L'autre jour je suis passée en bus dans le quartier où j'ai grandi, et où j'ai vécu jusqu'à l'âge de 26 ans. Je l'ai toujours ressenti comme mon terroir, ayant vécu toute ma vie à Paris.
Ca m'a beaucoup émue, bien plus que je n'aurais cru, et j'ai eu l'impression de passer sur les lieux d'une autre vie, dans l'existence de quelqu'un d'autre.
J'ai quitté ce quartier il y a dix ans, et déjà il semble ne plus appartenir à mon passé, ou si lointain qu'il pourrait aussi bien venir d'une vie antérieure.
Cette impression est très forte, je suis sûre que vous la connaissez ; à chaque étape de la vie, on referme le chapitre parcouru pour passer à autre chose, et quand par hasard on rouvre les pages à cet endroit, elles semblent avoir été écrites par une autre.
Enfant, adolescent, jeune adulte… une nouvelle vie à chaque fois : jusqu'à combien ?
Neuf, comme les chats ? ;-)
59 commentaires
… soupir nostalgique…
Oh que oui je la connais cette impression… on reste toujours la même, j’en suis persuadée, mais parfois en effet, en se retournant, c’est quelqu’un d’autre qu’on croit voir…
preum’s et oui mon mari me dit quand on est chez mes parents mais c’est ta maison , ben non ma maison c’est chez nous ici c’est la maison de mes parents une page est tournée mais je crois que c’est mieux pour le mental on se pose epoque apres epoque et on avance
Je comprends hyper bien ce que tu veux dire… Je ne suis pas retournée dans ma ville de petite enfance (jusque 7 ans) depuis que j’en suis partie ou presque… Je pense que je serais très émue d’y aller.
Ca me fait aussi quelque chose quand je vais voir mes parents, en passant devant ce qui était mon collège ou mon lycée. Sachant que les deux ont été rasés et reconstruits depuis……
D’ailleurs je crois que c’est autant, voire pire, quand on recroise des gens de son passé. Des ex amies. Des ex profs. Des ex amoureux.
Ou en exhumant une vieille fringue fétiche de l’armoire de ma chambre d’enfant…
Trop de choses me rappelant mon passé. Mais un poil de nostalgie fait souvent du bien. De se dire qu’on a changé. Evolué. Grandi.
Et pas en pire si j’en crois mes anciens looks looool
minipitou sois la bienvenue !
Il y a plusieurs vies dans une vie… (c’est un slogan pour la poste je crois ?!)
Je me dis ça tout le temps, par contre 9 ça me paraît bien peu !!!
J’espère que l’on a les vies que l’on veut, et à l’infini !
Ah, si c’est une vie par dizaine d’années, neuf ça fait déjà une durée de vie respectable éliiise ;-)
Je ne suis jamais retournée là où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 9 ans (j’en ai 35). Je garde un souvenir très précis des lieux, l’appartement, l’école, les petits camarades, c’est très présent dans mon esprit, pourtant je ne suis pas du tout qqn de nature nostalgique. D’ailleurs, il m’arrive régulièrement d’en rêver, et je ressens même dans ces rêves des émotions assez fortes.
J’aimerai bien y retourner, juste pour voir, rien ne m’en empêche d’ailleurs… Tout comme Coraline, j’en serai très émue.
Moi je n’ai jamais pu retourner à l’Ile d’Arz, dans le Morbihan, où j’ai passé toutes mes vacances de 6 à 26 ans. L’émotion serait trop forte, je crois, toute mon enfance et mon adolescence y sont attachées, vraiment je n’ai jamais pu sauter le pas d’y retourner, pourtant j’y pense souvent…
Je vois tellement ce que tu veux dire…
Même impression les rares fois où je retourne au pays basque où j’ai passé tous mes étés jusqu’à mes 16 ans avec mes parents…
Et quelle émotion quand j’ai remis les pieds à Pékin après en être partie deux ans auparavant avec la certitude de n’y jamais revenir, c’est toujours l’occasion d’un petit flashback, et comme le dit Coraline, ça fait du bien de se dire qu’on grandi, changé, évolué!!
Mignon tout plein ce dessin !
Et que dire des lieux attachés à des amours défuntes… ?
Comme je te comprends Hélène! Moi hélas ça ne m’arrive pas trop ce genre d’impression car j’ai grandi à l’étranger, mais je suis envahie de ce sentiment de nostalgie, d’une autre vie en regardant les photos…
Ce qui est bien s’est de se dire qu’on laisse notre trace et notre empreinte là ou on va … et ou on vit…
C’est nostalgique aujourd’hui
Récemment, j’ai ressenti une bougie de nostalgie en réalisant que j’ai passé la moitié de ma vie , loin mon enfance et les lieux qui s’y rattachent . Pourtant, ils sont là tout près , si près du coeur.
Neuf vies comme le chat, pourquoi pas…
Seulement les plus heureuses alors, je fuis des endroits connus parce qu’ils sont liés à de mauvais souvenirs comme mon lycée, devant lequel je me suis retrouvée pour l’enterrement de mon grand père en novembre (école privée, juste à côté de l’église). Bizarrement, j’ai ressenti comme un apaisement, un sentiment plus serein face à ce qui avait pu s’y passer. Tu vas dire, je pouvais relativiser mais j’étais là sur le parvis de l’église, vivant mon premier vrai deuil et rien ne s’est passé comme je le pensais, j’étais sur un nuage où je regardais le cerceuil de mon grand-père et en même temps, ce lieu tellement chargé de sentiments pour moi , étrange ….
Je pense que l’on reste la même personne mais on évolue et se retourner sur son passé, permet de se retrouver aussi, c’est parfois nécessaire pour mieux repartir de l’avant, en tout cas, c’est comme ça que je le ressens ;) .
Pareil que Londoncam… ça m’arrive assez peu ce genre de réminiscence. Mais pour la raison opposée. Mes parents vivent toujours dans la maison où je suis née (ou quasi), j’ai passé mes plus belles et régulières vacances dans l’île en face, etc. C’est mon côté bernique accrochée à son rocher breton ! ;-)
La seule fois c’est quand je retourne Outre-Manche où j’ai vécut un an. Même ma ville universitaire ne me fait pas cet effet (je savais n’y être que de passage, je ne l’ai pas vraiment investi faut croire)…
Du coup, j’ai l’impression d’avoir toujours 15 ans ! Je ne vois pas le temps passer. C’est ça il me manque peut-être ces "phases" de vie ? Drôle d’idée…
Très bizarrement, ça ne me le fait pas quand je vais chez mes parents, mais il a 2 ans, je suis passée devant la maison de ma grand-mère, (qui est à 1000 km de chez moi, la maison, mémé n’est plus là, elle) et bien, c’était tous les étés des vacances qui remontaient et c’était très dur, de voir des étrangers dans SA maison…
…alors que devant MON ancien apaprt’, ça ne me fait rien…
c’est bizarre, les sentiments…
Oui Soeur Anne, je comprends ce que tu veux dire. Mes grands-parents sont encore vivants et vaillants, mais ayant passé une bonne partie mes étés chez eux jusqu’à il n’y a pas si longtemps, le jour où la maison sera habitée par d’autres, je crois qu’au fond de moi ça me fera mal…
Moi je me fais régulièrement des "revival trip", que ce soit quand je vais faire un tour là où j’ai habité jusqu’à mes 7 ans ou quand je suis avec des cop’s avec qui j’ai partagé le collège et le lycée. On feuillette des albums de classe, des photos de vacances…et même des enregistrements de chansons complètement débiles (par exemple on avait enregistré un jour de délire une chanson intitulée YODA en "hommage" à une fille de notre classe qu’on pouvait pas encadrer et qui se tenait voûtée !! Je sais, c’est moche…mais qu’est-ce qu’on s’est marrée ce jour là !!)
Bon c’est vrai que n’ayant que 24 ans, l’enfance et l’adolescence ne sont pas très loin et je rentre régulièrement chez mes parents, donc bon…
Mais c’est vrai aussi que je ressens une vraie nostalgie quand je repense au lycée et que je vois maintenant combien mes potes se sont dispersés à travers la France (voire le monde).
Mais bon, c’est cool aussi de voir qu’on avance, qu’on fait des choses et que temps ne change rien à l’affaire, moi j’ai toujours mes moments "youpi you, j’ai 15 ans voire 12".
Je regrette juste une chose c’est que passé 18 ans, on est responsable pénalement (on prend combien pour kidnapping de nains ? 10ans, 15 ans de prison ??), peu importe qu’au moment des faits, dans notre tête on en ai eu que 13…
C’est une piste pour une réforme ça non??
Chaque fois que je pense à la maison de mes parents, je nous revois courant partout avec ma soeur dans le looong couloir, dévalant les interminables escaliers, et arpentant les champs autour de la maison (oui, c’est la vraie campagne, hein).
Chaque fois que j’y vais pour le week end, je m’aperçois avec stupéfaction que je descend l’escalier en 3 enjambées, que les champs sont riquiqui, et le couloir ridiculement petit ;-)
Tu parles que je ne suis plus la même, j’ai quand même pris au moins 1 mètre depuis ;-)))
Pour ma part, ce qui me fait le plus bizarre c’est de rêver d’endroits de mon enfance et de mon adolescence, plus drôle encore quand ils se mélangent pour ne former plus qu’un ….. ah ! Moi et mes rêves, c’est tout un poéme et ça fait bien marrer les copains quand je les raconte !
Au moins 14 ! Si, si, si ;-)
C’est très justement décrit ce sentiment. Mais il ne se matérialise que lorsqu’une rupture avec ce passé s’est produite. Une longue rupture qui sème l’oubli et l’exclusion de soi de ces vieux souvenirs, d’où l’impression de la vie d’un(e) autre.
Comme minipitou, quand je suis chez mes parents, je demande la permission pour me servir à boire ou autre…et à chaque fois ils me font la réflexion : "Mais tu es chez toi, tu fais bien comme tu veux !!"… Mais non, mon chez-moi c’est mon appart avec mon chéri… Une page est tournée.
Et à chaque fois que j’entame une nouvelle "vie", j’ai l’impression que la précédente est loin derrière moi…
Je n’ai que 25 ans et j’ai déjà l’impression d’en être à 3 vies différentes (voire 4)… Je suis pas sûre que 9 vies me suffisent à moi !!! :)
Ah oui, Hélène, ça me parle bien cette impression qu’il s’agit de quelqu’un d’autre, lorsqu’on se retourne sur son passé. Il y a quelque temps, j’ai relu un journal intime vieux de 4 ans. Je ne m’y suis pas reconnue. C’était bizarre.
Je suis née en Ethiopie et j’y ai vécu 8 ans avant d’atterir en Europe et je n’ose pas y retourner alors que j’en ai l’occasion cette année; j’ai peur de ne rien éprouver du tout…
Je connais très bien cette sensation. A chaque fois que je retourne en France, dans ma ville natale, c’est le cas….. On se revoit jouer là, on retrouve ses repères….. Nostalgie…..
-Bonjour à toutes,
-C’est exactement ça, encore une fois tu as su mettre les mots sur cette sensation si particulière… Quel talent d’auteure!!!!!!
En te lisant, des brides de mes "autres vies" m’ont traversé l’esprit, merçi pour ça, c’était très agréable.
Bonne journée à toutes.
Je trouve très émouvante la manière dont tu parles de ça…
J’ai parfois cette impression, malgré mon "jeune" âge : celui de période de la vie qui sont révolues, d’étapes qu’on a parcourues et qui sont arrivées à leur erme, comme un cycle qu’on a parcouru en entier.
Je me dis que les choses sont vraiment derrière nous lorsqu’on y pense sans trop de douleur, juste en les considérant comme un petit morceau de nous, qui constitue ce que nous sommes aujourd’hui… Un peu dans l’esprit de ce désir de "s’accepter" ou de s’aimer, d’être en paix avec soi-même.
Parfois être en paix avec son passé est aussi dur qu’être en paix avec son image, par exemple…
Merci à toutes pour vos commentaires, c’est chouette, ce que vous dits, toutes.
Je suis particlulièrement touchée par ce que tu dis, shopgirl, et le fait qu’il peut être nécessire de se retourner, de temps en temps, pour se nourrir et avancer. Je n’y avais pas vraiment pensé, et ça me parle.
Claroue sois la bienvenue ! ;-)
Il est joli ce billet. Léger et grave comme la nostalgie…
J’avais la même vision que toi Hélène mais en beaucoup moins poétique.
Je comparais ces différentes vies dans ma vie comme autant de peaux d’oignon qui au final m’ont fabriquée et font ce que je suis …
merci Hélène pour ce beau billet.
je me demande d’où vient ce chat aux queues multiples…c’est toi qui l’a dessiné?
je me retrouve pas mal dans vos commentaires, normal, quoi.
heureusement aussi que la vie se charge de nous faire évoluer. j’adorais il y a quelques temps encore le lieu de mes parents, qui n’a d’ailleurs rien d’extraordinaire. je me disais souvent que le jour où ils déménagerons, ce sera le drame pour moi.
et puis la vie a évolué, je me suis mariée. l’ambiance chez mes parents est devenue beaucoup moins drôle depuis quelques années…maintenant qu’il est question de vendre, ça me touche beaucoup moins. je pense que je vais être triste pour le village, la forêt, tous mes repères ancians mais le reste, finalement, maintenant que j’ai ma vie à moi…et heureuse, bof…
conclusion, c’est bien aussi, le présent! surtout quand il est plein d’avenir et de projets!!
Oh non teatree, je serais bien incapable de faire un dessin comme ça ! Je l’ai trouvé je ne sais plus où sur le ouèbe ;-)
Mes parents, approchant doucement de la retraite, commencent à parler de vendre leur maison. Notamment car elle est grande et sera difficile à entretenir à partir d’un certain âge… Pour le moment, c’est grosse levée de bouclier de ma part.
Mais effectivement quand j’aurai moi même construit mon propre foyer, ça me touchera peut-être moins
Et quand mes grands-parents ont quitté la maison où j’ai passé toutes mes vacances, ça m’a fait un déchirement…
Tout comme quand mes parents ont dû vendre une maison de famille où nous allions en week-end et vacances…
Il ne reste que les photos, les souvenirs… en parler avec les gens qui ont vécu aux même endroits, les mêmes moments….
(Merci Hélène de faire remonter ces sentiments…)
hou là là, ouais, le déchirement à 12 ans quand mes grands parents ont vendu leur maison! j’ai mis des années à faire le deuil…
Ma vision se rapproche plus de celle de Mamzelle Maupin. Les étapes passées de ma vie, c’est comme des peaux qui sont tombées. Du coup, elles ne m’émeuvent pas tellement.
Mais je crois comprendre ce que vous dites, vous les nostalgiques…
Rien à voir, mais plus je le regarde, plus je trouve qu’il ressemble à ma Fifi, ce piti chat joli qui illustre ton blog. Tu lui colles des yeux bleus, tu enlèves 8 queues, tu ajoutes 40000000 de longs poils à perdre par poignées dès le printemps et c’est elle!
C très vrai ca! peux pas m’empêcher de penser qd je revois qqun que je fréquentais durant l’adolescence (et qui ne me reconnais même pas!!) ou qd je revoius deslieux ou j’ai vécu il y a seulement 10 ans..j’ai vraiment l’impression que tout ca fait partie d’une autre vie vécu par qqun d’autre..des souvenirs un peu étrangers..
"les retours en arrière" peuvent être très aigu, j’en ai fait l’expérience alors que je me retrouvais avec mon fils en train de faire ses premiers pas à l’endroit exact où j’ai fait les miens. Mon corps s’en est rendu compte avant que je comprenne ce qui m’arrivait, j’ai eu physiquement un vertige… Cette expérience à été très troublante , comme si le lien du sang où-je-ne-sais-quoi existait.
Je vis dans une maison qui était celle de mes grands-parents, de mes parents…
A leur décès, je venais de quitter le nid depuis 5 mois seulement et mes frère et soeurs étaient toujours étudiants. J’ai donc réintégré la maison familiale avec celui qui était mon mari; mes 3 enfants sont nés et mes frère et soeurs ont terminé leurs études, se sont envolés à leur tour quelques années plus tard.
Cette maison me "plombe" un peu car immense et coûteuse en entretien et autres bricoles que je suis incapable de faire. Mais si je la quitte, c’est notre point de ralliement familial qui disparaît, nos souvenirs d’enfance qui s’effacent…
Apparemment, ma famille n’imagine même pas que ça puisse se produire même si j’y pense de plus en plus souvent…
Moi, c’est ma mère qui a fait le voyage, et elle a tenu à repasser dans son vieux quartier bordelais, ça fesait plus de 50 ans mais elle se souvenait toujours de sont numero d’immeuble alors qu’elle n’avait que 6 ans à l’époque. Par contre, elle était halucinée de voir que les chose avaient tant changées… Elle n’avait plus aucun repère…
quel joli billet Hélène ! Je me retrouve totalement dans ce que tu évoques, et curieusement, le ressenti est contradictoire selon les endroits, je m’explique…
Je possède deux endroits mystiques et chers à mon coeur…Tout d’abord, ma bonne ville de Lyon, dont je connais(sais) ? chaque recoin et que j’ai quitté ça fera 9 ans le 02 juin !
Moi qui avais accepté une mutation pour une année seulement, j’ai toujours l’impression d’avoir débarqué hier….Je me considère toujours comme lyonnaise quand on me demande où j’habite…Pourtant les visites sont de plus en plus espacées et les repères de plus en plus flous, pour ne pas dire inexistants ! Ben oui, une ville ça change drôlement en 9 ans !
Ce qui me chagrine le plus, c’est que ma fille ne marche pas dans mes traces…Je sais c’est con, mais ça me chagrine qu’elle n’aille pas dans l’école où j’allais, qu’elle ne connaisse pas mon quartier, etc….C’est un peu comme si elle ne me connaissait pas vraiment, comme si elle ignorait toutes ces petites choses si déterminantes qui ont fait ma vie….
Quand au second endroit, c’est le paisible hameau de villégiature au bord de la Méditerranée que j’ai fréquenté entre 0 et 17 ans.
La rupture avec l’endroit ayant été brutale, je m’étais juré de ne jamais y retourner…trop dur, trop de souvenirs…Politique de la terre brûlée….Aucun retour arrière possible !
Et le hasard m’a remis sur ces petites routes méditerranéennes depuis 2004….J’ai ainsi eu pour la première fois le sentiment que mon mari et ma fille pouvaient enfin profiter du vrai "moi". L’endroit avait à peine changé, j’ai pu revivre avec eux mes petites "madeleines" à moi !
C’est comme si je deverrouillais une porte, et je me souviens que lorsque j’y suis retournée, le odeurs, les paysages, les sensations, tout m’est revenu avec une telle force que j’ai sangloté à fendre l’âme sur les derniers kilomètres qui me séparaient de "mon" endroit !
Et puis je me suis calmée, j’ai envisagé pour la première fois de ma vie un "retour arrière" sans que cela me déstabilise…J’ai même trouvé plutôt pas mal ce retour aux sources.
J’ai réfléchi que plus jeune, je rêvais aux voyages que je ferais "plus grande", aux contrées que j’explorerais, etc….J’ai alors fait le bilan dan ma tête de tous les endroits magiques qu’il m’a été donné de visiter aux antipodes, à toutes les découvertes sur la vie, sur moi….Et je me suis dit que finalement, c’est peut être ça la vie….Explorer, et pouvoir revenir chez soi la tête et le coeur remplis de ces "ailleurs" qui nous font porter un nouveau regard sur ces lieux mystiques qui ont fait notre enfance (pour la Méditerranée)…Et à la fois, sentir son coeur saigner d’accepter enfin et avec le temps de ne jamais revenir aux sources de son enfance (Lyon), accepter le déchirement de devoir se poser "ailleurs" et tout recommencer, juste parce que c’est la vie…
C’est un magnifique commentaire la Fée Carabine, merci beaucoup !
Où nous as-tu dégoté ce petit chat joufflu ? Il est rigolo comme tout !
Oui, je vois bien ce que tu nous décris là, la vie se coupe en « périodes » et parfois, on se sent comme extérieure à ce qu’on a pourtant vécu. Comme toi, j’ai passé mon enfance dans la ville où j’habite mais il y a des lieux de mes vacances de petite fille où je ne suis jamais retournée par crainte d’une crise de nostalgie, voire de larmes ! C’est tout de même étrange comme on reste toujours attaché d’une façon ou d’une autre à l’enfance…
bonjour à toutes,
je vais bientôt avoir 21, et j’ai déja vécu à 6 endroits différents (dont 3 ans au Cameroun). C’est marrant parce que, vu que je n’ai jamais passé plus de 5 ans dans une ville, je ne ressens pas cet attachement "ici c’est chez moi", et selon les périodes je vis plus ou moins bien ce "nomadisme" : parfois j’aimerais pouvoir dire "je suis de telle région, telle ville etc", mais finalement ce côté voyageuse me plaît.
Par contre, je m’attache beaucoup aux gens qu’aux villes. Je viens d’ailleurs d’avoir des nouvelles de mon chéri-de-quand-j’avais-15 ans, ça me replonge 6 ans en arrière, à Douala, et j’en suis toute émue.
ps: moi je veux plus de 9 vies, j’en suis déjà à 6, ça ne me suffira pas…
C’est rudement touchant tout ces témoignages, un peu de douceur (et de nostalgie) dans un monde de brutes …
C’est vrai ce que tu dis…
Ce mois-ci, ma grand-mère, qui me gardait quand j’étais petite, a vendu son appartement. J’avais plein de souvenirs là-bas, impossible d’y aller et de le voir vide.
En même temps je suis dans une nouvelle région depuis 6 mois et ici, ce n’est pas "chez moi". Chez moi ce sera toujours la Bretagne, même si je ne retourne jamais y vivre…
35 déménagements en 37 ans, je serais bien en peine de choisir où retourner… Du coup, je me sens chez moi partout. Les frontières sont plus floue, la nostalgie plus diffuse.
C’est vraiment joliement écrit Hélène… Et celà me touche particulièrement, je suis je crois à la fin d’une de mes neuf vies en ce moment… Soupir…
C’ets bizarre comme chacun des ces cycles je l’associe à une zone géographique.
Enfance la Tunisie, adolescence Reims, etudiante Mulhouse: début de ma vie d’adulte premier véritable nid que je vais d’ici qqes mois laisser derrière… Et encore aujourd’huis la transition entre deux périodes de vie je la fait à 8000 km de la métropole…
Je crois que ce qui me rendrais le plus nostalgique c’est de retourner dans le sud de l’Italie là ou mon grand père avait une maison et ou j’ai passé de nombreuses vacances imergée dans ma famille italienne… Je n’y suis pas retournée depuis au moins 15 ans… papi a vendu la maison…
Mes plus insouciantes années sont surement celles que j’ai vécues en Tunisie et régulièrement en famille nous nous offrons un pélérinage juste histoire de se rapeller ce que nous étions, sentir un peu le bien être de cet endroit et combien la vie peut être douce ;-).
Surtout ce qui me touche particulièrement quand j’y retourne c’est la conscience profonde de combien un endroit peut vous construire, des pans entiers de ce que je suis sont de cet endroit: mes fondations sont en Tunisie.
Pourtant je ne suis plus la même j’ai appris depuis et je me suis aussi construite ailleurs… Finalement on ne passe pas d’une vie à l’autre, on les supperpose mais on les garde toutes en soi.
Neuf ou quatre-ving-dix-neuf, ce qui est sûr est que ces vies ne se succèdent pas de façon continue, comme si on ajoutait un fil au bout d’un autre ; ou peut-être si : mais alors le fil s’enchevêtre sur lui-même, pour former un écheveau qui nous permet des fois, sans que forcément on s’y attende, des rencontres extraodinaires avec nous mêmes, avec notre passé et nos fantômes particuliers. «Il m’arrive de plus en plus souvent : une montagne à l’horizon au bout d’une rue, un paysage urbain en tournant au coin, la façon dont le brouillard tombe, me transportent d’une ville à d’autres où j’ai vécu auparavant – me transportent pour de vrai, pendant quelques secondes ou quelques minutes, à d’autres endroits avec ce même horizon, ce même tournant, ce même brouillard. Un passage instantané à une de ces vies précédentes est créé ainsi de façon inattandue, un passage qu’un jour peut-être je ne pourrai plus inverser, ce qui me laissera perplexe, ailleurs et avec des clés dans la poche qui ne sont plus utilisables, ou plutôt qui ne le sont pas encore…» (j’ai écrit plus ou moins ça quelque part, hier soir). Hélène, un psy te ferais payer pour te conseiller probablement de retourner sur cette Île d’Arz, affronter tes fantômes, tes souvenirs, tes peurs à toi… Nous on te l’offre, gratis, ce conseil ;-)
Chaque "bout de vie" est une étape qui nous construit, qui nous permet d’appréhender la suivante, pour finalement, peut-être se trouver soi-même.
Traou, me semble-t-il avait écrit un article sur ce sujet.
Quel joli texte, et comme c’est vrai, cette impression d’etre etrangere dans des lieux qu’on a pourtant bien connus !
Moi qui ai demenage a peu pres tous les quatre ans les 15 dernieres annees, je n’ai jamais eprouve le besoin de retourner dans mes anciens "chez-moi". J’ai du retourner dans un de mes anciens quartiers il y a peu et j’ai ete etonnee de constater a quel point je l’avais oublie, faute d’y avoir repense entre-temps : ce cafe, il n’etait pas la "de mon temps", si ? Pourtant vu le style, il a l’air d’etre la depuis toujours… et cette nouvelle boutique, qu’y avait il a sa place avant ?
La nostalgie est un sentiment qui m’est a peu pres inconnu, et je ne deteste rien de plus que les reunions "d’anciens" (de college, de fac, de boulot…). J’ai toujours l’impression d’avoir change de peau depuis et l’evocation de souvenirs communs me met mal a l’aise…
En revanche je suis comme Gene, je vis en ce moment dans la maison de famille qui a vu naitre les trois generations qui m’ont precedee, et ou j’ai passe la plupart de mes vacances d’enfant. Quand il est devenu apparent que ma mere ne pouvait pas en assumer la charge, je l’ai reprise. En sachant que c’etait une operation qui n’avait pas de sens d’un point de vue financier, mais ca m’aurait vraiment fait de la peine de la voir vendue, de voir les arbres du verger coupes pour y faire pousser une nouvelle maison… Hier matin en jardinant j’ai decouvert enroule autour d’un vieil arbre un pied de vigne, vestige de la vigne de mon arriere-grand-pere ! Ces petits moments, c’est un peu comme si ceux qui m’ont precedee m’encourageaient dans mon travail. Finalement, je crois que ce sont la pierre et la terre qui me liaient a cet endroit, quelque chose de plus visceral que les souvenirs d’enfant…
Et paradoxalement, maintenant que cette maison est a moi et que j’y ai fortement imprime ma marque, je crois que si je le devais je m’en separerais plus facilement que du temps ou elle ne vivait que dans mes souvenirs.
" La nostalgie, c’est le bonheur d’être triste" Victor Hugo.
J’ai beaucoup aimé ce billet et nombre de ses commentaires. Encore une fois (mais on ne répète jamais assez les gentillesses sincères), je te remercie Hélène d’offrir ces pistes de réflexion et cet espace de dialogue. :-)
De toutes mes vies, j’espère toujours que la suivante sera plus belle que la précédente.
J’ai néanmoins une pensée particulière pour la première, celle où l’on est innocent et insouciant.
Cela me fait penser à mes premières vacances. Vacances passées à l’étranger dans la maison de mes grands parents, tout comme sophie202,. Pour ma part, je n’y suis pas retournée depuis 20 ans.
J’en crève d’y aller mais j’ai peur d’enlever toute la magie à ces souvenirs d’enfants…
Peut être un jour ….
Je comprends exactement ce que tu dis, quand on se retourne sur ce que l’on a vécu, les lieux, les évolutions et changements de carrières, à chaque fois, une page qui se tourne, c’est exactement ça !
Qui plus est, ce billet est très bien écrit, bravo !
Merci sio ! ;-)
CristL je suis comme toi, j’ai peur de faner la magie de mes lieux d’enfance…
funambuline tu es adorable ;-)
Mithra ton commentaire est très beau, je t’en remercie.
Pablo je ne crois pas qu’il s’agisse de fantômes dans ce cas précis, mais de magie fragile, comme je le disais plus haut à CristL ;-)
sophie202 ce que tu dis à propos de superposer les différentes vies, et de les porter en soi, me parle comme ce que disait shopgirl tout à l’heure.
Sur la nostalgie, y en a une jolie de Desproges:
<<La nostalgie, c’est comme les coups de soleil : ça fait pas mal pendant, ça fait mal le soir>>.
L’autre jour, j’avais rendez-vous avec mon copain et (miracle), j’étais arrivée en avance. Je me retrouve dans le quartier de mon école primaire, sachant que mes grands parents étaient dans la même rue, et que j’y mangeais tous les midis. Je regarde ma montre, j’ai du temps, je m’y "aventure".
Quand j’avais 7-8 ans, cette rue me semblait immense, absolument infranchissable. Je me rappelle que j’admirais mon vieux pépé qui l’empruntait si souvent pour aller faire les commissions ; j’ai aperçu la boulangerie d’où il nous achetait des gateaux ; j’ai revu la coiffeuse chez qui ma grand mère se rendait ; j’ai eu un sourire léger en voyant l’appartemment d’une de ses vieilles copines. Cette rue en fait fait trois pas. Mais ce n’est pas le pire…
Je savais qu’ils devaient en raser la moitié (la partie où il y avait : mon école, mon restau chinois, l’appart’ de mes grands parents) pour construire le tram. Mais le constater. Un frisson. Je me suis sentie orpheline d’une partie de mon enfance, une partie tellement heureuse…
Il y a deux aspects dans le texte et les commentaires :
– les différentes périodes d’une vie, ou l’on se sent "autre" lorsqu’on s’y repenche
– le sentiment/besoin de racine.
Ce n’est pas tout à fait pareil et par forcément lié.
Le premier correspond à des étapes, choisies ou subies, la vie qui avance, les choix qu’on fait, avec la transformation ou l’évolution de notre personnalité, de nos réflexions et choix de vie, alimentés par notre parcours et nos expériences ou rencontres.
Le second est plus ancré en soi et s’inscrit plus dans un besoin ou un désir.
J’ai également l’impression de ne pas être "la même" à chaque étape de ma vie.
Mais il y a quand même un fil conducteur (qui peut changer toutes les 2 ou 3 étapes – histoire de simplifier les choses !)
J’ai le sentiment que chaque période est "bonifié" par l’expérience, les bonheurs ou les douleurs des périodes antérieures, encore faut-il savoir/vouloir/pouvoir les voir, les affronter, les digérer, les exploiter…
J’ai eu des périodes très ‘"mal", dépression et mal-être physique … qui n’ont pu être surmontées qu’après avoir affronté des étapes anciennes … et effectivement, je ne suis plus celle de 15 ou 30 ans … mais celle que je suis ne pourrait pas être sans mes 15 ou 30 ans.
J’ai eu des périodes très "sereines" ou j’avais conscience d’avoir monté une marche, franchi une étape … une pause avant une nouvelle avancée.
Quand au besoin de racine, je pense qu’il s’incrit dans notre nature profonde. J’ai un besoin très fort de transmission.
Pas spécialement de transmission de "moi" mais plutot le sentiment de faire partie d’une lignée, d’être la résultante des autres, d’être ce que je suis grâce à ce que eux ont également été.
Je m’aperçois également que je suis à la croisée de plusieurs histoires. On dit souvent que je suis ‘la mémoire de la famille" et je sais que cela s’évanouira un jour ou l’autre…
Hélène, à mon sens, ne pas vouloir revenir sur des endroits du passé n’est pas anodin.
On a souvent peur de revenir sur des lieux ou on a souffert, ce qui peut se comprendre (alors que cela peut permettre d’exorciser la douleur et la dépasser ou l’apaiser).
Mais on a souvent peur aussi de revenir sur des lieux ou l’on a été heureux … peur que ce souvenir du bonheur ne soit qu’une illusion ?
On peut aussi avoir peur d’être déçue, de ne pas retrouver ses émotions (on ne les retrouve jamais, elles sont liées à d’autres choses en plus que le simple lieu)
Par contre, on peut avoir des surprises, faire remonter d’autres souvenirs oubliés, qui ne demandent qu’à refleurir …
Ah que la nature humaine est complexe et si pleine de ressources.
…Quelle jolie réflexion Hélène.
9 vies comme les chats… je crois qu’on peut en avoir autant qu’on veut, il suffit de le décider. On peut même en avoir plusieurs en même temps, il suffit de les inventer.
Inventer sa vie, rien de plus facile. On customise bien nos jean’s et nos sacs à mains, on peut tout à fait customiser sa vie/nos vies. :°)
Pff, j’aimerais bien que la vie soit si facile à customiser, Isabelle, mais je trouve ça bien plus compliqué, dans la réalité ;-)
plusieurs vies en même temps …
Bon, on peut avoir une double-vie (là ce soit être un peu chaud à gérer je pense, mais il y en a qui y arrive)
Sinon, des portoins de sa vie dans des cercles différents … bien sur que nous fonctionnons ainsi …
D’ailleurs, ta vie ici, celle que tu nous livres sur ce blog, n’est qu’une facette de son entité.
Comme je suppose que celle que tu livres et vis avec ta famille est également différente.
Je vois cela comme un puzzle dont chaque cercle d’intérêt n’a accès qu’à certaines pièces … alors au fil du temps, des morceaux de ce puzzle peuvent évoluer, se transformer, par étapes, et au bout de quelques années ,le puzzle entier a été fortement renouvelé ce qui fait qu’on a l’impression de ne plus avoir le même tableau …
…
Promis j’ai pas bu :-))))