Hélène Gordon-Lazareff était rédactrice en chef, il avait dix-huit mois d’existence et coûtait 20 francs, comptait 24 pages et le papier n’était pas glacé.
Il ? Le Elle, dont une amie m’a offert le numéro 125, daté du 13 avril 1948.
Du papier fragile, jauni, des réclames pour de la bonneterie et des patrons de jupes new look, un seul horoscope pour tous les signes et des photos people d’Edith Piaf, un encart sur le succès grandissant du Bon Marché et le témoignage d’une lectrice réchappée des griffes d’un tigre…
Je l’ai feuilleté précautionneusement, émue à l’idée qu’une femme, il y a 58 ans, avait acheté ce magazine et l’avait tenu entre ses mains, impatiente de découvrir les conseils de la semaine et les nouvelles tendances.
J’ai été étonnée de la modernité du ton, et très touchée par un article de Marcelle Ségal sur la solitude féminine.
Quels que soient les coups de sang qu’on peut avoir face à un spécial rondes mettant en scène des filles taille 38, l’énervement devant des jeans à 3000 euros, l’agacement à la lecture de diktats modeux souvent consternants, Elle est un grand journal féminin, et ça ne date pas d’hier.