« La mode m’a toujours intéressée, voire fascinée, et ce depuis que je suis toute petite.
Aussi loin que je me souvienne, j’ai été attentive aux défilés de haute couture.
Peut-être plus qu’aux cours de math à l’école (ceci expliquant sans doute cela) mais c’est une autre histoire.
Aujourd’hui encore, c’est un univers qui m’intéresse (même s’il est bien loin de mon métier). Alors quand j’ai vu la une du Elle daté du 5 novembre, le « spécial beauté », et sa phrase d’accroche
« Le maquillage qu’il faut porter (…) les snobismes qu’on va adorer… », je me suis dit « Ma fille, achète-le ! »
Comme je suis toujours très docile avec moi-même, c’est ce que j’ai fait. Et j’ai été très attentive aux « 53 clés du beauty code de l’hiver ».
Cet hiver, dixit l’article, il faut porter du fard à paupière bleu. Fort bien, j’en ai acheté un il y a deux mois. Il faut avoir les ongles manucurés en amande. Ah, erreur de ma part : à mon grand désespoir, la manucure et moi ça a toujours fait deux.
Quant aux cheveux, il faut les avoir bouclés parce que « raide is dead ». Ah ? Il va falloir que j’investisse dans une perruque alors parce qu’on ne peut pas dire que mes baguettes de tambour ressemblent à des anglaises… Surtout
que depuis quinze jours, j’ai une coupe courte genre invasion de poux au service militaire…
Et puis il faut porter du gris et des low-boots. Le gris, je n’ai pas attendu pour en mettre mais pour moi, rien ne remplacera jamais le noir. Les low-boots, je trouve ça hideux et rien ne vaut, selon moi, une jolie paire d’escarpins.
Alors, j’ai imaginé ce que serait la rue avec toutes ces femmes vêtues de gris, fardées de bleu et chaussées de bottines immondes…
Et du coup, mon Elle je l’ai regardé différemment. Oui, la mode et les tendances m’intéressent. Oui, j’aime toujours
autant les défilés annonçant les couleurs et les formes qu’il faudra porter la saison prochaine.
Mais j’ai décidé que ce n’était pas pour moi. J’achète un vêtement parce qu’il me plaît et tant pis s’il n’est pas à la mode. D’ailleurs à ce rythme-là , il faudrait vider et re-remplir ses étagères à chaque saison. Merci mais je n’ai pas épousé un milliardaire et, il faut le savoir, le congé parental, ça na paye pas.
Alors la mode oui, mais sur les podiums et dans les magazines. Pas sur moi.
Signé : Cécile de Brest »