“Les jeunes femmes sont les premières touchées par la précarité, la misère, l’exclusion et la violence. Plus encore, les jeunes femmes avec enfants. Je suis une jeune femme, j’ai échappé à tout ça. Et j’ai eu la chance de rencontrer Asmae, l’ONG de Sœur Emmanuelle, et en particulier l’équipe de la Chrysalide, le centre maternel que l’association a ouvert à Bobigny. Ici vivent des jeunes femmes, souvent plus jeunes que moi, avec un ou deux enfants. Comment élever son enfant lorsqu’on est soi même en péril, sans revenu, sans toit, en rupture avec sa famille et les institutions ? Au fil de leurs parcours chaotiques, elles finissent parfois par être séparées de leurs enfants, placés dans des familles d’accueil. Le centre maternel accueille mère et enfants pour un à deux ans afin de leur permettre de repartir dans la vie.
Sabine Pirrovani a conçu le projet et dirige aujourd’hui le centre maternel. En fin de journée, depuis les fenêtres de son bureau coloré, on voit arriver des jeunes femmes avec des poussettes et une nuée d’enfants. Parfois, un homme les accompagne. Les petits courent, jouent et collent le nez à la vitre. C’est l’heure du retour de l’école, ou de chez l’assistante maternelle à qui les bébés sont confiés pendant la journée. Un rituel précieux pour des enfants souvent en mal de repère.
Pour les mamans, le séjour à la Chrysalide est un moment pour réfléchir à leur parcours et se reconstruire. Pour la première fois de leur vie, elles ne sont plus aux abois et peuvent penser à l’avenir. Elles sont hébergées, chacune dans leur studio avec leurs enfants. Avec les éducateurs, elles montent leur projet professionnel : suivre une formation, choisir un métier…
Le centre maternel permet aussi de se retrouver en famille, et de retisser des liens familiaux malmenés par l’expérience de l’exclusion. Car le développement et l’éducation des enfants est au cœur du centre. Le projet inclut une crèche, l’Ile aux Enfants, espace d’accompagnement et de dialogue avec les professionnels de l’enfance. Petit à petit, les jeunes femmes nouent des rapports plus apaisés avec leurs enfants, prennent conscience de leurs besoins et de leur responsabilité.
Le soir tombe, les poussettes sont rangées dans leur abri au fond de la cour. On entend de la musique dans les étages. Pour Sabine Pirrovani, la journée n’est pas finie : c’est l’heure de la réunion d’équipe. Et la nuit aussi peut réserver des surprises…
Signé : Eléonore K”
14 commentaires
C est aux fruits qu on reconnait l arbre… I love sœur Emmanuelle :-)
Je suis très heureuse pour ces femmes, et ces enfants, qu un tel lieu existe. Et il y en a d’autres, un peu partout. Ils font des petits. Hier, c’était rouge powa pour moi, aujourd’hui, c’est Love powa !!!
Merci Eléonore K pour ce témoignage, et merci à Sabine Pirrovani pour son bureau coloré :-)
Le projet de cette association est essentiel et magnifique, tout comme son initiatrice, une grande Dame. Merci Eleonore pour ce témoignage, je te souhaite beaucoup de belles rencontres, beaucoup de bonheur en tant que femme et en tant que maman.
Bonjour,
j’ai travaillé dans un centre maternel et aujourd’hui encore j’accompagne des parents en difficultés de tous ordre.
Il y en a au minimum un par département et sont toujours financés par le conseil général. Ils sont soit associatifs soit départementaux. C’est obligatoire et ce n’est pas à l’initiative de cette seule association. Cela existe depuis bien longtemps et pris en charge toujours par les collectivités locales. Important de le dire, même si je reconnais tous le mérite de ces associations. Elles sont liées à l’aide sociale à l’enfance et ont des comptes importants à rendre.
Je suis ravie de voir l’image que tu en dépeind. Malheureusement, ce n’est pas si idyllique que tu sembles le dire. Les mamans que j’y ait rencontrées étaient bien souvent en manques de repères tels que malgré leur passage au centre mat’ elles n’arrivaient pas à se sortir de là où elles étaient, le plus souvent malgré elles.
Les problèmatiques sont le plus souvent très très très compliquées et je déplore que le plus souvent nous ayons dû faire appel à un placement des enfants.
Le “système” (social, économique, politique…) est tel, la misère sociale, économique, familiale est si importante que les services sociaux n’ont plus le temps de faire de la prévention et lorsqu’une famille arrive au centre mat’ il est souvent trop tard…
Vaste sujet… qui me passionne.
Je le répéte, je suis vraiment ravie/étonnée que toi tu en fasses ce retour là. C’est chouette et je me dis que tous le travail que nous faisons n’est pas vain. Si dans toute ma carrière je réussi une fois à “aider” une famille alors je saurai que j’aurai réussi et bien fait de choisir ce boulot-là…
Bon courage pour la suite, éléver des enfants c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Elever, dans le sens élever au rang d’adulte autonome et bien dans sa peau. Ce mot peut aussi avoir une connotation négative, voilà pourquoi je précise.
Bonjour les filles et merci pour vos retours :-)
Je tiens à préciser : je ne suis pas une maman résidente du centre mais juste une bénévole de l’association ! Par mes échanges avec l’équipe, j’ai bien perçu que c’était loin d’être facile… Mais c’est possible !! Possible de changer le destin des plus démunis, des plus marginalisés, possible pour tous d’avoir une chance de se construire une vie un minimum stable.
Il y a des témoignages des résidentes et de l’équipe en vidéo sur le site des 30 ans de l’asso, ils en parlent bien mieux que moi :
http://www.asmae.fr/?q=pages30ans
Chouette, un billet sur mon asso préférée !!!!!!
J’adore le projet Chrysalide, c’est vraiment vraiment bien. Merci beaucoup pour ce témoignage “terrain”. :))
Asmae, c’est aussi le programme Divers-Cité, auquel je participe via des cours d’alphabétisation dans un quartier “sensible” Porte de Montreuil.
>> On cherche des bénévoles sur Paris et région parisienne, notamment pour du soutien scolaire et de l’alphabétisation. N’hésitez pas donc à prendre contact avec Asmae !
Super ces infos ! Bravo à l’association, aux bénévoles, et que ces centres fassent des petits !
So: Dommage que ce ne soit pas ma région, j’aurai adoré participer à ce genre de soutien ! Peut être des retours du côté de Bordeaux ?
Magnifique ! Merci pour ce beau témoignage :-)
Kiem’s : il y a quelques “relais” ASMAE en Province, peut-être peux-tu contacter directement l’asso pour en savoir plus (je ne sais pas trop qui s’en occupe).
Bonjour !
Merci pour ce témoignage qui redonne foi en la société si malmenée aujourd’hui et notamment pour les femmes.
Existe-t-il d’autres centres en province par exemple ? Peut-on apporter son aide ou son soutien ?
Ton témoignage est une petite lumière dans la grande nuit que notre pays et bien d’autres traversent en ce moment, il prouve qu’il existe encore un peu d’humanité dans ce monde si corrompu, et la petite lumière c’est la grande soeur Emmanuelle, femme au coeur plus grand que tout ce qu’on peut imaginer !
Je te souhaite beaucoup de bonheur Eleonore, et merci à Hélène de laisser une place pour ce genre de témoignage <3
Merci pour ton témoignage, et bravo pour ton engagement, Éléonore.
Mannick: Ouiii un grrrrrrrand merci à Hélène et son coeur grand comme ça :-)
Pour soutenir l’asso, le mieux est de regarder sur le site :
http://www.asmae.fr/
on peut faire des dons en ligne, parrainer des enfants, et comme le dit So, être bénévole (en région parisienne, dans les relais régions, et aussi dans 8 pays à l’étranger en chantier d’un mois)… Tout le monde peut agir !!
So: Tu es Sophie P. ?? ça alors ? les grands esprits se retrouvent ^^
Eleonore K : non, moi je suis Sophie S ! Mais il m’ont mise partout en photo / témoignage vidéo / itw newsletter… pour la campagne des 30 ans, t’as pas pu passer à côté de moi ;).
Merci de parler de cette association et bravo aux bénévoles qui apportent tant aux plus démunies et aux plus malmenés! J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour Soeur Emmanuelle et je vais aller voir sur le site de l’association les points en province où on peut apporter un peu d’aide. Merci Eléonore K et merci Hélène!:-)