« Je ne vais pas refaire le coup de la publicité “il existe une maladie qui vous empêche de manger, de dormir…etc”
Je vais juste exposer des faits, il paraît qu’il y a deux sortes de dépression ; la première arrive après un choc, un traumatisme, comme la perte d’un proche par exemple.
Je ne parlerais pas de celle-ci.
Je vais évoquer la deuxième forme, celle qui arrive soudainement sans crier gare, celle qui n’a rien à faire dans nos vies puisque tout va bien en apparence.
Cependant elle s’installe tout de même, un jour vous vous levez et vous n’avez plus envie de rien, plus envie de faire les activités que vous aimiez avant comme lire, prendre un verre en terrasse, elle vous anéantit, vous fatigue, vous n’avez plus de forces, vous n’arrivez plus à dormir ou alors vous dormez tout le temps, les symptômes sont divers mais ils sont bien présents.
Cette forme de dépression est sournoise car on ne peut même pas dire pourquoi on va mal, il n’y a aucune circonstances apparentes qui pourraient donner un semblant d’explication, on va très mal mais on ne sait pas pourquoi. C’est pourquoi, souvent, on culpabilise, par rapport aux proches qui souffrent pour nous et qui ne comprennent pas, par rapport aux gens qui ont eux de “véritables” raisons d’aller mal.
J’ai cherché pendant des mois pourquoi ça m’était tombé dessus, et quelqu’un m’a mis sur la voie : ça fait trois ans que je vis des choses difficiles mais j’ai toujours tenu le cap, je mettais ça dans un petit tiroir de mon cerveau et la vie reprenait ses droits, je ne me rendais même pas compte que ce que je vivais était dur, pour moi c’était normal, c’était la vie.
Puis au bout de trois ans, la dépression / maladie m’est tombé dessus, et il m’a fallu du temps pour comprendre que le petit tiroir à malheurs de mon cerveau était plein à craquer, tout m’est revenu en pleine face avec une grande violence, j’ai commencé à entendre des voix, à m’arrêter soudainement dans la rue parce qu’un élément douloureux de ma vie m’attrapait à la gorge, à faire de véritables crises d’angoisses, de celles qui paralysent, qui vous font trembler de tous vos membres et pratiquement tomber par terre, notamment le matin car une longue journée d’ennui était à venir, puis le soir car j’avais peur de ne pas pouvoir dormir.
La vie n’était qu’une longue série de minutes qui s’étiraient douloureusement, et je ne savais pas quoi faire de ces minutes, je n’arrivais qu’à souffrir.
Au moment où j’ai cru que ça allait mieux, quelques semaines après environ, tout ça m’est retombé dessus avec une plus grande violence encore, le genre de violence qui vous fait vous lacérer les bras, car seule cette douleur est supportable, puis on en vient à penser au suicide, j’y pense à chaque minute qui passe car la vie me semble une belle salope, une vie qui n’apporte rien de bon, pleine de dilemmes, une vie où vous ne vous en sortez plus car la moindre petite chose à faire semble une montagne.
Je n’en suis pas sortie mais j’essaie d’en prendre le chemin, les rechutes sont nombreuses. Je pense même me faire hospitalisé pour avoir un peu de répit, mais en aurais-je le courage ?
(Evidemment j’ai grossi le tableau pour les différentes sortes de dépression, de symptômes, etc… Je ne suis experte que de ce qui m’est arrivé à moi. Chacun vit la maladie différemment.)
Signé : Princesse Valium »
17 commentaires
juste un bémol, ce que j’ai dit sur l’hospitalisation n’est valable que pour l’hospitalisation volontaire, l’hospitalisation d’office (suite à une TS par exemple) c’est une toute autre affaire…
@ l’Alex : merci pour ton message d’encouragement.
@ cec jeune mariée : mon Dieu quelle histoire que la tienne, tu dois avoir beaucoup de courage pour t’en être sortie comme ça. J’espère que je tomberais sur un psy comme le tien, ça me ferait mal de tomber sur quelqu’un qui ne me convient pas.
@ AnnedeBrestàStrasbourg : en effet c’est compliqué de ne pas culpabiliser face aux proches, j’essaierais de mettre ce que tu me dis dans un coin de la tête pour ne pas l’oublier.
@ Virginette : c’est exactement ça qui me fait peur avec les antidépresseurs, lorsque j’en prenais j’étais incontrôlable et je n’ai personne qui peut m’entourer si j’enclenche le processus, d’où mon inquiétude. Rien qu’une semaine avec les pulsions qui reviennent, je doute pouvoir tenir…
@ Isabelle (ex-parisienne) de Toulouse : triste histoire que la tienne, je te souhaite du courage pour t’en sortir :)
@ Baboucha : merci pour ton gentil message :)
Princesse,
N’aies pas peur des antidépresseurs, c’est l’histoire de quelques jours difficiles, un grand pas certes, mais pour un grand mieux. D’ailleurs, le plus dur est peut-être presque derrière toi…
J’ai eu la bêtise de commencer mon traitement en pleine semaine, alors que j’étais seule chez moi. J’ai été très perturbée par les effets secondaires le lendemain matin (je crois que je les ai tous eu en même temps), car mon médecin ne m’avait pas vraiment prévenue. Mais 4/5 jours plus tard j’ai commencé à m’habituer au médicament. Si j’y suis parvenue, alors tu y arriveras, ça ne fait aucun doute !
Il y a plusieurs classes d’antidépresseurs, et plusieurs dosages aussi ; ton médecin saura évaluer tout ça, et trouver celui qui va te sortir de là.
Ma première rencontre avec mon psychiatre m’a immédiatement permis de croire à une issue future, et ça fait vraiment partie du traitement. Je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait les médicaments d’un côté, et le médecin de l’autre : je me suis sentie vraiment accompagnée. Nos discussions m’ont fait un bien fou, et chaque nuit qui suivait un de nos rv, je faisais des rêves incroyables dont l’interprétation était plus qu’évidente. Je ne sais pas si d’autres filles ont vécu cela, mais ça m’a particulièrement aidée.
Les bonnes adresses que je connais sont à Bordeaux, je ne sais pas où tu es mais j’imagine que cela ne peut pas t’aider.
As-tu eu ton premier rv chez ton médecin ?
Tiens nous au courant !
Bon courage petite Princesse…
@ Liliàlaplage : mon premier rendez vous est cet aprem, et malheureusement j’hésite même à y aller car je suis dans un état de stress intense, je sais que c’est en quelque sorte ma planche de salut, mais l’angoisse est tellement présente. Et concernant les antidépresseurs, (si j’y vais), ça dépendra de comment se passe le rdv et si je sens qu’il est à même de m’aider.
Merci pour ton message en tous les cas.
Bien sûr, tu dois trouver un médecin qui te convient bien, c’est très important…
J’ai attendu 1 an et demi avant d’accepter de voir un psy alors je comprends parfaitement tes hésitations… (Mais j’ai regretté d’avoir attendu si longtemps puisque je n’avais rien à perdre, et tout à gagner…)
Mais voilà, on fait ce qu’on peut dans ces moments… et “à l’impossible, nul n’est tenu”.
Quoi que tu décides j’aurais une pensée pour toi cette après-midi…
Princesse Valium:
Oui je ne vis pas des choses très joyeuses, mais ce que je voulais surtout te dire, c’est de ne pas avoir peur du traitement. On peut objectivement souffrir d’une vie qui ne répond pas à nos attentes, quand l’envie de vivre disparaît, cela traduit une pathologie qu’il faut traiter, par une thérapie bien sûr mais aussi par des antidépresseurs si le médecin considère que c’est nécessaire. Franchement, je n’ai jamais eu à souffrir d’effets secondaires, sans doute parce que le bon traitement a été trouvé tout de suite. Et puis oui j’ai une histoire triste mais je gagne bien ma vie, j’ai un toit (très beau) sur ma tête, j’ai des amis fidèles même s’ils sont loin … J’espère pour toi que le premier contact avec ton psy sera bon, surtout vas-y et tiens nous au courant.
Bonjour,
Je n’ai pas grand-chose à ajouter car bcp d’histoires ont été dévoilées et te permettront j’espère de voir que tu n’es pas seule et que des solutions existent. Es-tu allée finalment voir ce psy, rencontre tant redoutée ? Moi non plus je ne voulais pas prendre d’anti-dépressseurs, alors je suis allée voir un médecin homéopathe qui m’a prescrit des remèdes “naturels” qui m’ont vraiment beaucoup aidée, dont le fameux Oligosol Lithium, que je prends en cure au moins 2 fois par an. Cela me permet de retrouver mon calme, d’arrêter de pleurer, d’avoir de l’énergie pour me lever le matin, d’être moins agressive et donc de moins culpabiliser sur ce mal-être persistant.
J’espère que tu trouveras toi aussi toutes les meilleures solutions pour aller mieux et te retrouver toi-même. Donne-nous des nouvelles !
Bonsoir les filles,
Il y a quelques temps, j’avais demandé si certaines d’entre vous connaissaient un bon psy à Paris. C’était fin avril il me semble.
J’ai donc mis 4 mois à me décider à me lancer dans une thérapie. Il m’aura fallu une déception supplémentaire où j’ai encore eu une réaction trop “violente” face à la situation pour me décider. J’ai donc étudié les mails que vous aviez gentiment envoyés et choisi quelqu’un qui m’a convenu.
J’ai commencé la thérapie il y a 3 semaines quasiment maintenant. En lisant le billet de Princesse Valium, j’ai pensé à mon propre cas. C’est difficile, c’est dur quand à la première séance, les mots tombent : “vous êtes dépressive. vous êtes isolée ça n’aide pas” et qu’on vous prescrit des médicaments dont vous auriez rigolé il y a quelques temps.
Les médicaments ne résolvent pas tout, ils stabilisent un peu les émotions mais le cerveau “cogite” beaucoup. Certaines choses paraissent encore tellement difficiles à faire… Impossibles même.
Pour finir merci à Hélène et son blog que je prends toujours plaisir à lire et merci aux filles qui le lisent et s’entraident.
Bonjour Ade,
Je suis heureuse pour toi que tu sois parvenue à commencer une thérapie…
Je ne dirai jamais le contraire, oui c’est dur, et oui c’est long…
J’espère sincèrement que cela t’aidera autant que cela m’a aidée.
Bon courage à toi…
@Princesse, alors ce rv ? amitiés…
Alors finalement j’y suis allée, cependant j’ai eu le sentiment de ne pas pouvoir en placer une et le rendez vous a duré en tout 20 minutes, ordonnance et basta.
Je crois que je vais chercher un nouveau psy…
Je vais tout de même suivre son traitement, c’est tout ce qu’il reste comme espoir, que ça marche.
Et merci à toutes de vos messages et témoignages, ça fait du bien de ne pas se sentir seule, même si je ne souhaiterais pas ça à mon pire ennemi.
Princesse Valium: coucou ;-) Je pense que tu as bien fait d’y aller, mais que c’est important aussi d’écouter son ressenti par rapport à un médecin, a fortiori s’il est psy.
Si celui-ci ne te convient pas, ne te force pas à retourner le voir, cherches-en un qui te plaise.
un bon psy à ton écoute, c’est primordial pour t’aider à t’en sortir; si tu n’as pas un bon ressenti par rapport à celui-ci, laisse tomber et cherches en un autre: tu n’as pas précisé dans quelle ville tu habitais, peut-être que l’une d’entre nous pourrait te conseiller discrètement (via Hélène et mails persos) des noms de gens de confiance et compétents, qu’en penses-tu?
sinon, c’est bien que tu sois allée à ce rendez-vous, ça souligne ta volonté de t’en sortir et c’est bien aussi de suivre son traitement pour le moment, après quelques jours d’adaptation, ça pourra t’aider aussi à te sentir un peu mieux! Courage, tu vas y arriver!!;-)
Comme souvent, j’arrive un peu tard, j’espère que tu me pardonneras. J’ai lu les commentaires en diagonale et j’ai vu que beaucoup de filles ont pu de démontrer que dépression -hélas- est assez courante. Et qu’on en sort. J’irais même plus loin si tu me permets.
J’ai commencé à traiter ma dépression il y a 12 ans. Les choses ont commencé à aller mieux 6 mois après avoir trouvé un psy me convenant. Puis il a fallu quelques temps pour complètement en sortir (en tout j’ai été suivie très très régulièrement pendant 2-3 ans). J’ai donc presque 10 ans de recule. Alors je voudrais te dire comment je vois mon histoire aujourd’hui. Bien sur comme certaines lectrices te l’ont dit, je suis plus vigilante qu’autrefois envers moi. Et je savoure beaucoup plus les choses. Mais j’irais plus loin.
La dépression que j’ai eu, il y a si longtemps maintenant, m’a rendu meilleure. Oui, je sais c’est étrange (et un peu orgeuilleux peut-être). Après toutes ces années je me ne me suis plus construite malgrès mon passé dépressif mais je me suis appuyée dessus et c’est devenue une force. Cette maladie m’a appris beaucoup de choses, je suis plus dans l’empathie avec autruie, de manière efficace, sans porter le poids des autres. Ca m’a donné plus de force, de compassion, de générosité, d’écoute et une once d’égoisme merveilleuse. Sans cette dépression je ne serai pas la même personne.
Bien sur si j’avais une baguette magique, je m’éviterais toute cette souffrance. Et ce serait presque dommage. Je ne tomberai pas dans les phrases à la con genre “ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort” parce que c’est mieux que cela. Je suis forte parce que je sais la fragilté de l’être humain, je suis forte parce que je sais que la frontière est mince entre l’équilibre et la dépression.
Alors grâce à mon passé lorsque j’entends des ignorants condamner la dépression comme un caprice, un laisser-allez, je peux expliquer. Encore et encore. Dire en espérant éduquer. Souvent ça ne sert pas à grand chose mais parfois le regard d’une personne change et je me dis qu’un regard qui change sur cette maladie rend précieuse la souffrance par laquelle j’ai du passer.
J’ai été un peu longue, j’en suis désolée. Tu peux être fière, fière d’avoir le courage d’avoir parlé ici et fière de ta force. Parce qu’il en faut de la force pour décider de se soigner en allant voir un psy. N’en doute pas, tu es quelqu’un d’admirable.
Coucou Princesse,
Tu as fait le plus grand pas, je suis vraiment contente pour toi…
Suis bien d’accord avec les filles, si le médecin ne te plaît pas, changes-en…
Courage, après la pluie, le beau temps…
Hello Princesse V,
Comment vas-tu ? Je te souhaite un week-end plein de soleil.
Heu, à vous aussi les filles !
Merci à toutes pour vos messages d’encouragement, j’ai revu une deuxième fois ce psy et en fait, là ça a bien accroché, comme quoi j’ai eu raison de persister.
Donc j’ai commencé un traitement aux antidépresseurs et pour le moment ça se passe plutôt bien, y a un véritable mieux.
Et encore merci à toutes de vous être livrées également sur vos histoires, ça m’a permis de me sentir moins seule.
Bonjour Princesse!
je suis très touchée par ton témoignage, aussi je me permets de t’écrire quelques lignes. Personnellement, j’ai la chance d’avoir une vie heureuse. Par contre, je suis amenée à travailler avec des gens qui ont eux aussi des problèmes de dépression, parce qu’il leur est arrivé des choses très dures, voire atroces parfois.
Tout ça pour te dire que le contact de ses personnes m’a appris qu’effectivement, le malheur et le mal être ne sont pas des états irréversibles. Il faut donc t’accrocher!!! Je trouve super que tu aies le courage d’écrire et de parler de toi, et encore plus génial que tu te soignes. Quoiqu’il en soit, en plus de la médecine et du soutien des proches, je te livre un petit truc que je vois souvent dans mon travail. Les personnes qui vont mal et qui l’écrivent, trouvent souvent dans l’écriture un grand réconfort.
Moi, j’ai envie de t’encourager à écrire.
Je trouve que tu écris bien. Tu écris sincère et vrai. Pour que l’écriture fasse du bien, il n’est même pas nécessaire de la partager et de la faire lire aux autres. Il n’est pas nécessaire non plus d’écrire sur soi. En tout cas, je crois que c’est un bon moyen de redécouvrir la vie, et de lui rendre sa saveur. Quand on relis des lignes que l’on vient d’écrire et qu’on les trouve réussies, ont est envahi du bonheur d’avoir fait quelque chose de beau.
Et ça apaise les chagrins.
Bon courage à toi, et à toutes les autres personnes qui se sont confiées sur ces pages.