« Sur les bords d’un lac, en Suisse, un monsieur porte deux petites filles en courant, la plus âgée rit aux éclats. Elle a 4 ans et c’est son papa qui la porte. Comme toutes les petites filles, elle le trouve grand, beau et fort. Elle aime lorsqu’il l’amène à l’école sur sa moto (en allant pas vite bien sûr mais dans sa tête de petite fille, c’est une expérience fabuleuse).
La petite fille est devenue adolescente et son papa lui donne sa première toile, sa première peinture à l’huile pour la consoler de la dispute qu’elle a eu avec sa mère qui refuse de lui parler. Elle est moins talentueuse que lui qui dessine merveilleusement sans jamais avoir appris mais elle aime tellement la couleur que c’est un thème qui lui suffit, elle fera avec. Il est tellement fier qu’elle ait décidé de peindre. Elle est tellement contente de partager quelque chose avec lui qui n’est jamais là parce qu’il travaille beaucoup trop.
La situation familiale se dégrade, on parle de chômage à la maison, mais bien sûr les « enfants » n’ont pas à savoir ce qui se passe. L’adolescente se terre dans sa chambre, jour après jours, sauf pour aller à l’école, la situation devient invivable. Son père dort toute la journée, le mot dépression est lancé. Et puis, il était râleur, maintenant il devient agressif. Mais on ne lui dit rien, ni à elle, l’aînée, ni à ses sœurs, trop jeunes, n’est-ce pas.
L’adolescente devient une adulte, elle est étudiante en histoire de l’art, elle est partie bien vite avec un garçon pour sortir de cet enfer, car elle sait maintenant que son père est alcoolique depuis sa dépression. Puis, le frère de son papa meurt. D’overdose. Elle l’aimait beaucoup, cet oncle musicien, mais son père l’aimait encore plus. Les choses s’aggravent tellement, que sa sœur, la plus âgée de ses petites sœurs quitte la maison. Elle a 19 ans.
Les années passent, et l’étudiante est devenue jeune femme. Elle sait que sa mère va divorcer car elle n’en peut plus de ce mari agressif et qui ne vit plus que pour l’alcool. De cure en cure, plus rien ne peut le sauver dit-elle à sa fille. La jeune femme sait que ce divorce finira de tuer son père.
Un jour, on l’appelle chez elle, c’est le CHU local, ils ont besoin de sa signature pour interner son père en service psychiatrique.
Un autre jour, c’est sa mère au téléphone qui lui apprend que son papa est dans le coma, qu’il a ingéré un liquide nocif. Il se réveille au bout de quinze jours, mais personne ne sait ce qui s’est passé. Ce qu’on sait, c’est que son foie est abîmé, ses nerfs sont quasi-fichus, sa mémoire aussi. La jeune femme attend désormais le coup de fil fatidique.
Il arrive un jour d’avril alors qu’il pleut à torrent. Sa mère au téléphone « C’est ton père ». Chez elle, on n’annonce pas un décès. On appelle et on dit « c’est untel » avec la voix appropriée. La jeune femme s’effondre.
L’enterrement a lieux à 500 km de chez elle, là où il voulait vivre. Finir sa vie. Compassion, voiture, confrontation avec cette partie de la famille qu’on ne veut pas voir, église, crématorium et re voiture. Ça dure un siècle et juste quelques heures. La peine, le vide, ils sont là pour toujours.
Je suis cette petite fille, mais je sais que beaucoup de monde peut se reconnaître ici. Repose en paix, papa.
Signé : Xnedra »
47 commentaires
Tu viens de m’émouvoir ( si ça s’écrit bien comme ça)
Courage!
Que ton Papa repose en paix et que toi, tu sois en paix…
Je ne me reconnais nullement dans ce texte mais je suis touchée, fort.
très beau récit… j’en reste sans voix
Ton texte me laisse très émue.
Merci Xnedra de partager tes émotions… Je te souhaite beaucoup de réconfort…
Je t’embrasse.
Bonjour Xnedra,
Je t’envoie beaucoup de sympathie et d’ondes positives afin de traverser au mieux ces moments difficiles. Ton histoire est très dure et touchante, je t’embrasse. Les mots me manquent :-)
Ton histoire résonne très fort en moi Xnedra.
Mon père nous a quitté de la même façon il y a 6 ans ; je l’ai aussi appris par téléphone alors que j’appelais de Tavira, cette si jolie ville du sud du Portugal où je passais mes vacances.
Je me souviens de la remontée par l’Espagne, en voiture, la beauté des paysages andalous que je dédiais à mon père.
Aujourd’hui ma tristesse s’est atténuée, reste une immense tendresse, parfois même des sourires lorsque je repense à tel ou tel joyeux moment passé ensemble.
Je t’envoie de tendre pensées.
Je suis en larmes…. Quel texte terrible et émouvant.
Quel choc en lisant ton témoignage ce matin, Xendra…
Les 5 premiers paragraphes de ton histoire, c’est la mienne !
Tout y est : le père lointain, surchargé de boulot, le chômage, la dépression et l’alcool, le divorce et le sentiment qu’il s’enfonce de plus en plus vers la folie et l’isolement.
L’issue de ton récit me met les larmes aux yeux, car je sens bien que mon histoire va aussi mal se terminer… mais que faire? On ne peut pas ramener les gens de force à la raison ni les obliger à se soigner, n’est-ce pas?
Malgré les rapports extrêmement compliqués que j’ai avec lui, je voudrais tellement qu’il s’en sorte. Mais en a-t-il lui même envie? A-t-il seulement réalisé tout le mal qu’il faisait autour de lui, en se détruisant ainsi à petit feu?
Je m’en voudrais tellement, si cela finit mal, de n’avoir rien su faire…
Ce matin, Xendra, j’ai envie de te serrer dans mes bras et de te dire que, oui, tout ça n’est qu’un immense gâchis… mais qu’il faut regarder devant soi.
PS: Hélène, je ne me sentais pas de raconter tout ça avec mon pseudo habituel, j’ai repris celui du O toi lectrice que je t’avais envoyé il y a quelques mois. Je pense que tu comprendras.
Touchée…
Mille pensées à toi, et à ton Papa.
j’ ai reçu un mail hier avec la phrase ” il ne va pas tres bien ”
qui est précurseur du coup de fil que j’ attends et qui dira ” ça y est ”
et après la vie avec l’absence et les souvenirs, des souvenirs a chérir et à raconter pour que mes enfants racontent un jour à leur tour
Les larmes aux yeux….plein de bisous à toi et plein de courage.
Courage !! Je suis trop émue…. Je n’ai rien à ajouter…
Vous êtes gentilles :-)…
Aujourd’hui, ça fait 5 mois et des brouettes que mon père est parti. D’une certaine façon je vais bien et oui, je souris parfois en pensant à certains moments et parfois encore, j’ai quelques larmes et regrets qui montent. Je suis en paix parce que je sais qu’il l’est enfin.
La Schtroumpfette: Je te souhaite beaucoup de courage pour endurer tout ça.
IsaVersailles: Même chose.
Calin général!
La Schtroumpfette: bien sûr, il n’y a aucun problème ;-)
tres beau texte et tres touchant , courage xnedra
Ton texte est poignant… Je suis très émue, je t’embrasse très très fort.
schtroumpfette, lenalem: Merci :-)
Ce texte m’a permis d’exorciser ce drame, j’ai énormément pleuré en l’écrivant (normal, me direz vous) et je vais beaucoup mieux depuis, je dors à nouveau et tout les aléas du quotidien me semble bien moins grave. La vie est courte, profitons en :-)
Bouleversant…
Wow, et hop, une claque… Très émouvant.
Xnedra: Ce que tu dis sur l’écriture, je le partage totalement. C’est en écrivant un texte pour ici, que j’ai pu me libérer du poids de mon meilleur ami. L’écriture peut aider à combattre bien des démons.
Merci pour ce texte touchant et bonne chance. Schtroumpfette: et IsaVersailles: aussi. La vie est un grand champs de bataille, mais il faut se dire que tout passeras toujours car le bonheur n’est pas un but, mais c’est la trajectoire durant toute la vie, chaque éoreuve ( et parfois elles sont énormes!) n’est là que pour montrer autre chose.
c’est la larme à l’oeil que j’ai lu ton texte jusqu’au bout Xnedra…
toutes mes pensées vont vers toi et toutes celles et ceux qui ont vécu/vivent des moments difficiles…
Virginie – Québec: Je suis assez d’accord. Et il faut toujours, toujours essayer de voir ce qu’on a de positif même dans un trou noir. Le décès de mon père, m’a aussi permis de me rendre compte à quel point je suis entourée par des gens formidables qui m’ont soutenu de bout en bout; à chacune des étapes qui suit un décès. C’est fabuleux, même quand on est triste ou malheureux, de se rendre compte qu’on a aussi des bonnes choses dans la vie.
Bonjour Xnedra,
J’ai eu les larmes aux yeux et des frissons à la lecture de ton texte, il est très émouvant.
Merci de nous faire partager ces moments si difficiles, tu as eu beaucoup de courage et je suis heureuse de voir que l’écriture t’a redonné un semblant de paix.
Je te souhaite le meilleur :)
Bonjour,
Il est malheureusement trop tard pour Xnedra, mais pour les autres, je voudrais partager une chanson de Jeanne Cherhal, Les Chiens de Faïence :
Une fois comme ça
tu serais venu vers moi
t’aurais parlé
très peu mais juste assez
un mot idiot
ça peut quand même tenir chaud
c’est là tout bas
et c’est dit rien que pour toi
Silence on pense
on est des chiens de faïence
les yeux peureux
on a les mêmes mon vieux
tu vas pas bien
et moi je trace mon chemin
t’es là tu doutes
tu reconnais plus la route
Moi qui n’ai jamais rien su faire
je veux te sortir de l’hiver
Un mur c’est dur
à démolir ça c’est sûr
et là tu vois
y a un mur autour de toi
il est discret
mais plus solide que jamais
c’est con le béton
quand ça prend c’est pour de bon
Tu pleures du coeur
t’es enfermé dans ta peur
tu perds tes repères
mais t’es toujours mon père
Moi qui n’ai jamais rien su faire
je veux te sortir de l’hiver
Mais un matin
tu diras je reviens de loin
t’auras retrouvé
le goût de respirer
Ton mal enfin
ira crever dans un coin
et en riant
tu marcheras droit devant
Ce matin-là
tu t’approcheras de moi
pour me parler
très peu mais juste assez
Des mots très beaux
qui sauront me tenir chaud
dans la lumière
tu seras sorti de l’hiver
Dans la lumière
tu seras sorti de l’hiver…
Jube: :-)
je suis en larmes et sans mots …
Je suis hyper émue par ton texte…
Mon meilleur ami – que je connais depuis plus de 25 ans – suit ce chemin, cette descente aux enfers inexorable, depuis la mort de sa mère dans un accident de voiture dont il se sent responsable…
Il avait 20 ans à l’époque, en a 39 maintenant et s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’alcool, les drogues et les médocs… de temps en temps, après une hospitalisation plus ou moins longue, il y a une période de “mieux”, mais rapidement c’est la rechute et la spirale infernale recommence…
II est venu chez moi ce week-end, il est arrivé à la gare (heureusement il ne conduit pas) quasiment ivre mort et n’a fait que boire et dormir pendant 2 jours… C’est désespérant pour sa famille et ses proches, nous redoutons le moment où son corps le lâchera, nous avons aussi peur de la folie qui le guette…
Quels drames humains…
Bonjour,
Au risque de répéter tout ce qui a déjà été dit, ton message est trés émouvant et nous rappelle combien la vie est courte et que donc on doit profiter de tout et de tous au maximum.
Je n’osais pas lire ton texte de peur de m’effondrer ou de ressasser certains souvenirs du passé mais non.Tu as une manière d’écrire qui témoigne de beaucoup d’émotions, de sensibilité mais également d’un certain détachement comme si tu racontais l’histoire de quelqu’un d’autre.
Pour moi, mais je ne suis pas une professionnelle,tu as déjà fait un premier pas vers le pardon et l’acceptation.Tu poursuis tranquilement, à ton rythme ton deuil et moi je te félicite d’arriver à en parler même et surtout à nous qui sommes “virtuelles”.
Je te souhaite de tout coeur de trouver la paix et un nouveau sens à ta vie.Celle-ci continue et peut être magnifique si on le désire vraiment.
Bon courage à toi ainsi qu’aux autres membres de ta famille.
Nous on sera là si tu as besoin de te confier.
Gros poutous.
Quand on parle du loup…
Coup de fil de ma mère à midi : “Ton père déraille complètement, il m’envoie des mails incendiaires avec des insultes et des menaces, du grand délire…”
Moi : “Oui, bah, c’est pas comme si c’était la première fois quand même, tu sais je crois qu’on ne peut pas y faire grand chose…”
Mon dieu mais ce que je me hais d’être si fataliste. Mais que puis-je faire d’autre?
Ce texte est magnifique Xnedra et poignant aussi. Je comprends bien aussi le fait que de pouvoir écrire les choses t’aide à tout exorciser comme tu dis, même si parfois ces choses sont du grand domaine de l’intime, on ne peut pas toujours tout garder pour soi, le partage, la confidence et l’amitié, la tendresse et le soutien des autres et des personnes que tu aimes, çà aide j’en suis certaine.
Merci pour ce récit qui n’a pas dû être évident à conter quand même.
Mon papa, plus âgé évidemment, souffre d’un cancer depuis 7 ans, et même si ce ne sont pas les mêmes conditions, il m’arrive souvent de penser au moment où… comme tu écris, arrivera l’inéluctable.
J’ai depuis peu passé la cinquantaine, deux grands enfants, et depuis ce grand “virage” dans les décennies, je regarde et j’analyse bien plus les choses, je me dis que mes parents sont éternels, que c’est pas possible, qu’ils ne nous quittent pas un jour, on est tellement habituées à les avoir eus toute notre vie, toujours, ils font partie de nous, du fond de notre coeur.
On reste face à eux, une petite fille éternellement. On ne voit pas son père baisser doucement, approcher d’un âge qu’on n’imaginait même pas ! Quoi ? papa ? cet âge-là, déjà ? on refuse de voir le temps accomplir son inexorable usure.
Maman non plus, elle est encore celle qui nous consolait, qui nous chouchoutait, elle est encore cette belle jeune femme qu’on admirait et qu’on enviait, parfois même, on croit sentir son parfum, celui qu’elle préfère et qu’elle porte encore, même si elle n’est pas près de nous.
Oui nos parents, dans l’ordre logique des choses, vont nous quitter, ton papa est parti, je pense comme toi qu’il est en paix désormais, serein, le calme et les souvenirs de petite fille que tu évoques ont fait ce qu’il fallait, pour que tu gardes à jamais de lui, cette image de papa qui court sur les bords du lac avec ses deux petites filles !
Merci Xnedra, ton texte m’a chamboulée, émue. Belle leçon de vie, une fois de plus et je remercie Hélène aussi, de nous permettre de te lire…
De tout coeur avec toi Xnedra ! Amitiés.
cleeme: bienvenue à toi.
Nocléa: c’est terrible à vivre, tu as toute ma compassion, ainsi que sa famille.
Sandrinette: merci. Ton commentaire me touche :-)
Mannick: Arf tu m’as mis les larmes aux yeux, c’est joli ce que tu dis.
Ne pensez pas que c’est de l’indifférence ou de l’égoïsme mais certains sujets me touchent énormément (comme celui de Xnedra, Princesse Valium, Sonia et beaucoup d’autres) j’ai encore en moi trop de souffrances par rapport à la mort récente de mon papa et par rapport à la dépression que je n’ai pas encore complètement vaincue.
Mais j’y travaille et j’espère être bientôt assez forte pour vous apporter une aide efficace, même si ce n’est qu’en parole.
Sachez que je vous lis avec beaucoup d’attention et de compréhension et je suis vraiment de tout coeur avec celles qui expriment leurs souffrance ici .
Je reste souvent en admiration devant le courage que vous avez de vous exprimez ainsi et en lisant les commentaires plein de sagesse, d’humanité et si bien écrits.
c’est aussi pour cette raison que j’aime ce blog <3
Ton témoignage me boulverse tellement.
Je ne sais quoi dire…
Je retiens mes larmes
Je compatis à ta douleur…. Courage.
Louloutte: Tu es adorable. Courage à toi.
veromdg: Merci :-)
Xnedra: Très beau texte, Xnedra, terriblement émouvant et bouleversant qui remue quelque chose chez nous toutes, même si nous n’avons pas vécue la même épreuve, je comprends que ça a dû être dur de revivre ce drame pour le mettre en mots…
Je te trouve très forte car tu es parvenue à faire ton deuil de cette mort lente qui a bousillé des années de votre vie à tous..
Mais tu as raison, ton papa repose en paix maintenant et c’est l’essentiel: ça permet de trouver une certaine sérénité (moi, qui n’ai plus mes parents, c’est de savoir qu’ils ne souffrent plus, ni l’un ni l’autre, qui me permet d’être apaisée). C’est aussi une grande chance d’être bien soutenue et de pouvoir t’appuyer sur ton entourage: ça n’a pas de prix…
Merci d’avoir partagé ces moments avec nous, je compatis de tout cœur à ton chagrin; je te souhaite de continuer à être forte pour aider le reste de ta famille et je t’embrasse très fort
La Schtroumpfette,IsaVersailles: Nocléa: à toutes trois qui vivez des épreuves semblables, je suis de tout cœur avec vous et je souhaite beaucoup de courage pour les surmonter.
Bonsoir Xnedra,
mon père est mort aussi
ça n’existe pas de mourir sans expliquer avant aux autres comment on fait pour vivre cette chute dans le vide !!! mon père était toujours le grand “explicateur ” de tout ce que je ne connaissais pas, la politique, l’histoire, la musique, le chaud, le froid….
et là, c’est lui qui part avec toutes les explications….et moi, je ne peux même pas lui montrer mon bébé qui naîtra deux mois après sa mort…et je pleure de vide, de trouille de vivre sans lui, de tristesse de ne plus pouvoir embrasser sa main si fine et élégante…et je ne supporte plus la mort des autres pères. 4 ans après, je pleure encore comme une petite fille …à 48 ans.
mais je calme les larmes pour écouter cette enfant qui dort, lire ce livre, danser sur de la salsa à fond dans les écouteurs…la vie est tout autour, dedans toi…retrouve son odeur, son bruissement, sa légèreté…car ton père t’a aimée pour la vie que tu portes.
Plein de courage et de respirations calmes.
Bonsoir Xnedra,
Je suis extrêmement émue par ton texte. Bouleversée.
Un grand merci pour avoir osé parler de ton histoire ici, de la partager avec nous. Je suis ravie de savoir que cela t’a fait du bien.
Peut être n’imaginais-tu pas en faire à autrui, mais je t’assure que j’ai beaucoup pleurée en te lisant. Je me reconnais tellement dans ton histoire. Sauf que l’issue tragique me pend au nez. J’ai longtemps voulu en parler. Mais j’ai honte. Souvent. J’ai souvent eu de terribles pensées, et qui me font culpabiliser.
Merci encore Xnedra, et surtout, beaucoup de courage dans la traversée de cette rude épreuve.
Si tu savais ce que ça m’émeut…Je vis une situation comparable, et j’ai tellement peur que mon père meure..Se sentir si impuissante face à la descente en enfer de quelqu’un on aime, malgré son agressivité, malgré la douleur morale qu’il nous inflige, c’est dur. J’ai beaucoup prié pour que tout s’arrange mais je crois qu’on ne peut pas sauver quelqu’un qui ne veut pas qu’on le sauve.. Courage, tu n’es pas seule <3
Chantal: :-)
soficelle: Quel que soit le deuil, même si on finit par vivre avec, même si on est serein, le vide est incomblable. Courage.
La Kékounette, Krib: Ce genre de situation est attroce. Voir un proche détruire à petit feu, encore plus quand c’est un parent est insoutenable. Vous avez toute ma compassion toutes les deux.
A toute celle qui sont dans la situation que j’ai vécue, je vous souhaite de tout coeur une issue heureuse et une guérison de vos proches de cette affreuse maladie qu’est l’addiction.
Très émue d’avoir lu ton billet.
J’espère que tu as pu laisser un peu de ta tristesse ici en écrivant.
Je te souhaite beaucoup de courage.
Virginie – Québec: Tu as raison le bonheur ce n’est jamais comme au loto avec la cagnotte à l’arrivée, non c’est toujours en petite monnaie…
La Schtroumpfette: Malheureusement comme on le dit parfois, on ne peut pas faire le bonheur des autres contre leur gré, tu n’as pas à t’en vouloir parce que tu n’as pas vraiment de prise sur les choses. Je ne sais d’ailleurs pas quel (mauvais) conseil te donner dans de pareilles circonstances. Mauvais parce que je ne te connais pas, je ne connais pas ton père ni votre histoire, mais par contre pour être aussi passé par là je sais que tout ce que tu peux faire c’est dire ce que toi tu ressens, ça ne changera peut être rien, ou pas grand chose, mais si tu refuses certains agissements, que tu n’es pas d’accord alors il faut le dire, ne laisse pas ton sentiment d’impuissance donner l’impression que tu accepte ou que tu cautionne quoi que ce soit. Il n’y aura peut être rien au bout pour l’autre, aucun changement malgré ça, mais pour toi ça fera une différence, une petite différence, mais une différence quand même, celle de n’être pas restée sans rien dire. Je te dis tout ça même si je sais aussi très bien que c’est facile à dire, facile à écrire, et bien plus compliqué à faire en réalité, alors ne m’en veut pas si j’ai l’air de te faire la morale, c’est juste que je ne te souhaite pas comme moi d’avoir le sentiment d’être en partie responsable parce que je me suis tu là où j’aurais peut être du hurler mon désaccord.
Mannick: C’est magnifique ce que tu écris, et tellement vrai jusque dans ce parfum que l’on sent effectivement parfois !
soficelle: C’est exactement ça, j’en ai les larmes aux yeux et ça fait toujours aussi mal des années après…
J’essaie aussi de na pas trop penser à tout ce qu’il n’aura pas su, tout ce qu’il n’aura pas vu de ma vie avant de partir, parce que c’est vraiment trop dur à encaisser.
Même si des fois je me fais surprendre au détour d’un événement, d’une image, d’une phrase, et c’est comme un coup de poing en pleine figure qui me rappelle que je n’étais encore qu’étudiant, qu’il ne saura jamais que j’ai réussi à aller au bout de ces études dont il ne voulait pas, que j’ai un job maintenant, un bon job d’ailleurs, que j’ai rencontré la femme de ma vie, que tout n’a pas non plus été rose pour moi depuis tout ce temps mais qu’il n’était pas là pour me soutenir dans ces moments là ou me donner des conseils et des explications, qu’il ne verra et ne tiendra jamais mes enfants dans ses bras…
Bon, ben voilà, je pleure pour de bon maintenant.
Xnedra: C’est bien que tu sois apaisée, parce que je ne sais que trop que la cicatrice est toujours là, présente et encore sensible même après beaucoup de temps, alors profites du moindre répit et vis.
J’ai moi aussi connu un tel drame. Il te faudra du temps pour digérer tout ça, pour aussi “déculpabiliser”…
Bon courage à toi.
Saint Luc: Bien sûr que la cicatrice reste (de fait, j’ai 30 ans et je n’ai jamais touché une goutte d’alcool). Après ça, autant te dire que chaque instant est précieux et heureux. Je sais que c’est ce qu’il aurait voulu pour moi, mes sœurs et ma mère.
Johanna: Je ne me suis jamais sentie coupable. L’addiction est une maladie que seul celui qui la subit peut soigner. La culpabilité m’aurait détruite avec lui et dès l’instant où j’ai compris ce qu’il vivait, j’ai choisi de vivre plutôt que de m’enfoncer avec lui. C’est aussi le choix qu’à fait ma mère en divorçant. Elle a beaucoup culpabilisé après mais je peux te dire que je travaille encore à lui faire comprendre qu’elle a fait le meilleur choix, rien n’aurait pu sauver mon père.
moi qui ne commente jamais…
je me suis reconnue dans ton texte, sur beaucoup de points, surtout “le jour d’avril”… il y a 6 ans pour moi…
courage ;)