de ça… En même temps, je trouve que tout le dispositif d’accueil est complètement deshumanisé, je me demande qui l’a conçu, et je me demande comment on peut accueillir une femme dans cette situation sans même lui accorder une parole “humaine”. Un “tout va bien se passer, madame” aurait tout changé pour toi à mon avis…
Et puis je me dis en lisant les autres témoignages (celui d’Armalite, glaçant!) qu’il y a quelque chose de très animal dans les réactions du personnel médical, qui les permet sur ce sujet particulier de porter un jugement sur la vie intime des femmes. Quelque chose d’instinctif qui a trait à la survie de l’espèce, comme si une femme qui remettait en cause la naissance d’un enfant conçu portait atteinte à la survie de l’humanité…
Je ne les défends pas du tout, j’essaie juste de comprendre comment une personne qui n’oserait pas critiquer notre nouvelle coupe de cheveux se permet d’intervenir sur cet aspect si personnel de notre vie d’une femme…
Un texte très émouvant et comme toutes les filles présentes je te soutient sans jugement ni pitié.
Je vais moi meme bientôt pratiquer un ivg, moi aussi je suis protéger mais tellement jeune et sans ressources, nos parcours sont différents mais je pense que je vais vivre la même souffrance que toi. Mais il vaut mieux ça pour lui.
bon courage, et j’espère beaucoup de bonheur par la suite…
Je ne sais pas quoi te dire, et en même temps j’ai envie que tu saches que je sais à quel point tout ça peut être douloureux …
J’ai avorté il y a 25 ans, dans des conditions meilleures que les tiennes, au niveau de la préparation (un planning familial avec des femmes concernées et à l’écoute), mais pas au niveau de l’intervention (anesthésie générale, oui, mais regards qui se détournent, silences éloquents,…), qui augmentent encore la culpabilité.
Mes raisons n’étaient pas les mêmes que les tiennes, disons que je n’avais pas d’excuse au sens où je n’avais pas fait assez attention, ma seule excuse étant que j’étais jeune, et insouciante. Je n’ai jamais rien dit à ma famille, c’est la raison pour laquelle je ne témoigne pas sous mon pseudo.
J’ai eu des enfants depuis, pas un de leurs anniversaires ne se passe sans que je repense à celui ou celle qui aurait été leur aîné …
Je veux juste te dire qu’à mon avis il faut absolument que tu réfléchisses à te faire aider : j’ai longtemps cru que j’étais plus forte que tout ça, qu’en n’en parlant pas ça s’arrangerait, je me trompais.
C’est une histoire très triste et très bouleversante de laquelle tu ne t’es pas encore remise, ça s’est sûr ; malheureusement je n’ai lu les commentaires au-dessus qu’en diagonale, mais je vois qu’on te conseille d’aller voir un ou une psychologue : je suis tout à fait d’accord, ça ne peut te faire que du bien, il ou elle t’aidera à surmonter ce complexe de culpabilité qui te tourmente, parce que somme toute tu n’es coupable de rien. Comme ça a déjà été dit tu n’as pas eu un bébé que tu aies tué : tu n’as tué personne (c’est ce point qui me révolte le plus de ton témoignage, beaucoup plus que l’indifférence ou la réprobation de ceux qui auraient dû te soutenir et t’aider). Il s’agissait seulement d’un projet, un ensemble de cellules qui auraient pu devenir (ou pas) un bébé, un projet que tu as écarté au moment où tu pouvais encore prendre une décision. Je sais qu’une IVG est toujours traumatique (et c’est pour cela, sans doute, que tu as besoin d’aide psychologique), mais en abstrait, c’est exactement pareil que d’utiliser n’importe quel moyen de contraception qui empêche l’ovule fécondé de s’implanter dans l’utérus, sauf qu’au lieu de faire appel à une physique-chimie assez banale, on doit faire appel à un procès chirurgical (exercé par des personnes banales qui se considèrent comme des prêtres aptes à faire par-dessu le marché des jugements moraux) : d’ailleurs, pour la morale préconisée par la hiérarchie catholique, la contraception et l’avortement reviennent au même : je crois qu’il est temps de retourner leurs arguments… Bon courage.
Toutes mes pensées pour toi Iriss91, je te souhaite aussi une longue vie heureuse après cette épreuve.
Je suis moi aussi bouleversee par ton histoire. N’oublie pas que c’est un tres bel acte d’amour que tu as fait, quand tant de gens ont des enfants par pur egoisme. Je te souhaite beaucoup de bonheur pour l’avenir.
Bonjour les filles.
En premier je voudrais dire merci à Hélène.
Ce que je raconte dans ce texte s’est passé il y a 5 ans. Depuis ma situation a changé. Je vis avec cet homme et notre vie est tout simplement belle. Il ne sait rien, et ne saura jamais. Quand aux non-dits et aux secrets..je suis tombée dedans comme Obélix pour la potion magique :)
Mon ton peut vous sembler léger, en fait j’avais oublié que c’était aujourd’hui qu’Hélène publiait mon texte et je viens d’épuiser mes kleenex en vous lisant. Je me dis qu’un espace similaire il y a 5 ans m’aurait sauvée d’une détresse sans pareille. Ne m’en voulez pas si je réponds un peu en désordre…
Sarah B je serais ravie de d’un échange de mail.
Ninon rassure toi rien dans tes propos ne m’a blessé, touchée oui beaucoup comme vous toutes.
Armalite, je crois que je n’aurai pas survécu à ce que tu as vécu. De quoi développer des envies de meurtres.
Je me rends compte que c’est difficile de répondre. D’un côté c’est un évènement passé, j’ai avancé dans ma vie, grâce à cet homme et un psy aussi. D’un autre côté..c’est présent. Je me demande si j’aurai eu un garçon ou une fille, si l’enfant aurait eu ses yeux, son sourire etc. Je ne lui ai pas donné de nom c’est vrai, peur de le rendre trop “vrai” ? je ne sais pas.
Quand j’ai écris ce texte j’ai revécu chaque instant. Et j’ai pleuré. D’une certaine manière l’écrire m’a fait du bien mais je sais que ce n’est pas vraiment terminé.
L’une de vous à nommé Descartes. Oui je sais. Ce n’était pas encore un être pensant, mais c’est une partie de moi que j’ai choisi d’arracher. J’ai “effacé” un possible. Je travaillais qui plus des depuis 10 ans avec de jeunes enfants.
Mon pseudo…j’ai l’humour assez noir souvent et j’ai ouvert un blog que j’ai appelé les Dents de la Mère. D’où la requine qui s’imposait. Est ce que je me vois comme un requin? Peut être.
Je sais que je n’ai pas de désir d’enfants, je pense toujours avoir pris la bonne décision et une partie de moi est morte de l’avoir fait. Je suppose qu’un jour je serai sereine vis à vis de çà. Mais le pardon..je ne suis pas douée pour cela. Pas du tout.
Ceci dit, j’ai un peu l’impression de jouer les cosettes, or j’ai au final de la chance..beaucoup même.
Merci à toutes et j’espère que ma réponse ne vous semblera pas ni froide ni brouillonne…
Je vous embrasse.
@Pablo: on ne va pas virer au forum, mais non, ce n’est pas (du tout) pareil!! Sinon cela revient à dire qu’être enceinte = ne pas être enceinte, ce qui n’a évidemment aucun sens. Ce n’est pas parce que l’embryon n’est pas (encore) un enfant qu’il n’y a pas de grossesse. Et la contraception n’a rien à voir avec l’IVG, y compris en ce qui concerne le développement embryonnaire.
Fin de la parenthèse.
@Armalite : waow, quel choc de te lire. Il faut savoir qu’on a le droit de ne pas se laisser faire et d’ameuter les autorités compétentes, conseil de l’ordre, direction de l’hôpital. A ta place j’aurais consulté un avocat et avec son conseil porté plainte (torture morale). Mais on a tellement envie que ce soit fini vite ce genre d’épisode que bon… On n’a pas envie forcément d’y revenir, malgré le soulagement que peut apporter une indignation légitime.
Les femmes sont aussi mal informées. Il faut savoir par exemple que lors de l’échographie, on a le droit de demander à ce que le son soit coupé (pour ne pas entendre les battements de coeur) et à ce que l’écran soit détourné. Alors exhiber de force le foetus… Au secours.
Merci Requine. Merci le BDF de publier ce témoignage.
C’est RARE et précieux aujourd’hui d’entendre la voix d’une femme s’exprimer librement, se décharger du poids de la solitude et de la culpabilité.
Si ce billet peut être lu par le plus grand nombre et parmi ceux-là les femmes qui endurent encore aujourd’hui au XXIème siècle, l’opprobre, la visqueuse bigoterie et ses nauséabondes conséquences dans nos vies de femme, jusque dans la sphère intime.
Il y a des pages qui pèsent des tonnes et que l’on ne peut tourner sans l’aide d’un regard aimant.
Je n’ai pas les mots Requine.
Simplement, j’aurai voulu être là pour toi à ce moment là.
Je te serre sur mon coeur.
Iriss91 < j’espère que ton entourage est présent, si tu souhaite discuter Hélène te donnera mon mail.
Juste je voudrais ajouter une chose, je ne blâme pas l’ensemble du personnel médical. Je n’ai pas eu de chance. Et beaucoup de choses on concouru à ce que soit aussi traumatique. Je ne crois pas pour autant que ce soit une généralité. Iriss91 j’espère que le personnel sera attentif et compréhensif. L’inverse n’est pas la règle je pense.
Glop, merci de la precision : j’ai exagéré, je sais, mais des fois il faut le faire un peu pour contrebalancer toutes ces idées ambiantes qui poussent à la culpabilité…
J’ai vraiment cru au début de cette année que j’étais tombée enceinte suite à un problème de dernière pilule rejetée (gastro…) et d’un grand retard de règles. Je ne me sentais (et ne me sens toujours pas) prête à avoir un enfant maintenant, ni psychologiquement,ni financièrement, ça aurait été une catastrophe. L’histoire s’est bien finie pour moi, le résultat des tests sanguins m’a soulagée (je suis allée direct aux prises de sang, ne voulant pas prendre le risque d’un faux négatif avec un test en pharmacie); mais j’ai vécu des heures d’angoisse terrible, de celle qui vous broie en dedans, et les insomnies. J’aurais choisi la même “solution” que toi si le résultat des tests avait été autre, mais il est certain que ce n’est pas un acte “évident”, même si on le choisit, c’est extrêmement douloureux et traumatogène, d’autant si le personnel médical se met en position de juge. Bon courage.
Requine, je pense à toi et je compatis du fond du cœur car même avec un personnel soignant attentif c’est lourd à porter.
J’étais jeune, pas insouciante mais un mauvais concours de circonstances m’a conduit à avorter, un rendez-vous pris chez le gyneco pour prendre la pilule, en attendant préservatifs.
Il se déchire, illico presto j’appelle ma gyneco qui me prescrit la pilule du lendemain…ce truc me rend malade, pertes de sang, maux de ventres, nausées. Ce truc me rend malade donc mais ne fonctionne pas. Le test est positif…
Autant du côté médical je trouve de la compréhension, de l’empathie autant les rencontres avec le planning familial sont éprouvantes.
On me culpabilise, on me répète que les préservatifs et la pilule du lendemain ne sont pas des méthodes de contraception…Est-ce que je suis sûre de ma décision…. ? En gros, il ne croient pas cette histoire de pilule du lendemain et pensent que je cherche à couvrir mes erreurs…
Ma décision j’en ai toujours été sûre , je ne me voyais pas mère si jeune et ce n’était pas le père idéal et même amoureuse je le savais., reste qu’il m’a fallu faire le deuil de cet embryon qui n’était qu’un amas de cellule.
Dans ma famille, on le sait mais on préfère ne pas en parler et oublier cet épisode fâcheux comme si c’était honteux.
D’ailleurs aujourd’hui j’ai failli témoigner sous un autre pseudo alors je prends mon courage à 2 mains et garde identité virtuelle.
J’ai mis longtemps à surmonter cet épisode et cela m’arrive même encore de demander comment aurait été ma vie si j’avais choisi l’autre chemin.
Depuis que j’ai porté et mis au monde 2 enfants, je vais mieux, je crois que j’avais la peur inconsciente que cette IVG provoque un blocage chez moi…
2 ans plus tard, j’accompagne à mon tour une amie au planning et comme le délai est dépassé ( il a allongé depuis..), je l’accompagnerai jusqu’à l’aéroport pour prendre l’avion qui l’amène à l’étranger. Elle n’est pas seule, il y a des jeunes filles mais aussi des femmes plus âgées parfois déjà mères…et pour certaines le ventre s’arrondit déjà.
Je sais avec certitude que je n’aurais jamais pu avorter si tard dans la grossesse, avec un minuscule embryon sa présence est encore invisible et d’ailleurs si on avorte trop tôt c’est tellement petit qu’il faut recommencer ( mon gyneco m’a averti de ce problème et le moment le plus long est celui entre la décision et l’acte, à la lecture de ton expérience , je vois bien qu’il vaut mieux attendre un peu plutôt que de recommencer…).
Il n’y pas à être pardonnée , on choisit en fonction de son expérience personnelle.
Même si tu as du affronter ce moment seule, tu n’es pas obligée de porter ce secret toute seule,toute ta vie , tu le partages désormais avec nous et une aide extérieure pourra t’aider à déculpabiliser..
Anonymes ou non, à celles qui sont passées par là mes pensées vont vers vous…
Je n’ai pas pu lire jusqu’au bout, d’ailleurs je ne vois plus mon clavier ..;
Pardon, si je fais des fautes de frappe.
Il m’est arrivé la même chose. Je pensais que c’était “enterré” depuis le temps … Pas du tout …
On n’oublie jamais ça.
Ca fait des mois que je n’ai pas commenté ici, mais là, il fallait que je le fasse. Tu as mon entier soutien, de tout mon coeur.
En ne le disant pas à ton compagnon, tu refuses son soutien, mais que dire ? à part que surement tu mérites ce soutien, tout le monde mérite un soutien dans ces moments là.J’ai du mal à imaginer comment ce genre de situation (aucun soutien de la part des infirmières…rien) est encore possible à notre époque.On parle de progrés technologiques, mais le reste?
Bon courage, je te souhaite du bonheur pour la suite
Merci Requine d’avoir mis tout cela en mots. Outre que j’imagine que cela peut t’être utile, outre que cela fait réfléchir celles qui n’ont jamais eu à se poser de questions sur ce sujet, je pense que cela peut aider des personnes moins avancées que toi sur ce chemin, des femmes qui se débattent avec leur culpabilité et le sentiment qu’elles ne pourront pas construire quelque chose de beau au dessus de ce geste.
Tu l’as fait, et c’est la plus belle marque de considération que tu pouvais donner à cet enfant en devenir (je pense comme pablo qu’un embryon est un projet, mais je crois pour ma part que certains projets sont aussi importants que des personnes, pour celui qui les porte).
La vie que tu t’es choisie t’a coûté ce chemin là, ne crois tu pas qu’aujourd’hui c’est à TOI de pardonner à la Requine d’il y a 5 ans?
Si j’ai repris aujourd’hui un pseudo de secours, c’est pour te donner mon témoignage (j’ai aussi pas mal de proches qui passent par ici, et connaissent mon pseudo habituel).
Je suis tombée enceinte pour la première fois à 16 ans. Je me sentais incapable d’accepter de devenir mère, incapable de mettre fin à cette grossesse. Le père du bébé, à peine plus âgé que moi, était tétanisé, s’interdisant de m’empêcher d’avorter, n’osant pas me demander de le garder (ce qu’il aurait voulu, le pauvre garçon ignorant à l’époque qu’il ne vivrait pas pour le voir grandir).
Aujourd’hui je ne demande pas pardon à ce bébé de n’avoir pas voulu de lui, je le remercie juste d’être parti (et je remercie la vie de ne pas avoir eu à passer par l’épreuve que tu as vécu… lors de mes grossesses suivantes, j’ai toujours été mortifiée de voir les femmes en attente d’avorter faire le pied de grue dans les mêmes salons que celles venues accoucher…), et d’avoir, de ce fait, permis la vie que j’ai aujourd’hui.
Quand j’ai voulu un enfant avec l’homme qui partage ma vie à présent, on m’a dit que je ne pourrais pas en avoir naturellement, d’ailleurs quand je suis tombée enceinte, j’ai à nouveau perdu le bébé. Je me suis sentie très mal, comme si j’avais loupé le coche, comme si j’étais punie d’avoir tant voulu qu’il parte, la première fois.
Une fois encore, je remercie la vie de m’avoir quand même donné, finalement, et sans traitement médical, les enfants que je voulais (et même un peu plus que prévu…), et je ne peux que t’encourager, si un jour tu veux en avoir avec ton compagnon, de prévoir une petite place pour cette première grossesse (le dossier de la maternité en prévoit une dans les formulaires. Mon premier enfant est indiqué comme ma 3ème grossesse), par exemple quelques séances avec le psy de la maternité, ou un que tu connais déjà, spécialement pour parler de ça.
Et que ce bébé “en puissance” devienne une force positive, un atout secret, un ange gardien pour ta grossesse future (ou ta vie future, tout simplement) plutôt qu’un puits de souffrance, ou vont se terrer toutes les culpabilités.
Tout choix est un deuil et une promesse. Ton texte l’exprime très clairement, poursuivre cette grossesse, c’était pour toi faire le deuil de ta vie qui commençait à prendre forme. Y mettre fin, c’était la promesse de cette vie et de ce bonheur.
Tu as tenu ta promesse. Pardonne toi.
Faire des choix dans la vie, c’est renoncer toujours à quelque chose…
Je connais cette situation, il y a 2 ans, moi aussi au tournant de ma vie, dans la fin d’une relation, juste avant mon déménagement, mon retour aux études, mon retour j’ai mes parents, j’ai appris que j’étais enceinte. Mon copain de l’époque la su, il a même été présent, mais il est le seul à savoir, car mes parents, mes fameux parents qui ont si hâte d’être grands-parents ne le sauront jamais.
mais encore une fois, je vois une différence entre la relation avec le patient lors d’un avortement. J’ai été appuyée d’une façon fantastique, dans un hôpital, mais où tout est prévu pour qu’on ne voit pas les autres patients. malheureusement des conditions dans laquel tu as vécu ce dieu sont pas humaines. C’est un choix, personne ne devrait jamais juger sur cela.
Je suis de tout coeur avec toi, encore plus si tu es heureuse maintenant. La vie nous donne des épreuves, mais on est sort toujours grandis. je ne le souhaite à personne, je connais cette épreuve, je te souhaite le plus grand des bonheurs et pour avoir écrit un texte, il y a 3 semaines, tu as raison quand tu dis que ce lieu d’échanges, nous permet une libération et surtout de se sentir supporter. merci à Hélène et je te souhaite tout le bonheur du monde requine
En préambule, Requine, je trouve ton texte très bien écrit.
Sinon, je plussoie Pablo, un foetus n’est pas un enfant. Comme un avortement n’est pas un meurtre… sinon on s’en sort plus ! Je comprends parfaitement le fait d’y penser à chaque date “fatidique” des éventuels “neuf mois plus tard”. Mais ce n’est pas “un enfant qui n’existe pas” c’est un foetus qui n’est jamais devenu autre chose. Il faut faire attention aux mots, dans ce cas-là, juridiquement, il y a quelques mois, le fait de reconnaître le droit d’inscrire au registre civile un enfant mort-né avant 12 semaines pour les parents a amené un danger pour le droit à l’avortement. C’est gravissime ! Je ne renie pas le droit pour des futurs parents heureux qui malheureusement perdent leur enfant (parce que dans ces cas-là, oui, c’est un enfant parce qu’ils ont décidés de le considérer comme tel) à faire leur deuil, mais n’oublions pas que ce droit à l’avortement a été une lutte féminine très importante et qu’il faut continuer à être vigilantes !
L’avortement est donc un droit. Malgré tout c’est toujours un traumatisme. J’ai accompagné plusieurs copines qui allaient se faire avorter, il est indispensable de ne pas être seule. Il est très dur de vivre ça avec sa mère ou le géniteur. Une copine c’est beaucoup plus “neutre”. J’ai eu la chance de ne jamais devoir vivre ça, jusqu’à aujourd’hui. Toutefois je sais que ma mère a avorté. Elle avait déjà deux filles de 12 et 10 ans, fauchée, étudiante, avec un homme tout aussi fauché et ayant déjà également 2 enfants. C’était une période où c’était compliqué. Mais au final ce n’est pas pour ça qu’elle a avorté, c’est parce qu’elle n’avait plus envie d’avoir d’enfant. Et c’est une raison tout à fait suffisante (plus ou pas envie) à mon sens. Je raconte cela parce que je pense que quand on le peut, il est important de pouvoir en parler à sa famille et au père. Ce genre de secret, parce que ce moment est traumatique, peut causer des dommages collatéraux importants. Malheureusement, parfois c’est impossible… mais une copine peut aider… vive les copines ! :-)
Chère Requine,
J’ai les larmes aux yeux à la lecture de ton texte. Tu as eu un courage formidable.
Je suis profondément choquée par l’attitude de l’équipe médicale. L’avortement est légal dans notre pays : Dieu soit loué ! Et personne n’a le droit de juger les femmes qui y ont recours.
J’aimerais pouvoir leur crier au visage qu’ils devraient avoir honte d’eux, de leur manque d’humanité. On félicite des mères à la naissance de leur enfant, quelle que soit leurs situations, on devrait avoir au moins du respect pour celles qui réfléchissent et prennent la décision douloureuse de l’avortement.
Courage ! Tu n’es pas seule !
je suis tout à fait d’accord avec Funambuline. Accroître le sentiment de culpabilité d’une femme qui décide d’avorter est aussi un des résultat d’années et d’années d’obscurantisme et de déni vis-à-vis de ce droit.
Ce qui me touche le plus dans ton récit, en dehors de ton désarroi bien sûr est ce sentiment de culpabilité. Imagine-toi une copine, une amie qui te raconterai exactement la même suite d’evènements: je suis persuadée que tu saurais trouver les mots pour l’amener à un regard bienveillant vis-à-vis d’elle même. Etre copine de soi-même fait du bien…
Je suis très émue par ton témoignage. J’ai accompagnée une amie, une fois, dans ce parcours du combattant qu’est l’avortement, et ce que j’ai vu est effectivement d’une froideur sans nom.
Je te souhaite d’être heureuse et de te construire un équilibre afin de pouvoir, un jour, élever un enfant si tu le désires, avec l’homme que tu aimes.
ce texte est plus que touchant, Requine, tu a tout mon soutient en tout cas autant que le permet un échange virtuel.
Glop com 22, bravo pour la finesse de tes reflexions, surt ce qu’exprimer quand au statut du foetus, au choix, …
Je publie de façon anonyme.
J’ai moi aussi traversé ces moments. Avec mon compagnon d’alors, qui est depuis un ami cher. Mais malgré le fait de ne pas avoir été seule physiquement, je pense que je n’ai jamais été aussi seule de ma vie.
J’ai du faire face aux critiques de la psy, à son jugement, aux remarques bassements matérielles du genre “vous pouvez avoir le smic jusqu’aux 3 ans de l’enfant”, et au regard des médecins qui ont pourtant acceté de pratiquer des IVG.
Pas un bonjour, pas un sourire, pas un mot de soutien dans ce bloc froid.
Au réveil dans un endroit inconnu, les larmes ont jailli toutes seules, et je ne pouvais plus m’arrêter. Après une attente interminable, un infirmier est passé et à ma demande d’un mouchoir en papier, m’a donné une gaze en tissu. Mon plus grand moment de solitude.
Même si je ne regrette pas ce choix.
Je ne comprends pas, et je ne comprendrai sans doute jamais pourquoi tant de gens s’acharnent à augmenter un peu plus la souffrance que nous vivons.
Je suis extrêmement émue par tous vos témoignages. Beaucoup de talent et d’envie de partager, c’est très touchant.
La Requine, je suis frappée par un décalage que je ressens entre ton billet, où affleurent la souffrance et la douleur, et ton grand commentaire, plein d’énergie. Je te souhaite beaucoup de courage.
Je suis toute retournée par ton récit depuis que je l’ai lu ce matin, ça me renvoie tellement à la même situation vécue dernièrement… tellement de points communs.
Beaucoup d’émotions et le sentiment d’être seule face à tous ces doutes qui nous assaillent dans de pareils moments puis après ce sentiment de culpabilité.
Mon commentaire est un peu embrouillé, je suis émue mais en même temps quelque part c’est rassurant de se dire qu’on n’est pas la seule à ressentir tout cela.
Ce qui nous fait avancer c’est de nous dire que nous ne sommes pas coupables même si ce sentiment est difficile à effacer et que tout cela fait partie des choses de la vie qu’on n’oublie pas mais avec lesquelles on doit apprendre à vivre.
Merci pour ce récit.
Ton texte exprime si bien l’ambivalence entre garder un enfant avec la probabilité de le faire souffrir atrocement et avorter avec la crainte de le regretter toute sa vie et de faire le mauvais choix… En tout cas, je crois que ce qu’il faut se dire c’est que si tu l’as fait c’est que c’était TA bonne décision et qu’il ne faut pas le regretter, que ça devait être ainsi.
C’est le choix que tu pouvais faire à ce moment de ta vie… Bravo pour ton courage et plein de bonheur pour la suite!
Je suis boulversée par ton témoignage ainsi que tous les autres.
Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ton compagnon, et comme l’ont dit les autres, prends bien soin de toi.
je suis née en 1963, ma mère n’a pas avorté de moi* et je l’ai toujours su. Au nom de tous les enfants qui sont nés alors qu’ils n’auraient pas du et qui le portent comme un fardeau, Requine, je te remercie d’avoir pris la bonne décision.
nb en France actuellement 1 femme sur 4
* il y a une histoire de famille un peu compliquée dessous, elle a instrumentalisé cette grossesse (moi en l’ocurence) et condamné mon père au mariage. J’ai pourtant été élevée en sachant que si elle n’avait pas avorté de moi c’était juste pour une histoire d’argent, à l’époque il fallait aller en suisse.
désolée le nb n’est pas complet
nb en France actuellement 1 femme sur 4 a avorté ….. mais personne n’en parle
Jube sois la bienvenue !
iibelle ce que tu racontes est terrible, et je trouve très courageux de ta part de le partager avec nous.
Encore un témoignage émouvant et riche…
Requine, tu as bien sûr toutes mon soutien, pour peu que cela apporte modestement un petit quelque chose.
C’est tellement facile de juger à l’emporte-pièce, de sortir des réflexions toutes faites (cela rejoins un peu ce dont on parlait hier) en total deni de la soufrance, des circonstances, de respect, de la réalité de la vie, etc…
Je comprends bien que chacun à droit à sa conscience, ses opinions, ses croyances et je ne sais quoi d’autre mais au moins, en tant que personnel de santé, social, psychologue… il y a quand même un devoir d’accueil et d’empathie minimum à avoir. Et puis il y a une loi et des droits à respecter et faire respecter.
Il y a quelques années, une femme me racontait les comportements déplorables auxquel elle avait dû faire face lors de son avortement.
Elle était tombé enceinte avant son retour de couche, était en plein baby-blues, ajouté aux difficultés liées aux premières semaines, c’était son deuxième enfant et elle et son mari n’en voulait pas d’autre. Et bien, le personnel n’avait fait cas ni de ces circonstances et encore moins de la détresse dans laquelle elle était déjà et qui n’a fait que s’agraver de rendez-vous en rendez-vous.
Et quand bien même, de toute façon, chaque histoire est propre à celle qui la vit et chaque patiente doit être traitée avec le même égard et la même empathie.
Elle avait même failli se retrouver hors délais car les choses trainaient, (comte-tenu du fait que comme elle n’avait pas eu encore son retour de couche, le corps encore tout chamboulé, elle n’avait pas découvert sa grossesse aussi tôt que les précédentes).
Après, je connais des femmes qui ont eu de très bons accueil et accompagnement, c’est possible, ça existe fort heureusement la plupart du temps.
Avorter n’est pas une mince affaire, ce n’est jamais anodin. Il en reste toujours quelque chose je crois. Ne rajoutons pas la culpabilité, le jugement qui n’ont pas lieu d’être.
La légalisation de l’IVG est une loi qui, bien que cela fasse plus de 30 ans qu’elle existe, doit encore être défendue dans une certaine mesure. C’est un peu effarant je trouve quand même.
(je réagis au commentaire d’iibelle)
Ma maman a refusé d’avorter de moi (la pression de la future ex-belle-famille, pas du futur papa, à ma connaissance, était POUR qu’elle avorte) en 73 ; (17 ans, en terminale, et puis ils n’étaient pas du même milieu, n’est-ce pas).
J’ai toujours admiré ses choix de vie en général (les femmes du côté maternel de ma famille ont d’ailleurs toutes été de sacrées bouts de femmes !), mais pour le coup, j’aurais vraiment préféré ne pas le savoir. Parce que si je suis la culpabilité incarnée depuis 35 ans, c’est peut-être un peu, quelque part, parce que ma conception a été le début des ennuis. Et je trouve terriblement triste de te lire porter comme un fardeau le fait d’être née…
Vous me donnez toutes envie de pleurer aujourd’hui et de vous prendre dans mes bras !
Oh, la requine, moi aussi je te serre virtuellement dans mes bras.
Je n’ai pas de mots, mais ton texte beau et bouleversant ainsi que tous vos commentaires, les filles, ouvrent une fois de plus ici des tas de portes à la réflexion.
Merci.
Merci Hélène.
J’ai eu à faire un choix similaire mais heureusement pour moi j’ai eu à faire à un gynéco vraiment très sympathique, qui m’a dit “vous me semblez solide, je vous évite le parcours planning familial, psychologue etc… parce qu’ils peuvent parfois se montrer pas terribles”
Franchement, je ne me rendais pas compte à quel point.
J’ai eu la chance de ne pas vivre cette décision de la même manière (pas le même contexte, non plus)
Mais moi non plus je n’en ai jamais parlé à la personne avec qui j’étais en couple. C’est un ami aujourd’hui, mais je sais que je ne lui en parlerai jamais, il vient d’un background familial difficile et ça l’aurait perturbé.
Je te souhaite beaucoup de bonheur avec ton compagnon, en espérant que les jours heureux réparent petit à petit la blessure.
Et peut-être qu’un jour parviendrez vous à en parler, pour fermer la boucle.
Gros bisous !
ça me fait penser que si Obama perd, vu l’âge de Mc Cain, Sarah Palin risque fort d’être un jour présidente… et l’avortement interdit aux States, ça fout carrément la trouille !!!
Une question aux anonymes du jour : pourquoi ?
Ressentez-vous de la honte ? Ou autre chose ? (je ne juge pas du tout, ni négativement, ni positivement, j’essaie de comprendre)
Je suis particulièrement indignée par les témoignages relatant l’inhumanité des personnels médicaux… Je suis bien placée pour savoir que dans certaines professions, il faut se “blinder”, qu’on ne peut pas se mettre à la place des patients ou des victimes que l’on reçoit, sinon on n’exerce plus dans de bonnes conditions.
Mais rien n’empêche de respecter la personne que l’on a en face de soi, respecter son choix, ne serait-ce que parce qu’elle en a le droit.
Un peu de compassion, un sourire, ça ne coute rien !
Et puis rien ni personne n’oblige les médecins ou le personnel soignant à pratiquer des IVG ou à assister les femmes qui choisissent d’y recourir.
La clause de conscience leur permet de le refuser (ce qui pose d’ailleurs un problème en raison du nombre décroissant de praticiens acceptant de pratiquer ces intervnetions).
Alors, accepter de pratiquer des IVG tout en adoptant une attitude hostile à l’égard des patientes qui y ont recours, je trouve ça franchement sadique !!!
Tout mon soutien et mes encouragements à celles qui sont ou vont passer par là.
Des bises à toutes
@ funambuline:je vais répondre pour moi uniquement. C’est un évènement dont je parle très rarement et certains proches ne sont pas au courant, seulement les très proches…Je n’ai pas parlé de ce blog au boulot par ex donc je ne crains pas d’être reconnue par des fréquentations à qui je n’ai pas envie de parler de choses intimes.
Ce n’est pas le cas de nous toutes ici, mais ne peuvent me reconnaître dans ce pseudo que des amis en qui j’ai toute confiance, ils ne découvriraient rien de nouveau en lisant mon comm’.
Pour ma part, je crois que c’est la réaction de mon entourage proche qui m’a donné honte en quelque sorte…
Aujourd’hui j’ai décidé de garder mon pseudo car je me sens bien ici grâce vous et je ne crains pas un regard extérieur moralisateur ou bien pensant mais ma première réaction a été d’écrire anonymement…
c’est comme un réflexe de protection, la peur peut-être lors d’une prochaine soirée troc ou d’une MUP quand je vais rencontrer d’autres filles qu’on se souvienne de moi à cause de cet évènement de ma vie, c’est un peu confus….
La requine : ton récit m’a bouleversée, tu es très courageuse, je te souhaite une vie trés heureuse pleine d’amour, c’est tout ce que j’ai à dire…
dola je comprends ce que tu veux dire et ça me semble assez sain de ne pas avoir forcément envie que des gens qu’on ne connaît que virtuellement, se disent, lorsqu’ils vous rencontrent en vrai la première fois “ah oui, c’est la fille qui a avorté”.
Je comprends aussi ce que tu veux dire dola.
Pour moi c’est de l’odre de l’intime, de la même manière que je ne parle pas de ma méthode de contraception à des inconnus, je n’aurais pas envie de parler d’un avortement.
Mais comme il m’est arrivé d’en parler ici (de ma méthode de contraception), même si je sais que certaines me connaissent “en vrai”. C’est pour ça que je m’interroge (encore une fois, je le répète, sans jugement aucun de ma part) sur le pourquoi de l’anonymat. D’autres sujets ont amené des réactions anonymes, mais j’avais toujours rapidement compris pourquoi. Aujourd’hui je m’interroge sur l’éventuel côté “honte” d’avoir avorté. Et au-delà du fait que ça me chagrine pour elles, ça me fait aussi un peu peur pour la société.
Je repense au manifestes des jenesaispluscombien salopes qui annonçaient toutes publiquement avoir avorté (même si pour une grande partie ce n’était pas le cas), serait-il utile de le reproduire encore aujourd’hui, dans cette période de recul du droit à l’avortement ?
pour l’anonymat: c’est parce que des personnes qui me sont proches ignorent tout de cet épisode de ma vie, et seraient blessées que je n’aie pas souhaité leur en parler.
c’est vraiment horrible de lire comment ont été traitées certaines d’entre vous, ça me révolte profondément…
Je connais tellement d’enfant (devenus adulte) qui traînent un mal-être assez conséquent “juste” parce qu’ils n’ont pas été désirés, sont arrivés accidentellement etc… Bien sûr ils ont été aimés ensuite…n’empêche que, le mal être est là aujourd’hui.
Je dis bravo à toutes celles qui choisissent de ne pas avoir d’enfant parce qu’elle ne le sentent pas en elles et à fortiori à toutes celles qui avortent pour les mêmes raisons.
Le traumatisme de l’avortement dans tous les cas doit être terrible, je n’ose pas imaginer si je devais passer par là. Merci Requine pour ton témoignage, je ne pleure pas facilement mais là j’ai été très émue.
wikipédia est mon ami. 343, les salopes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_des_343
oui c’est exactement ça Hélène !! et en même temps , de mon côté quand je rencontre des filles “en vrai”, je ne cherche pas à les relier à tel ou tel commentaire …mais là c’est tellement intime et profond que là j’ai hésité.
@Floraison précoce, vendanges tardives” : “force positive, atout secret, ange gardien”, oui, oui, oui !!! c’est exactement ça! C’est un boulot de dingue pour en arriver là, mais franchement j’ai les mêmes mots pour le qualifier.
@dola : ben voilà, tu as tout dit. Moi j’ai parlé de ce blog autour de moi (et j’ai pas 10 identités virtuelles, j’en ai une), donc j’ai en plus ce frein de “j’ai vu tes comm, hier…”. Et comme toi, je n’en ai parlé qu’aux plus proches des plus proches ! Ca n’est pas de la honte pour ma part, c’est juste une anticipation des réactions que ca pourrait causer autour de moi. Chacun ses opinions, mais franchement défendre celle-là devant les gens qui comptent moins.. non. J’ai de l’énergie à dépenser ailleurs (à commenter pour des gens qui en souffrent, tiens, par exemple,pof !) !
Ici, on sent bien, on se sait écoutée, pas jugée…on est entre gens qui comprennent. C’est bon.. c’est reposant.. et d’utilité publique !!! Merci Hélène de nous offrir ça, franchement.
@Hélène : Donc non, ca sera bien une dérog’ pour ce sujet très précis ;)) merci !!
Je suis totalement bouleversée par ce texte.
Parce que comme beaucoup de femmes j’ai déjà eu “le doute vilain”, celui qui fait qu’on court en pharmacie acheter un test et qui nous incite à harceler notre gynéco. Un monde de mille possible qui finalement pour ma part s’est arrêté sur un pipi négatif.
De proches amies ont avorté. Elles n’en parlent jamais ou bien une boule dans la gorge, quand elles veulent nous faire un peu de prévention.
Je n’ai jamais su comment réagir. Que dire ou quelle attitude adopter.
En général, je les prends juste dans mes bras. Je leur répète qu’elles n’ont rien détruit, au contraire. Dans le meilleur des cas, elles sourient. Mais elles ne sont pas dupes, je le sais…
Je te souhaite beaucoup de bonheur dans ta vie, mais ça a l’air bien parti :-) Et j’espère que tes relations avec ta mère se sont pacifiées…
Merci d’avoir partagé ça avec nous…
Mais désolée que tu aies dû le vivre…
Et que tu aies été si mal entourée pour cela…
C’est vraiment triste, et cela devait être très éprouvant.
Courage… (Mais je pense que tu en as !)
Quelqu’un a parlé du courage qu’il faut pour surmonter ça… Dans mon cas, je ne parlerais pas de courage mais plutôt de résilience. Ce n’est pas comme si on avait le choix, la vie continue et j’étais sûre de ma décision. Ca n’a pas été facile pour autant de tourner la page, mais aujourd’hui je n’éprouve aucune culpabilité et aucun regret. Pour ce qui est de l’attitude inqualifiable du personnel médical (enfin, surtout cette infirmière) auquel j’ai eu affaire: j’étais jeune, choquée, je me sentais comme une gosse prise en faute, il était évident pour moi que c’était moi qui étais en tort et pas eux.
(Ah puis pendant que j’y suis, c’était un 24 décembre, et le 2 janvier suivant je me suis fait virer de mon boulot comme une malpropre, raccompagnée à la porte entre deux vigiles sans qu’on m’ait laissée me faire assister d’un délégué du personnel pour l’entretien de licenciement comme c’était mon droit. J’aurais pu aller aux Prud’Hommes, j’avais un dossier béton… Mais là aussi, je me suis sentie prise en faute et je n’ai rien fait. C’est assez difficile de se rebeller contre des figures d’autorité, surtout quand on est jeune…)
Bref. Je comprends que l’on soit contre l’avortement, mais ça me révolte d’entendre des pro-life dire que certaines femmes se servent de l’IVG comme d’une contraception alternative. Il faut ne jamais avoir attendu un enfant indésiré pour penser que l’on peut faire ce choix dans l’indifférence et en ressortir complètement indemne.
Je suis absolument bouleversée par ton texte et les réactions qu’il suscitent, Requine.
Boulerversée, par ce qu’il n’y a pas beaucoup d’épreuves plus grande dans la vie d’une femme que ce que tu as traversé.
Horrifiée par l’attitude particulièrement inhumaine et révoltante des soignants qui se sont occupés de toi à cette époque.
Touchée par tous ses récits si douloureux.
Mais je suis aussi le siège d’une sorte de colère face à ceux qui considèrent qu’un phoetus n’est “qu’un amas de cellules”. Je sais que ce sont là mes tripes qui parlent, à la place de ma raison. J’ai beau comprendre que l’ovule fécondée par un spermatozoïde dans l’espèce humaine va mettre un certain temps avant justement de prendre forme humaine, je suis viscéralement convaincue _et je saisis bien le paradoxe “viscères”-“conviction”_ j’adhère tellement de tout mon être que cette fécondation voulue, souhaitée, ou accidentelle, c’est déjà de l’humain… Pardonnez-moi, je n’exprime que mon opinion. Et elle est étayée par mon histoire propre.
Jamais je ne juge, même en mon for intérieur, aucune femme qui fait le choix de recourir à l’IVG. La loi qui l’a rendue légale a sauvé des milliers de femmes. Une IVG n’est pas un meurtre, pourtant, quelque chose en nous meurt bel et bien, et peut-être qu’il est plus juste de le reconnaître, que de nier la chose en ne parlant que d’un amas de cellules, d’un embryon.
Un femme qui avorte subit dans son corps propre une certaine mort, et elle traverse par là-même un deuil secret, invisible, indicible. C’est extraordinairement douloureux et bouleversant.
Pour ma part, je n’ai jamais avorté, mais j’ai perdu trois enfants (oui, ces petits embryons sont devenus mes enfants, et je porte leur deuil). Avnt même de savoir réellement que j’étais tombée enceinte. Cela arrive. Et même plus souvent qu’on ne le croit. Mon entourage très proche à l’époque (et aujourd’hui encore pour certains d’entre eux) ont réagis avec un dédain très blessant. Moi je souffrais. Et rien ne semblait pouvoir aider cette souffrance à se verbaliser. Ben non, ce n’était que des amas de cellules, quoi ! Et c’étaient des accidents, en plus, alors, quoi, donc???
Il a fallu que je rencontre un thérapeute un peu particulier, qui a su trouver certains mots, et qui m’a dit justement que non, ces amas de cellules n’étaient pas anodins, qu’ils étaient déjà “de l’humain”, et alors des flots de larmes libérateurs de sont déversés.
Oui, ce que je vivais depuis toutes ces années étaient de véritables deuils. Il fallait que mes tout petits embryons soient reconnus comme de petits humains en puissance pour que ma souffrance devienne légitime.
Alors j’ai pu penser.. à “eux”. Je n’avais pas pu les porter, mais ils avaient gravé en moi leur passage. Et depuis cette “révélation”, je peux les pleurer, et Dieu que cela fait du bien, et Dieu que je les aime! Tout à leur propos n’est pas bien clair, mais voilà, iols ont existé. Peu de temps, oh si peu! Mais personne n’a le droit de nier pour moi leur existance.
Je suis très en révolte par rapport à ma toute proche famille, qui me regarde comme celle qui s’y croit, qui pleure un truc qui n’a jamais existé (ben voyons??)
et j’ai un peu peur de ce qui me vient des entrailles lorsque je lis qu’un embryon humain n’est qu’un amas de cellules. Je sais que vous n’êtes pas mes proches, mais malgré moi se réveille cette blessure. Sachez tout de même que je ne vous en veux pas, et même que cette confrontation à moi-même aujourd’hui me fait gr
1 femme sur 4 dites-vous ?
j’ai avorté en plein baby-blues de mon 2ème enfant. un 3ème enfant n’était tout simplement pas envisageable.
Peut-être plus simple à gérer ? (notamment la certitude que je ne compromettais pas de futures possibles grossesses puisse que j’étais déjà mère) ?
En tout cas j’ai eu la chance de tomber sur une équipe médicale extra. A qui je suis même retourné offrir des fleurs qq semaines plus tard pour les remercier de leur gentillesse et de … tout.
Par contre moi ce qui me révolte c’est la féministe qu’on entend à tt bout de champs en ce moment (j’ai oublié son nom, elle vient d’écrire un livre et est l’auteure de “la touche étoile”) expliquer en long en large et en travers sur toutes le chaines ses multiples avortements clandestins et expliquer même comment elle les pratiquait elle-même. et quand on lui demande pourquoi les préservatifs connus depuis la fin de la 2ème guerre mondiale n’étaient pas utilisés, répondre calmement “je ne sais pas, on avait oublié !”.
Bref c’est brouillon et sans rapport mais en lisant vos témoignanges à toutes, ces coïncidences, ces problèmes de parcours qui sont svt des soucis de contraception involontaire … ben ça m’a rappelé combien lors de ses divers interviews son espèce d’insouciance par rapport à cet acte tellement difficile à vivre m’insupporte.
Désolée de la digression.
Plein de courage à vous toutes.
Nath
Ce terme “amas de cellule”, je l’emploie pour créer un détachement parce que je sais qu’à l’époque si j’avais pensé au coeur qui bat déjà, aux petits membres formés, au sexe de l’enfants cela m’aurait miné encore plus…J’essayais surtout que ce ne soit pas déjà une personne pour ne pas m’y attacher etc…Je me suis fait violence et c’est sûrement cette violence là qui transparait dans ces termes.
Aux échographie pour mes 2 enfants , j’ai entendu le coeur battre dès la 3 ème semaine de grossesse , je suis bien contente de ne pas avoir eu le son pour les écho liées à mon avortement…Dès les premiers instants ton cors change parfois tu le sens avant même que le test soit positif, il y a quelque chose de différent qu’on peut ressentir.
@ Ingocnita today, je regrette d’avoir éveillé une blessure par ces propos..
-grandir !
C’est depuis qu’un homme bienveillant, thérapeute attentif, et très versé dans l’étude ethique du début de la vie, m’a parlé de “mes petits”, que j’ai pu commencer à faire mon deuil des “amas cellulaires” nichés tout au creux de moi et que j’ai perdus. Ils sont réellement inscrits dans mon histoire. Je n’ai pas rêvé, ni cauchemardé. J’ai vécu cela. C’est du vivant.
Aussi, je crois, Requine (mais tu peux tout rejeter en bloc si ce que je dis te gêne), que tu peux considérer ce tout petit petit que tu n’as pas pu faire grandir en toi, parce que ta vie ne te le permettait pas à l’époque, _et bien des gens se sont battus pour faire respecter ce choix de femme qui est devenu légal en France_ oui , ce tout tout petit a vécu un peu, et oui tu as le droit de pleurer et de faire le deuil de ce début, tout début d’humain. Moi, c’est ainsi que j’ai pu commencer à refermer ma blessure béante et incompréhensible. C’était un tel tabou !!
tu avais le droit pour toi,
les circonstances de ta vie d’alors étaient trop incompatibles avec la venue d’un enfant,
tu ne voulais pas d’enfant,
tu avais pris les devants pour ne pas en avoir (et même parfois, il y a des accidents, alors, bon)
tu était fragile… et j’en oublie!
Si tu fais ce travail de deuil (mais il est bon de se faire accompagner par quelqu’un de compétant et de bienveillant), deuil LEGITIME, alors oui, oui, oui, tu parviendras à TE pardonner. Et ce geste qui a éteint du vivant en toi à l’époque , et bien lui te le pardonne. Comment te dire? Je ressens moi-même le pardon des petits que je n’ai pas pu porter.
Ton choix a été très difficile, douloureux (ha, ces vilains qui t’en ont fait baver, c’est écoeurant!!) Mes “petits” me pardonnent, je le sais (comment vous expliquer cette conviction profonde?) et je parviens peu à peu à me pardonner aussi.
O comme ton “Pardonne-moi” m’a touchée, la Requine! Le pardon est un chemin quasi spirituel, mais il est parfois parcouru avant même qu’on y pense complètement consciemment! Courage, courage petite coeur (nous avon sensiblement le même âge), pense à ton petit fécondé avec amour, et à toi avec amour aussi! et vive la vie! On ne construit rien de bien solide sur des choses mal pardonnées. Tu as raison de demander pardon! Non pas que ce soit la preuve d’une quelconque culpabilité, non, ce n’est pas un retour en arrière, mais un merveilleux moyen d’avance justement. le pardon, c’est le plus sûr chemin vers des lendemains heureux!
Dola, ne regrette rien!!! C’est ma vie après tout, tu n’es en rien responsable de ce que j’ai vécu!! Vraiment-, sens-toi libre de tes propos !!
Pour répondre à Funambuline sur l’anonymat j’ai plusieurs “alias” deux. J’ai choisi celui ci plus neutre pour moi car mon ami surfe pas mal sur les blogs et je ne souhaitais surtout pas qu’il se reconnaisse dans ce texte si d’aventure… Mais j’ai conscience d’être ambivalente. Je me sens coupable, de n’avoir pas eu la vie correcte qui m’aurait permis d’envisager autrement cet événement. Je culpabilise oui & en mm tps j’ai pris la meilleure décision possible à cet instant. Paradoxalement je n’ai pas honte d’avoir subit une IVG. Je n’en suis pas fière. Mais je n’en ai pas honte. Parce que j’ai ait un choix difficile; et puis ce n’est pas pour rien que l’on dit SUBIR une IVG.
Incognita today je suis désolée…ma mère à perdu 3 enfants et j’ai pu constater le traumatisme que cela cause, y compris dans la non reconnaissance de ces enfants. L’un d’eux a vécu quelques semaines et je crois qu’il y a eu enterrement, je ne peux entrer dans un cimetière sans chercher mon nom de famille sur les tombes. J’imagine qu’il doit être très dur de ne pas pouvoir faire un deuil complet puisque nié.
Armalite oui la résilience est très présente dans nos vécus..
Je voulais vous dire, je sais bien qu’Hélène à beaucoup de lectrices mais je ne pensais pas trouver un tel écho..et d’une certaine façon, cet écho me permet de relativiser les choses, d’avancer encore..
Alors merci à tous et toutes.
Il est bien difficile de parler pour tous et à tous, alors qu’on traverse ces choses dans son corps propre, avec son histoire propre, et ma foi, on s’en débrouille comme on peut. Je lis avec beaucoup de compassion, Dola, ce que tu rapportes des échographies. Et je te comprends, du moins je le crois. Ma blessure m’appartiens, ne t’en fais surtout pas! Et puis, j’ai bien guéri, tout de même, depuis …
J’ai songé toute le journée, avant de poster, que “légaliser” ne signifiait pas “banaliser”. Le fait que l’avortement soit légal en France n’adoucit qu’un tout petit peu seulement la terrible violence que l’on se fait en choisissant cette voie. On n’en a pas finit de réfléchir à notre douloureuse condition humaine!
Courage et bonheur à toutes!
J’ai l’impression de retourner 10 mois en arrière, quand j’ai eu à faire face à la même histoire. Le choix terrible à faire, les entrailles qui se tordent de douleur pendant des heures pour expulser la chose, le retour à la maison dans le silence et le secret.A la lecture de ce texte, les regrets que j’essaie tant bien que mal de ne pas entretenir ont réapparu.
C’est difficile de composer avec ça, quand on pense qu’on est incapable d’élever un enfant faute de moyens ou de stabilité… Au final, aujourd’hui j’ai tout pour réussir, amour, foyer, salaire…
Ma collègue a donné naissance au mois d’août, quand j’aurais du le faire moi aussi.
En tout cas, je salue ton courage.
Je suis un peu étonnée, incognita today, que tu te “caches” pour poster aujourd’hui… ce que tu racontes n’a rien d’horrible (je veux dire rien de “traditionnellement répréhensible par notre société si bien pensante”), le besoin d’anonymat pour dire qu’on a souffert de fausses couches me surprend, mais je respecte.
Je suis un peu sous le choc.
C’était il ya longtemps? J’hallucine de lire a quel point on t’a mal traité lors de l’IVG.
On a l’impression d’être dans les années 70.
je te souhaites énormément de bonheur.
Nath, Benoîte Groult est une femme sensible et intelligente, je ne l’ai pas entendu parler de ses avortements, mais j’ai lu plusieurs de ses livres. Je pense que l’époque était différente, les femmes qui avortaient à l’époque avaient moins d’états d’âme il me semble, c’est quelque chose qui m’a choquée à une époque, mais la question du choix se posait différemment.
Je ne crois pas en tout cas qu’on puisse l’accuser de légéreté par rapport aux préservatifs, je pense qu’on n’en trouvait pas si facilement après la guerre !
Le statut du foetus est ô combien délicate, mais est-ce si grave que certaines femmes avortent en considérant que ce n’est qu’un amas de cellules ? N’est-ce pas une volonté d’encore une fois culpabiliser les femmes de leur reprocher ?
Depuis ce matin, je n’arrive pas à me remettre de ton texte la Requine, il a fallu que je refoule mes larmes au bureau et encore ce soir, je suis bouleversée.
On ne s’imagine pas ce qu’un tel évènement peut représenter dans la vie d’une femme et tant qu’on n’est pas dans cette situation on ne peut pas comprendre de toute façon.
Alors pourquoi juger ? je suis scandalisée par l’attitude de certaines personnes du corps médical (et autre) envers celles dont c’est la décision – de toute façon difficile – dont c’est le choix, dont c’est la vie.
Je te souhaite de trouver la paix la Requine, de te pardonner toi. Tu as pris cette décision pour toi ET pour “lui”.
Je te souhaite et aussi à toutes celles qui ont témoigné aujourd’hui et qui qui ont eu à affronter cela, beaucoup de bonheur à venir.
ah oui Incognita je te rejoins c’est légal mais en aucun anodin, et que c’est sujet sur lequel on reste à fleur de peau.
J’ai parfois rencontré une idée reçue qui se formule en gros de cette façon: ” c’est incompréhensible qu”à notre époque, il y ait tant d’avortement avec toutes les méthodes de contraceptions.., faut le faire exprès ou être paumée..”
Quand j’entends ça, j’ai bien envie d’hurler ou de pleurer.
J’ai pas l’énergie dans ces cas là de raconter mon expérience et fde aire tomber les idées reçues mais je n’en pense pas moins !
Incognita today,
MERCI des mots que tu dis sur la question de l’embryon. J’ai vu ma mère perdre un enfant (avant la naissance de ma petite soeur) et sa tristesse m’a marquée à vie… et pourtant je ne l’ai presque pas vue à ce moment (elle était enfermée dans sa chambre). Alors le coup du tas de cellules… ahem, j’accroche un peu.
Le texte de la requine est vraiment très très très triste et dit bien combien est terrible un avortement.
@ dola : quand j’entends les gens autours de moi dire çà, je me dis que ces gens là ne savent pas que malgré une contraception, le risque “0” n’existe pas et qu’on peut se retrouver enceinte alors qu’on croyait que notre contraception nous en protègeait…
j’ai envie de le leur hurler à chaque fois…
Requine…je suis touchée par ton récit et je le suis d’autant plus que j’ai vécu la même chose (concernant les membres du service hospitalier). C’est arrivé il y a un peu plus de deux ans (le 8 juin 2006 exactement !! je n’oublierai jamais). Le parcours a été terrible, la psychologue a été ignoble. Elle m’a bien fait comprendre que si j’en étais là, c’était que je l’avais voulu. Il fallait assumer cette situation et étant mariée, heureuse en couple, je devais le garder..oui, oui, elle l’a bien dit !
Le jour J aucun réconfort, mon mari n’a pas eu le droit de rester avec moi et on l’a renvoyé comme un “mal propre”…
Requine, je pense qu’on n’oublie jamais mais qu’on apprend à déculpabiliser. Je pense également qu’il n’est pas question de pardon dans ce cas.
Une chose est sûre, tu as fais preuve d’un courage extraodinaire en vivant ce moment si difficile “seule”.
Iriis91 -> une pensée pour toi !
Merci à Hélène de permettre ce genre de discussion.
Juste un petit mot pour celles qui ont perdu un enfant en cours de grossesse…
Quelques mois avant son décès, ma grand mère, qui n’avait plus toute sa tête, m’a raconté qu’elle avait fait une fausse couche, ce que j’avais toujours ignoré (mais ce jour là, j’ai compris pas mal de choses…)
Cinquante ans après, on sentait encore sa douleur, et le traumatisme d’avoir vu le médecin appelé à la rescousse jeter le foetus dans les toilettes…
Lorsqu’on porte en soi un désir d’enfant, qu’on investit les quelques cellules qui sont en train de s’organiser d’un projet parental, la perte de ces cellules, si petites soient-elles (ou pas, d’ailleurs), est souvent dramatique.
Mais lorsqu’on ne souhaite pas garder l’enfant, on n’investit pas ces cellules du même projet parental… elles restent alors quelques cellules…
Ce qui est essentiel, c’est la façon dont les concepteurs de ces petites cellules les regardent, et c’est pour ça qu’on ne peut pas décréter abruptement que “non, ce n’est rien, ce ne sont que des cellules”, ou “oui, c’est tout, ça peut devenir un enfant”.
Tout est une question de point de vue, et il faut que ça reste ainsi.
Moi non plus, je ne commenterai pas anonyment aujourd’hui.
Dola m’a t-elle ouvert le chemin?? sans doute…
Moi aussi, j’ai subi une IVG il y a qques années.
La relation avec le monsieur (je peux pas dire l’amoureux, car je ne l’étais pas, et encore moins le père), était épisodique, un peu légère en fait.
A la découverte de la nouvelle, je n’ai pas hésité une seconde.
J’avais les moyens de mener au bout une grossesse, je travaillais déjà, j’étais indépendante, mais la question ne s’est pas posée en ces termes.
C’était une évidence que cet enfant n’était pas désiré, pas le bienvenu.
Alors j’ai franchi toutes les étapes nécessaires (avec plus ou moins de chance selon les personnes rencontrées, hostiles à ma décision ou pas).
Je n’ai pas hésité une seconde.
Ce n’était pas une partie de plaisir, mais un réel soulagement de le faire.
Je n’ai jamais regretté, même si maintenant, à l’âge que j’ai, la maternité n’est plus tellement d’actualité, et que je pourrais me dire que j’ai loupé le coche.
Même pas.
Je sais que j’ai pris la bonne décision au moment venu, point barre.
Et que si c’était à refaire, je referais pareil.
@ dola : le sujet d’aujourd’hui nous rapproche encore… :))
Je voudrais préciser aussi que je n’y pense quasi-jamais, sauf un jour comme aujourd’hui avec le témoignage de Requine.
Cette décision ne m’a pas fait souffrir, ni traumatisé, sur le coup comme après.
Je suis en paix avec moi même, car j’ai pris MA décision….
Deilema merci pour ton commentaire extrêmement juste.
Véro merci mille fois pour ce que tu dis, je trouve que ça fait du bien de lire quelqu’une qui n’est pas traumatisée d’avoir avorté, qui n’en souffre pas, et qui n’y pense pas plus que ça.
A toutes les filles qui sont passées par là : dites vous que vous avez pris une décision à un instant T, qui vous semblait la meilleure.
Elle aurait pu être différente, mais avec des si, on n’avance guère.
Je voudrais juste vous dire qu’on peut aussi choisir l’option de l’IVG, et au final avoir fait le bon choix.
C’est sans doute plus facile quand on ne garde pas des liens avec le géniteur, je le conçois…
@ Hélène : de rien, si ça peut aider la communauté, tu penses bien que c’est avec plaisir…
Je me sens un peu différente sur ce coup là, l’impression d’être une “sans-coeur”, ce que je ne suis absolument pas….
@ dola : t’inquiète pour la suite des échanges dans la communauté MBDF ou ailleurs, je ne verrai rien d’inscrit sur ton front, je saurai juste qu’on est juste un peu plus proche, et ça, c’est chouette… :))
Je voudrais préciser trois choses : j’ai moi aussi fait une fausse couche plusieurs années après, et ça n’a rien à voir ; bien sûr on en souffre, mais on est écoutée, protégée, chouchoutée , ce qui n’est pas le cas avec l’IVG.
Cela me permet de rebondir sur ce qu’en dit Véro : je n’ai pas non plus l’impression d’être traumatisée par l’acte lui-même, mais par sa réception dans la société, ou plutôt sa non-réception : c’est comme si à toute force, on voulait que cet acte n’existe pas. Je le ressentais tellement ainsi à l’époque, que je l’ai fait secrètement, et aujourd’hui encore, puisque je poste anonymement.
Enfin, je voudrais aborder un aspect plus délicat : certaines d’entre vous ont expliqué qu’elles en étaient arrivées là alors qu’elles avaient “tout bien fait” au niveau de la contraception, pour que ça n’arrive pas ; ce n’était pas mon cas, mais ce n’est pas pour autant je crois, que je méritais, à l’époque, l’opprobre publique !
Deilema, (comm’ 103) je comprends ton point de vue. Oui, il doit bien être question de projection, d’investissement d’une part de soi dans ces fameuses “cellules”.. Il est clair que moi, je projette à fond… Mais je me méfie (serait-ce un manque de confiance en moi??!) des prises de distance trop radicales, qui peuvent être salutaires un temps, justement le temps de passer la tempête, mais de là à ancrer en soit cette distance… ce peut-être artificielle et dommageable, du genre chose douloureuse et refoulée, il faut se méfier. Y mettre le nez pour vérifier que tout est en place (non pas gratter là, pour voir si ça fait mal) peut avoir du bon.
Chichou, je crois justement que la “déculpabilisation”, qui a un rapport flagrant avec le sentiment de culpabilité (très différent de la culpabilité réelle, d’ailleurs), est liée directement au travail de pardon. On peut regretter une chose, sans qu’il y ait “faute”, et on peut avoir besoin de demander pardon , ou même de pardonner soi-même à autrui, pour cesser de souffrir.
Dola, si j’étais plus forte que je ne suis, moi je filerais bien quelques baffes aux gens qui tiennent ce genre de discours, que j’ai entendus si souvent, moi aussi. Mais je reste le plus souvent sidérée, et mes poings ne me démangent même pas. Peut-être que cela vaut mieux, vu que je ne trouverais pas les mots, moi non plus…
Camille Strass, comment ne pas être touchée par ta réponse ? C’est extraordinaire de constater combien les enfants peuvent être touchés par la douleur de leurs parents, pourtant, ce n’est pas à eux de l’assumer…
Hélène, je me cache aujourd’hui… Comme cité plus haut, je ne veux pas, rencontrant dans le réel les filles super d’ici, être identifiée comme celle “qui” .. Et puis, cela me fait encore mal, oui. Alors je me cache, encore. Très rares sont ceux qui connaissent “mes petits”.
Je vous embrasse, mes soeurs.
La Requine, merci de ce que tu nous as écrit. Sois heureuse avec ton amoureux. En paix avec ton histoire, et confiante en ton avenir !
Requine, je suis de tout coeur avec toi ; et, comme toutes celles qui t’ont répondu, je pense que tu n’as rien à te reprocher et aucune culpabilité à ressentir . Tu as fait pour le mieux …
Ton texte si poignant m’a ramenée il y a plus de quarante ans . L’avortement était strictement interdit par la loi ; j’avais vingt ans, aucune expérience , j’ai dû me débrouiller seule pour trouver une “faiseuse d’anges ” qui m’a opérée sur la toile cirée de sa table de cuisine ; après, il y a eu une journée interminable de sang et d’angoisse , toute seule dans une chambre de bonne prêtée par une amie , avant d’expulser l’embryon – et un embryon de dix semaines, ce n’est pas juste “un amas de cellules “, c’est un enfant en miniature, je n’oublierai jamais ce spectacle navrant …
Et pourtant,comme Véro la Bisontine, je ne regrette absolument rien, cet embryon , je n’en voulais pas et je le percevais comme une espèce de cancer tapi en moi, dont il fallait m’opérer à tout prix .
Et moi aussi, je suis , encore maintenant , en colère contre cette gynéco inconnue que j’étais allée consulter et qui a essayé de tout faire pour que je dépasse les dix semaines et sois obligée de renoncer à avorter ; elle m’a donné des médicaments supposés faire revenir les règles alors qu’il était évident que j’étais enceinte – heureusement que je me suis méfiée et suis allée consulter un autre médecin le lendemain … et là, il n’y avait aucun doute . Mais cette femme, avec sa petite croix au cou , son air pincé et son chignon serré , je lui en veux de sa malhonnêteté .
@ anonyme aujourd’hui : “certaines d’entre vous ont expliqué qu’elles en étaient arrivées là alors qu’elles avaient “tout bien fait” au niveau de la contraception, pour que ça n’arrive pas ; ce n’était pas mon cas, mais ce n’est pas pour autant je crois, que je méritais, à l’époque, l’opprobre publique !”
Oui, tu soulèves bien là le sentiment de culpabilité que l’avortement fait peser encore sur les épaules des femmes _essentiellement d’ailleurs, alors que le lien fait plus haut par Funambuline rappelle un trai fulgurant de Cabu !. _
Ton témoignage, ainsi que celui de Véro la Bisontine m’enlèvent un poids que je ne savais pas que je portais…
J’ai la gorge serrée après t’avoir lue… Je me sens envahie par la tristesse qui fut la tienne à ce moment. J’espère que tu es heureuse actuellement… que tu partages de beaux moments avec l’homme que tu aimes. Je déplore le manque d’humanité des personnels médicaux. Certes, on ne leur demande pas de faire ami-ami avec tout le monde ni de s’impliquer dans les problèmes des patients mais c’est vrai qu’une poignée de main, un sourire peuvent tellement changer les choses !
Turquoise, merci.
Bonjour,
Je voulais vous dire … Que je trouve votre décision (et le secret que vous instorez vis à vis de lui) extrêment courageuse et généreuse : pour l’être que n’était pas encore le foetus (c’est important cette nuance) et pour l’homme qui n’était pas encore tout à fait à vos côté ; pour sa liberté aussi et pour ce voile qui serait venu ternir votre relation.
Les soignants qui ne vous ont pas accompagnés et qui ont rendus les choses très compliquées pour vous sont indignes de leur profession.
J’ai dans mes prôches une histoire qui ressemble à la vôtre ; sauf que l’enfant est né (peut être parce qu’à l’époque l’avortement n’existait pas). Le devenir de cet enfant a démontré qu’avoir un enfant non désiré est un handicap à vie pour le père et l’enfant (dans le cas que je connais, la mère me semble moins affectée). L’enfant a aujourd’hui plus de 50 ans ; il est sous curatelle et alcoolique ; en perpétuelle dépression.
Donc définitivement, votre choix a été certainement extrêmement douloureux (il l’est encore dans vos lignes)mais infiniment généreux.
Je vous souhaite un bonheur sans fin avec un boulot épanouissant !
Merci pour ton témoignage bouleversant et tout ce qu’il a suscité sur ce blog.
Je suis très touchée par tout ce que tu nous confies de ton histoire, de cet avortement si douloureux dont tu portes le secret seule depuis 5 ans. Ecrire sur ce blog est certainement un évènement très important, même si tu ne t’en rends pas forcément encore compte.
Comme beaucoup l’ont gentiment et souvent tendrement exprimé, c’est peut être maintenant le moment pour toi de faire un bout de chemin pour que cet évènement prenne sa juste place dans ta vie. Il existe des associations qui pourront peut être t’aider et qui en tous cas ne te jugeront pas : AGAPA :01 40 45 06 36 et SOS Post IVG : 0825 33 18 19 et [email protected]. Leurs services sont gratuits.
Bon courage ! Je te souhaite du fond du coeur de pouvoir retrouver paix et sérénité et vivre pleinement le présent que t’offre la vie.
Elisabeth
Je n’ai jamais posté ici bien que je vienne de temps en temps.
Mais là il était impossible que je me contente juste de lire. Tout simplement parce que cela fait environ 5 mois que j’ai vécu cette meme expérience, et que j’ai toujours l’impression que c’était hier.
Ce que cet article dénonce aussi, et aucquel j’adhère à 100%, c’est le manque d’aide, voire la cruauté du cadre d’avortement.
Je me suis fait traitée de débile et d’inconsciente au planning familial (pareil, yeux au ciel et autres quand je voulais me justifier … Ben oui les filles qui avortent c’est forcément des petites dindes qui se font sauter dans tous les coins sans protection, pas des filles RESPONSABLES et ADULTES qui ont eu des pbs de préservatif ou de pilule …) où on m’a très mal expliqué la procédure à suivre, je me faisais méchamment refouler à tous les hopitaux (manque de “place” de “temps”). On avait également le culot de m’informer que “si le délai était dépassé, je pouvais toujours avorter en Hollande ou en Belgique, là où les délais d’attente sont plus longs !” Merci pour tout …
La seule personne m’ayant cru et parlé comme a UN ETRE HUMAIN, c’est la gynécologue de l’hopital, qui m’a également pratiqué l’avortement. Sans son aide, j’aurais peut etre viré psychopate, à force de m’entendre dire que j’étais coupable …
Ce long pavé pour dire que je comprends toutes les émotions décrites ici, et que je trouve inadmissible que l’on nous fasse culpabiliser comme ça, comme si la perte d’un enfant n’était pas déjà assez dure comme ça …
à la requine : courage, et merci pour ce témoignage, meme si j’ai pleuré comme un veau pdt une demi heure.
Lily
Quand j’y pense, je trouve assez bizarre de s’indigner sur le fait que “on trouve ENCORE des femmes culpabilisées”. je m’explique. Sorti du fait que je suis franchement pas du tout pro ivg, mais là n’est pas la question.
Revenez dans 150 ans, l’ivg aura beau être toujours là, il y aura toujours de la culpabilité. Ce n’est pas une question de mentalités, ou d’éducation des femmes. C’est juste que ça restera toujours un drame humain pour celles qui seront dans la même situation que La REquine ou d’autres. Le “et si” restera toujours .je pense que cela n’a rien à voir avec un quelconque conservatisme des sociétés.
Le regard sur les femmes ayant choisi d’avorter, ça c’est autre chose, bien sûr. Vous aurez toujours ceux qui auront des regards torves sur “celles qui”. là, effectivement, il y a des possibilités d’évolution.
” Si mon père et ma mère devaient m’abandonner,
L’Eternel me recueillerait ”
Psaumes 27/10
Petite Requine, ton enfant est près de Dieu, dans ses bras…
http://m3l0dy-t0ny.skyrock.com/2069841980-L-avortement.html
Comment ne pas se sentir coupable en lisant ce genre de texte?
Joséphine : Pô pô pô … Quand on voit le niveau du texte, moi ça me ferait plutôt rigoler ;-)))
Je suis touchée, bouleversée par vos témoignages, les filles.
Je n’ai jamais vécu ce que vous racontez mais je pense maintenant (un peu) mieux comprendre la souffrance, la culpabilité, le traumatisme qui y sont liés. Vous êtes très fortes, résilientes en effet.
Merci à Hélène et à MBDF de permettre un tel échange. C’est vraiment une très grande prise de conscience pour moi ce soir. Je ne croyais pas que ce stéréotype (bien décrit par Lily) est toujours d’actualité : on est au 21ème siècle !!
Par ailleurs je suis d’accord avec Deilema : je pense qu’il faut respecter le point de vue de la femme qui porte le foetus; car c’est sa réalité -un amas de cellules ou un petit être-, c’est-à-dire la “sienne”, certes, mais aussi “réalité”. Il ne fait aucun doute pour elle. Il faut donc respecter son point de vue…
Je vous embrasse toutes
@ Joséphine: perso, ce genre de texte me fait plutôt hurler… C’est une vraie caricature! Toutes les femmes qui ont témoigné aujourd’hui disent que cette décision ne se prend JAMAIS à la légère. L’argument de l’irresponsabilité et du “on utilise ca comme contraception” est typiquement utilisé par les anti-IVG et ca, je bloque…
Anonyme aujourd’hui> Oui c’est sûr que le niveau orthographique et syntaxique laisse à désirer, mais elle a l’air de mettre toutes ses tripes dans cet article!
Requine, tout ce que tu écris aujourd’hui me navre d’autant plus que j’ai milité, il y a bien longtemps, pour que les femmes ne subissent plus jamais l’ IVG dans la honte et la misère psychologique, mais il semble que la société n’ai pas encore admis qu’une grossesse non désirée est un véritable drame.
Je suis d’une époque où il n’y avait pas de solution médicale, et où, comme Turquoise, j’ai été obligée de faire confiance à une “faiseuse d’anges”.
L’après était terrifiant, car il fallait, bien souvent, aller à l’hopital pour “finaliser” la chose, et que l’accueil y était horrible et traumatisant. J’ai subis le curetage à vif, sans anesthésie, et surtout sans humanité, car il fallait bien nous mettre dans la tête que nous commétions un crime, et nous retirer à tout jamais l’idée de recommencer.
Je ne me suis jamais sentie coupable, j’ai juste été très malheureuse, et si je devais le refaire aujourd’hui, je n’hésiterais pas.
Je te souhaite beaucoup de bonheur pour ta vie future, et tu verras, si on n’oublie pas, on tourne malgré tout la page , c’est ce qui nous fait avancer.
ln, Lily, soyez les bienvenues !
@ Sylvie : ben oui, les femmes qui ont témoigné aujourd’hui, sont justement des femmes responsables, pas des gamines immatures comme l’auteur de ce texte – à qui je ne souhaite qu’une seule chose, c’est que la vie ne se charge pas trop durement de remettre les idées en place, pauvre petite ;-(
La Requine, j’ai été très touchée par ton texte. Merci aussi aux commentatrices, grâce à vous et vos témoignages très divers, j’ai beaucoup (un peu?) appris sur ce qu’est la réalité de l’avortement.
Je ne commente pas souvent mais je me lance aujourd’hui car j’ai vu que personne n’avait cité le livre de Daniel Meurois “Le non-désiré”. J’en connais l’existence par des femmes ayant avorté et qui disent y avoir trouver une grande aide. Je suis sûrement présomptueuse mais j’ose espérer qu’en signalant l’existence de ce livre, cela aidera peut-être quelqu’un.
Je te (vous) souhaite de tout coeur de trouver la paix.
J’ai été très touchée ce matin par la souffrance qui est la tienne et ton témoignage me pousse à te partager ce soir les coordonnées de “sos post ivg” qui propose une écoute et un soutien anonyme et confidentiel: 0825331819 et [email protected]. Ils pourront aussi te proposer des associations spécialisées dans l’accompagnement de personnes qui ont vécu un avortement. Je te souhaite de tout coeur de trouver le moyen (avec de l’aide sans doute) de te pardonner comme tu le souhaites si fort à la fin de ton texte.
Bonsoir à toutes,
Merci Requine d’avoir livré ton témoignage, poignant. Et bonne route à toi…
Merci à toutes les commentatrices, vos témoignages me touchent beaucoup.
Juste une petite précision concertant l’association sospostivg, citée dans plusieurs commentaires. Une visite de leur site sosbebe.org m’a permis de constater assez rapidement qu’il s’agit d’une association catholique, qui promeut surtout le fait de garder le bébé et propose différentes aides pour cela. Le regard proposé sur l’avortement, et les pistes d’aide psychologique apportées, émaneront forcément d’une vision particulière.
Attention, je ne critique pas l’association en question et, comme je ne la connais pas, je suis toute disposée à croire croire ses membres véritablement humains et chaleureux dans leur démarche.
Toutefois, sur un sujet aussi sensible et impliquant pour la personne qui le vit avec difficulté, je pense qu’il est important de savoir où l’on va si l’on choisit de se faire accompagner par un tiers.
J’espère n’avoir heurté les convictions de personne.
Dinarzade.
@ Véro, ça me fait plaisir de savoir qu’on peut-être sereine face une IVG et aussi plaisir de te croiser sur ce post sans masque :-))
@ anonyme aujourd’hui : Bien sûr qu’on peut avoir à faire une IVG sans avoir tout “bien fait” sans subir l’opprobe ,pour ma part j’ai juste voulu insister sur le fait qu’on ne m’a pas crue au planning familial et que c’est cela qui m’a blessée…J’avais besoin de soutien psychologique j’ai écopé d’une leçon de biologie digne d’un cours de 4ème…
Pour ma part si j’analyse bien les choses ce n’est pas de la culpabilité que je ressens mais la peine à l’idée de renoncer à cet enfant, cette vie en devenir.
J’ai toujours eu envie d’avoir des enfants et confronté à une grossesse ce désir n’est était que plus vivace mais j’ai choisi la voie de la raison et pas celle du coeur ou des tripes ( et cette dernière ne se laisse pas facilement mettre en sourdine).
J’éprouve beaucoup de colère en lisant ton texte Requine.
Beaucoup de colère envers le personnel qui s’est occupé de toi ce jour là.
Les raisons de ce geste t’appartiennent, je les comprends.
Ce que je n’arrive pas à accepter, c’est qu’une femme en détresse qui demande une IVG avec tout le questionnement et la torture intérieure que comportent ce geste soit traitée comme une adolescente débile qui n’a pas pris ses précautions.
Je suis déjà allée chercher une amie à la sortie de l’hopital suite à une IVG, j’étais la seule au courant, et j’étais fière d’être là pour lui tenir la main et la prendre dans mes bras, lui dire “je sais, je comprends”.
Je te souhaite de pouvoir faire la paix avec ça un jour, peut être avec l’homme de ta vie qui comprendra, certainement, que ce moment était le plus périlleux dans vos vies pour que ce bébé arrive.
Sylvie 8600> Il me fait hurler aussi, j’ai d’ailleurs envoyé un mail à cette personne pour lui expliquer mon point de vue, très calmement. J’attends sa réponse.
@loulou75: dans le “pardonne-toi”, c’était pour dire qu’elle n’avait pas à se sentir coupable du choix qu’elle a fait… Son choix n’était pas facile.
Ce que ça m’évoque (avec presque 24 h de recul pour “digérer”) : Tout d’abord, Requine, c’est que c’est très très bien écrit, ça m’a laissé l’impression d’être à tes côtés.
Je reste outrée par l’attitude du corps médical face à ce genre d’épreuve, de décision… On peut retrouver ça chez certains gynécologues dans leur rapport à la contraception. Je suis généralement outrée par l’attitude du corps médical face à la fécondité au sens large du terme.
Il ne faut pas oublier que grand nombre de femmes qui passent par l’IVG le font de façon très solitaire et isolée, restant bien souvent uniquement face à elles mêmes et à cette “procédure”.
Quoi qu’il en soit, Requine, je te souhaite de trouver la sérénité pour “vivre avec”. Garder un enfant non désiré est une décision courageuse, mais ne pas le garder est une décision tout aussi courageuse, et sans nul doute très lucide. A chacune sa vérité sur ce point.
@Nathilou (88), Moi aussi j’ai été stupéfiée par Benoîte Groult qui parlait d’aiguilles à tricoter en rigolant…
@Camille Strass et Incognita Today : MERCI de rappeler qu’on peut penser autrement (sans être pétrie de “bigotterie nauséabonde”, j’ai lu ça hier dans un com je ne sais plus de qui)
Je ne connaît pas de cas d’avortement dans mon entourage, mais une question tout de même : et les hommes dans tout ça ? Il y deux responsables, non ? La solitude dont vous parlez, ça ne changera pas de sitôt si les hommes sont systématiquement et officiellement mis à l’écart…
dinarzade merci pour ces précisions, c’est important.
Même avec un homme présent à tes côtés, c’est ton corps et uniquement ton corps. C’est toi qui est examinée, c’est ton corps à qui on enlève l’embryon et c’est toi qui perd le sang ensuite ( et ça n’a rien à voir des règles )…
L’homme reste spectateur même aimant et impliqué et c’est vrai aussi sur une grossesse menée à terme. Il peut essayer de se mettre à notre place, d’être compréhensif, mais il ne ressent pas les choses, il ne les vit pas.
D’ailleurs comme cela a été dit plus haut c’est vrai que j’ai 2 enfants mais avec mon IVG, on considère que j’ai eu 3 grossesses.
Il y a anasthésie générale ou locacle, bref, ton dossier médical change, cet un évènement psychologique et phyisiologique.
@ Cornélie (com 119) : Requine n’a pas “abandonné son enfant”. Elle a choisi une IVG.
Je fulmine mais je me retiens et je ne vais pas plus loin.
je pleure de lire ton texte, j’admire ton courage, je n’ose imaginer la difficulté des moments vecus.Je te souhaite de repartir, d’aimer, d’etre aimé. Je suis ainée de ma famille, j’aurais du être la deuximeme mais 8 ans avant ma naissance ma maman à fait le meme choix que toi pour des raisons quelques peu identique (precarité financiere, sentimantale…). En lisant ton texte je comprend mieux ma maman et je te remercie d’avoir ecrit ces lignes.
Merci à vous toutes de ces témoignanges si divers.
Et merci Hélène de nous permettre, chaque mercredi, d’un peu mieux nous comprendre et par là même de mieux nous respecter…
ben ca alors! Moi qui me plains d’etre au chomage et qui déprime un peu en ce moment, ce texte m’a encore plus mis sous terre…
il n’empeche que perso je suis pour l’avortement, mais qu’il n’y a pas assez de suivis psycho…
Un récit poignant…
Bien écrit…
Une histoire bouleversante…
Merci…
Cette histoire me rappelle celle de ma mère, car mon père ne souhaitait que deux enfants. Il ne voulait pas non plus que ma mère aie une contraception. Donc ce qui devait arriver arriva, et elle s’est débrouillée toute seule, en n’en parlant à personne, pas même à mon père, sauf à moi, 10 ans plus tard. Et c’est arrivé deux fois. Elle a repris la pilule, en ‘cachette’, pour éviter de subir de nouveau cette souffrance.
J’imagine ce que vous pensez de mon père, mais ma mère aime mon père. Enfin, je l’espère du plus profond de mon coeur.
Ca aurait bien pu être moi aussi, la numéro 3. Mais ne pas être aimée de mon père, ça aurait été terrible aussi.
J’arrête ici, je suis en larmes. Ce billet m’a profondément touchée. Merci.
Ce texte m’a émue aux larmes comme beaucoup de monde. Bien que n’ayant jamais eu à faire ce choix, je trouve aussi qu’il n’est pas normal que l’on fasse culpabiliser les gens à ce point pour un choix qui est le leur !
Et ce texte m’a rappelé un épisode de ma grossesse (quand tu parles de ton attente dans une salle entourées de femmes enceintes).Avec mon mari dans une salle d’attente, je suis à 7 mois de grossesse. Angoissés, car une anomalie a été détectée à l’échographie et nous ne savons pas si notre enfant va pouvoir vivre. Dans cette même salle, 2 jeunes filles sont là. Je comprends facilement que l’un des deux jeunes filles est là pour avorter. Et en sortant de la salle, nous croisons un autre couple en larme (sans doute venu pour le même problème que nous, mais ils n’ont pas eu la même chance). C’était la croisée de 3 destins, où le choix n’était pas forcément présent.
La vie n’est pas toujours facile et il y a des situations où les choix sont très limités voire inexistants…
Tigibus bienvenue à toi ;-)
Coucou La Requine, coucou les filles,
J’espère que tu iras de mieux en mieux, et que ce triste souvenir s’apaisera en toi… Mais avec ton homme à tes côtés (même s’il n’est pas au courant de cette partie de votre hisoire), tu ne peux te sentir que plus solide !!
Quant à l’équipe médicale, je suis vraiment outrée ! Etant moi-même infirmière, je me rends compte lors de ma pratique quotidienne que tout être humain est faillible, chacun fait des boulettes, chacun a droit à l’erreur enfin ! C’est vrai qu’on est obligé de se blinder, mais on n’a pas à juger, on voit tellement de choses qu’on se rend compte que tt le monde est différent, et chacun a ses raisons. On n’a pas à juger (comment pourrait-on se permettre de juger ? c’est pas parce qu’on travaille dans le milieu médical qu’on est parfait…). Même si des fois on ne comprend pas tout, on se dit que qqch nous échappe, un point c’est tout. On ne juge pas.
A ta place, sans aller jusqu’au procès, j’aurais écrit une lettre à la direction et au médecin (ça remonte jusque dans les services). Ils se seraient p.être remis en question….
Bref, je pense que tu n’as pas eu de chance à ce niveau-là, mais j’espère que ton futur avec ton homme sera aussi radieux que tu le décris dans ton post ! (et de plus en plus !)
Gros bisous à vous toutes.
@ Joséphine: si tu reçois une réponse, cela m’intéresserait de savoir ce qu’elle te dit. Merci d’avance :-)
Milimelaine, je suis révoltée à la lecture de ton commentaire.
Penser que les femmes ont pu être soumises de la sorte à leur conjoint (et le sont parfois encore d’ailleurs, un peu partout dans le monde) m’enrage littéralement.
Je crois que je ne remercierai jamais assez Simone Veil et Lucien Neuwirth pour les avancées de la condition féminine qu’ils ont permis.
Mais que de chemin reste à parcourir !
Ne soit pas tant révoltée, si tu connaissais ma mère, tu admettrais que cela n’est pas la peine. Et mon père n’est pas un tyran, c’est juste un homme élevé au fin fond de la campagne avec des valeurs qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui et bien heureusement.
Ma mère n’est absolument pas soumise, mas elle préfère parfois faire les choses seule.
J’y suis peut-être allée fort, ou me suis mal exprimée, mais non, ma mère fait absolument tout ce qu’elle veut.
La tolérance, c’est aussi d’essayer de comprendre, parfois ; même si j’admets aisément que cela ai pu te choquer.
Rassure-toi, sa façon de penser a beaucoup évolué depuis. C’était il y a longtemps, déjà.
Votre échange de commentaiers, Deilema et milimelaine, me fait à nouveau toucher du doigt combien il est difficile de savoir ce que l’autre dit sous son commentaire, ce qu’il y a derrière, tout ce qu’on ne sait pas et qui compte tellement… bref, la communication par écrit et sur internet, c’est définitivement difficile et super subtil et délicat, et je vous remercie de faire si souvent des efforts pour que ça se passe bien !
je suis tout a fait d’accord. C’est en me relisant que j’ai pu constater à quel point mon commentaire était confus, car on ne peut pas raconter en 5 lignes des faits si compliqués.
C’est d’ailleurs pour cela que le texte de la Requine est si long et détaillé.
Je crois que dorénavant, je me passerai de faire des commentaires trop personnels qui me touchent, surtout lorsqu’ils peuvent être mal interpretés. (je ne t’en veux absolument pas Deleima)
Et en ce qui me concerne, je tacherai d’éviter de poster “à chaud”…
Je suis tellement hérissée par tout ce qui touche de près ou de loin à l’oppression des femmes que ça me fait perdre un peu de mesure, et voir de la tyrannie masculine là où il n’y en a pas forcément.
ton histoire est boulversante
et je veux juste de souhaiter tout le bonheur du monde aujourd’hui
Prendre la decisiosn d’avorter n’est pas facile je le sais, je l’ai fait et meme aujourd’hui apres
18 ans et maman de trois enfants, il y quelques fois un moment de regret, mais c’etait mon choix a l’epoque, ce n’etait que le mien je demande juste que l’on le respecte et avec moi toute les femmes qui font ce choix un jour, avec courage, car il ne faut pas croire que c’est facile de prendre cette decision.
je vous embrasse
J’ai lu avec attention ce post et tous les commentaires. Il me reste une idée en tête. C’est qui qui nous manque pour arréter de culpabiliser?? Finalement le choix d’avorter c’est comme le choix de ne pas avoir d’enfants, il faut expliquer, justifier.. J’avais pas de boulot, on se connaissait depuis peu, les soldes étaient passés… L’avortement est un droit, comme de voter, ou d’avoir un compte bancaire à soi. youhou les filles réveillez vous! D’accord c’est notre corps, et tout et tout. Le personnel médical n’est pas gentil? Pour les appendicites non plus ils sont pas compréhensifs… Moi je crois qu’on se mets aussi beaucoup la pression toutes seules… On mets quoi derrière la décision d’avorter? Nos futures grossesses qui seront entachées de cet acte? Notre non désir d’avoir un enfant? Ou l’accident de contraception (que c’est moche comme expression…)? Mais puisque cette grossesse n’est pas désirée et qu’on a la possibilité de ne pas la poursuivre, pourquoi chercher encore une raison de mal le vivre?
De toute façon on nous culpabilise sans cesse: quand on avorte, quand on a des enfants et qu’on travaille, quand on travaille pas pour elever les enfants, quand on veut pas d’enfants… Merde alors, c’est pas fini ce bordel!!!
Je suis évidemment de tout coeur avec celle qui ont choisit! j’en fait partie mais j’en fait pas une maladie!
Bises
Guérir parfois, soulager toujours: merci pour ton commentaire, et bienvenue !
Bonjour,
Je n’ai pas eu à faire ce genre de choses, pour plusieurs raisons (je suis lesbienne (ça aide ;) ) et puis surtout je ne suis pas née complète, il manquais une partie de la tuyauterie.
Aussi je n’aurais jamais à subir ce genre d’épreuve, mais je suis de tout coeur avec celles à qui ça arrive et je ne comprendrais décidément jamais de quel droit les autres se permettent de juger ce qu’on fait. Ce sont des choix personnels et qui par conséquent n’engagent que nous.
Franchement y’a des fois, y’a des baignes qui se perdent. Désolée je parle comme je vis, je suis un peu “brut de décofrage” mais ça me gonfle que les autres veulent absolument nous “mouler à leur image”.
Gros bisous à toutes celles qui en ont besoin.
AnDroKtoNe: sois la bienvenue !
Merci Hélène :)